ès les premières pages, le ton est donné. L'auteur explique que « la guerre économique se gagne d'abord dans les esprits et à ce stade, la domination culturelle de notre pays est largement battue en brèche »
... Et d'illustrer : Les guides du vin les plus lus sont anglo-saxons, le design des étiquettes se décide à Londres, ce sont des mangas japonais qui diffusent une image positive du vin à travers la planète... Pendant ce temps-là, « la France observe [...] menacée par les prévôts de lois de santé publique prônant la tolérance zéro en matière de communication sur les produits alcooliques ».
L'ouvrage s'adresse au grand public mais aussi aux professionnels. Il a le mérite d'expliquer au non-spécialiste comment fonctionne notre filière, son organisation par catégorie de vin (avec ou sans IG, AOP...). Il pointe du doigt certains de nos archaïsmes. On peut y lire, par exemple : « Le métier a beaucoup de mal à accepter son côté structuré, industriel et prévisible. Il préfère jouer sur la corde sensible de la main de l'homme - les petites cagettes des vendangeurs, le tri manuel de la récolte, le soutirage à la bougie... ».
Et d'ajouter, non sans humour : « Il y a une science très aboutie de la toile d'araignée dans les chais ». C'est cela que l'on retiendra : ce talent que Christophe Juarez a de manier à la fois la baguette et la caresse. Car on sent bien que l'auteur aime les viticulteurs français.
Son chapitre sur les « illusions perdues du vigneron » retrace les nombreuses qualités qu'est censé avoir l'homme du métier... Dans une dernière partie, Christophe Juarez récapitule les « douze travaux de Bacchus », c'est-à-dire, les gros sujets sur lequel la filière devrait travailler pour reprendre sa place au niveau mondial. On ne s'étonnera pas d'y lire qu'il faut « clarifier l'offre française », « jouer collectif », « innover »...
« France, ton vin est dans le rouge » est paru aux éditions François Bourin (262 pages). Prix : 19 ?.