avier Planty n'y va pas par quatre chemins : « Nous demandons l'annulation de ce projet qui n'a aucun sens et qui serait désastreux au plan socio-économique et écologique. » Ni plus ni moins. Ce 5 décembre, dans la salle des fêtes de Sauternes (Gironde), le président de l'ODG de Sauternes développe ses arguments devant les médias. En cause, le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV), Bordeaux-Toulouse, attendue pour 2027, qui viendrait menacer les appellations historiques que sont Sauternes et Barsac. Aucun pied de vigne de ces appellations ne sera arraché, la future ligne ne passant pas sur ces territoires. Pour autant, il y a péril en la demeure pour les sauternes et les barsac. La LGV viendrait mettre en danger ces AOC car elle porterait atteinte à leur climatologie, à travers ce qui est leur berceau écologique : la vallée du Ciron, classée Natura 2000. Carte à l'appui, Xavier Planty s'est lancé dans un cours de géographie et de météorologie, expliquant avec force détails que les AOC de Sauternes et Barsac sont totalement dépendantes de l'écosystème de la vallée du Ciron qui conditionne leur microclimat. un microclimat unique qui favorise Botrytis cinerea
UN MICROCLIMAT UNIQUE FAVORABLE AU BOTRYTIS CINEREA
« Nos vins ont une particularité. Ils ne peuvent être produits sans le champignon microscopique Botrytis cinerea, qui se développe sous l'action du brouillard et de l'humidité le matin, et du soleil l'après-midi. Ces brouillards sont directement liés à la vallée du Ciron. Les eaux de cette rivière sont plus froides que celles de la Garonne. Certes, nous avons un terroir, mais pas seulement, car il est en lien avec le microclimat. Sans l'alternance d'humidité et de soleil, il ne peut y avoir de pourriture noble, martèle Xavier Planty qui prend soin de rappeler que dans le cahier des charges de l'ODG, il est clairement établi le lien entre la rivière Ciron et le terroir. Le hic : le tracé de la LGV viendrait affecter fortement la vallée du Ciron. Le tracé de l'ouvrage coupe la rivière Ciron en trois endroits, ainsi que trente de ses affluents. Il traverse son bassin-versant sur plus de 100 km, perturbe 40 zones humides ainsi que les nappes d'eaux souterraines.
L'enquête publique devrait se terminer dans les prochaines semaines. Un rapport de synthèse sera remis au Conseil d'État qui donnera un avis au gouvernement. En attendant Xavier Planty, à la tête des 170 viticulteurs du Sauternais, et l'union des grands vins liquoreux de Bordeaux, qui réunit onze AOC, entendent bien ferrailler contre le projet. Un cabinet d'avocats va être choisi sous peu pour notamment étudier la possibilité de porter le dossier devant la cour de justice européenne. Reste un dossier qui a besoin de se muscler. Aucune étude scientifique n'est venue démontrer le lien entre le microclimat, la vallée du Ciron et les sauternes. « Nous avons des siècles d'observations, et il y a de fortes présupposées, même si scientifiquement rien n'est prouvé», rétorque Xavier Planty. Ce 5 décembre, dans la vaste salle des fêtes, les opposants au tracé semblaient bien seuls. Il leur faudra faire gonfler le nombre d'adhérents à leur cause. Pour le moment, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, CIVB, n'a fait aucune communication officielle.