« Si l'on avait pas su ce qui s'était passé, on aurait pu penser qu'un ovni s'était posé dans ma vigne », raconte Emmanuel Dubosc, un viticulteur qui exploite 20 ha de vigne à Viella (Gers). C'est grâce à un voisin qui a assisté à la scène que le vigneron a compris pourquoi, sur 2 ha de cabernet sauvignon qu'il a plantés il y a dix ans, une cinquantaine de rangs ont été pliés en deux.
Le 4 septembre dernier, un hélicoptère du cinquième régiment d'hélicoptères de combat (RHC) de Pau (Pyrénées-Atlantiques) est resté en vol stationnaire au-dessus de cette parcelle. Le souffle des pales a tout simplement plié une cinquantaine de rangs.
« Sur une partie des rangs, les piquets ? des P5 de Profil d'Alsace ? sont tordus à l'équerre et les vignes sont penchées, explique-t-il. Le raisin n'est pas tombé, mais les vignes sont les unes sur les autres. Les vendanges vont commencer en fin de semaine prochaine. Je ne vais pas pouvoir utiliser la machine. Je ne sais pas encore si je vais ramasser le raisin à la main. En cabernet sauvignon, les grappes sont petites, ça va être long. »
Plud de 5 000 euros de dégatsEmmanuel Dubosc a fait les comptes. Cent quatre pieds de vigne ont été endommagés. Il estime la perte à 60 hl qu'il ne pourra pas livrer à la coopérative Plaimont. Cela correspond à un manque à gagner de 5 000 euros. À cela s'ajoutent le rachat de piquets et la main-d'oeuvre pour les replanter sur un sol dur et caillouteux. Même s'il attend l'hiver que les ceps soient taillés, le travail va être dur.
Lorsqu'il a constaté les dégâts, Emmanuel Dubosc a tout de suite porté plainte à la gendarmerie et contacté l'armée. Cette dernière est venue sur place et n'a pas nié les faits, selon le vigneron. Un gradé a indiqué à notre confrère « Sud-Ouest » que « ce sont des choses qui arrivent fréquemment dans la zone attribuée pour les entraînements » et que l'armée a « le droit de voler très bas et très vite ».
Le vigneron précise qu'on lui a promis une indemnisation qui devrait être négociée par Groupama, son assureur, qui va également évaluer les dégâts. Mais il ne sait pas quand la procédure aboutira.
« L'armée fait souvent des manoeuvres dans le secteur, mais il y a tellement de prairies autour de mes parcelles que je ne comprends pas pourquoi l'hélicoptère s'est arrêté là, conclut Emmanuel Dubosc. Une vigne est plantée pour quarante ou cinquante ans, il vaut mieux éviter de l'endommager au bout de dix ans. »