« Nous prenons acte de la décision du Conseil d'État. C'est un coup dur pour nos entreprises. Nous étudions les moyens à mettre en oeuvre pour les aider à gérer cette crise. » Marie de Monte, directrice d'InterVins Sud-Est, interprofession qui regroupe dix IGP, est consternée.
Début mars, le Conseil d'État a interdit la production de 33 IGP effervescentes. Il a invalidé les articles de leurs cahiers des charges se rapportant à ces vins à la grande satisfaction de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant (FNPEC).
Or, il y a tout juste deux ans, InterVins Sud-Est a soutenu le lancement de SoMed, une marque collective de vin IGP Méditerranée effervescent. L'an dernier, 126 000 cols ont été commercialisés sous cette marque, toutes entreprises confondues. Cette année, les opérateurs tablaient sur 200 000 cols et sur 250 000 en 2016.
« On y croyait vraiment. Les entreprises et l'interprofession ont déjà investi 200 000 ? pour lancer ce nouveau produit. En pure perte. Cette décision aura un impact financier très lourd pour les entreprises », se désole Marie de Monte. Tout en soulignant que les bouteilles produites finiront bien d'une manière ou d'une autre par se retrouver sur le marché. L'IGP Méditerranée peut en effet se replier en IGP de département. Ceux qui le pourront basculeront en IGP Var, Maure ou Hautes-Alpes, bel et bien autorisées à produire des effervescents. Les autres pourront être écoulées en vin de France.
« UN PROBLÈME FRANCO-FRANÇAIS »
Même consternation à l'ODG Pays d'Oc dont la production d'effervescents a également été invalidée par le Conseil d'État. Là aussi, le marché était en pleine expansion. L'an dernier, 23 opérateurs ont commercialisé quelque 20 000 hl d'IGP Oc effervescents. Parmi eux, Castel : en 2014, ce groupe a déployé les grands moyens pour lancer un chardonnay brut et une syrah brute en rosé sous sa marque Roche Mazet d'IGP Pays d'Oc de cépages.
« C'est le marché du prosecco et du cava que nous visons avec ces produits, indique Florence Barthes, directrice générale d'InterOc, qui n'entend pas baisser la garde. Bruxelles a reconnu aux IGP le droit de produire des effervescents et a validé notre cahier des charges. Le problème est donc franco-français. Nous allons réécrire le lien au territoire, puisque c'est ce point qui pèche. »
Le nouveau cahier des charges doit être présenté le 8 avril prochain au comité national des vins IGP de l'Inao.
En attendant, la FNPEC demande aux Fraudes de veiller à l'application de la décision du Conseil d'État et au retrait du marché de toutes les bouteilles d'IGP effervescentes dont le cahier des charges a été invalidé.