n mal de reconnaissance, le chenin ? C'est ce que pensent certains producteurs angevins à l'origine du colloque, vendredi 28 août, sur l'un des cépages les plus identitaires du Val de Loire. Capable de produire des vins à bulles comme de grands liquoreux, « le chenin fait partie des rares cépages à être plus implanté en dehors de son pays d'origine », soulignait Raphaël Schirmer, géographe à l'université de Bordeaux.
Il est en effet deux fois plus présent en Afrique du Sud (18 500 ha) qu'en France (9 800 ha, dont 9 000 en Val de Loire et 500 ha en Languedoc-Roussillon, notamment à Limoux). Le chenin n'a pas été considéré comme un axe stratégique de développement par un pays, comme l'a été le malbec en Argentine, par exemple. « L'Afrique du Sud n'a pas joué le rôle de locomotive pour tirer ce cépage à l'international », poursuit Raphaël Schirmer.
Vincent Carême explique pourquoi. Ce vigneron de Vouvray participe tous les ans à des vinifications de chenin dans un domaine de 1 000 ha en Afrique du Sud. « Sur l'ensemble des surfaces, la moitié est distillée pour des brandies. La partie destinée aux vins est mal valorisée car elle est vendue en vrac. »
Et dans le reste du monde, il est en perte de vitesse, comme aux États-Unis (environ 3 000 ha) et en Argentine (2 400 ha).
LE CHENIN CÈDE LA PLACE AU CABERNET
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le vignoble était blanc. Les cépages rouges apparus à cette époque l'ont peu à peu grignoté et pèsent désormais 9 000 ha, contre 5 000 pour le chenin.
Les marchés ont évolué, et aujourd'hui, les vignerons ont besoin d'adapter leur production. « Les liquoreux sont en mutation, les secs ont besoin de reconnaissance, a analysé Patrick Baudouin, qui cherche à mieux valoriser les vins secs pour maintenir les surfaces. Il faut trouver un modèle économique pour le maintien du chenin en Anjou. » L'une des pistes serait de faire reconnaître des crus, à l'image du vignoble bourguignon. La réflexion est initiée, mais le chantier est vaste.