n avis de la Direction générale de l'alimentation (DGAL) irrite le vignoble. Cette administration vient d'annoncer aux firmes phytosanitaires sa volonté d'étendre à tous les salariés pénétrant sur une « parcelle préalablement traitée » les obligations relatives au port d'équipements de protection individuelle (EPI) qui figurent, depuis peu, sur les étiquettes des produits phytosanitaires.
Pour l'instant, ces consignes ne s'appliquent qu'aux préparateurs et épandeurs de produits phyto. La DGAL veut les appliquer à tous les travailleurs agricoles, y compris après les délais de ré-entrée.
DES MESURES PERÇUES COMME EXCESSIVES
La filière viticole s'oppose à ce projet. En l'absence de justifications sanitaires, elle y voit un excès de prudence. « On ne comprend pas. C'est comme s'il était posé que n'importe qui, rentrant n'importe quand dans la vigne, devait obligatoirement être protégé. Que ce soit un ouvrier viticole, un randonneur? », regrette Stéphane Héraud, le président de l'Association générale de production viticole. Il a adressé un courrier au ministère de l'Agriculture demandant des éclaircissements, resté pour l'instant sans réponse.
Un tel principe de précaution serait également préjudiciable pour l'image du vignoble. Poussées à l'extrême, ces mesures pourraient amener à des vendanges manuelles effectuées en panoplie lunaire : lunettes, combinaison déperlante, gants, bottes isolantes?
DES RÈGLES QUI RESTENT À AFFINER
Julien Durand-Réville, le responsable santé de l'Union de l'industrie de la protection des plantes (UIPP), distingue deux volets dans l'avis de la DGAL : « D'une part, la protection des opérateurs, où il est pertinent et intéressant d'avoir un texte homogène, d'autre part, la protection des travailleurs, qui ne semble plus être en corrélation avec l'évaluation du risque, car elle est systématique. »
Face à ce principe de précaution, il préconise plutôt l'information des salariés afin de réduire les risques grâce à « une bonne organisation du travail et un respect des règles simples d'hygiène ».
L'UIPP demande une rencontre à l'administration (y compris la DGAL, qui prépare des normes pour ces EPI) avec le monde agricole, les fournisseurs de phytos et d'EPI, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, la MSA, etc.