quel point les salariés viticoles et les personnes résidant au coeur du vignoble sont-ils contaminés par les produits phytosanitaires ? Pour le savoir, Générations futures, Marie-Lys Bibeyran ? une salariée agricole ? et le laboratoire Kudzu Science, situé en Alsace, ont analysé les cheveux de vingt-cinq volontaires. Quinze sont des salariés viticoles travaillant dans le Médoc, dont six qui n'ont pas été exposés directement aux produits. Cinq autres sont des riverains vivant à moins de 250 mètres des vignes du Médoc. Les cinq derniers sont des témoins habitant loin du vignoble. Les experts ont recherché 35 molécules, dont 27 sont actuellement homologuées en viticulture. Mais ils ne les ont pas quantifiées.
Les résultats qui ont été publiés aujourd'hui montrent que les cheveux de tous les salariés viticoles testés contiennent des résidus de produits phytosanitaires. Et, chez eux, les experts ont retrouvé en moyenne 6,6 molécules, contre trois chez les riverains et 0,6 chez les non-professionnels habitant loin des vignes. Les cheveux d'un salarié contenaient même des traces de Diuron, un herbicide aujourd'hui interdit.
Génération future souligne également que 45 % des matières actives retrouvées sont classées cancérigènes possible en Europe ou aux États-Unis et plus de 36 % sont suspectées d'être des perturbateurs endocriniens.
Toutefois, comme le rappelle l'association écologiste, les résultats de cette enquête n'ont pas de valeur statistique significative, car l'échantillon analysé est trop faible. Elle ne prétend donc pas être parfaitement représentative de l'exposition moyenne des salariés viticoles et des riverains des vignes françaises.
Il n'empêche, pour François Veillerette, le porte-parole de Générations futures, « des distances de pulvérisation minimales par rapport aux habitations doivent être mises en place ».
Pour Marie-Lys Bibeyran : « Il faudrait durcir les règles définissant les délais de rentrée dans les parcelles traitées, passer de 48 h maximum à 48 h minimum, voire jusqu'à 72 h pour les pesticides les plus dangereux, et surtout veiller au respect strict de ces délais. » La salariée agricole demande également à ce qu'une obligation d'avertissement des dates de pulvérisation soit mise en place pour les riverains.
De son côté, l'Union des industries de la protection des plantes rappelle dans un communiqué que « présence ne veut pas dire risque », le principe des analyses effectuées étant fondé sur la détection et non sur la quantité retrouvées.
L'union insiste aussi sur le fait que dans les études réalisées par les firmes « l'exposition maximale des résidents (personnes vivant à proximité de parcelles traitées) est de l'ordre de vingt fois inférieure à une exposition professionnelle sans risque. L'exposition des promeneurs, elle, est en général de l'ordre de cent fois inférieure et il s'agit d'expositions qui sont évidemment très ponctuelles ».