« Je n'avais jamais vu une attaque aussi intense. C'est une première », constate toute étonnée Stéphanie Flores-Nagant, conseillère viticole de la chambre d'agriculture de la Gironde, à l'Adar de Coutras. C'est le 11 mai dernier qu'elle a découvert le fléau : une attaque en règle et massive de black-rot sur toutes les parcelles dont elle s'occupe dans le Libournais. Du jamais vu.
« J'ai découvert les petites taches marron, typiques du black-rot, sur les feuilles. Tous les pieds sont touchés sur des feuilles de rangs 1 et 2. Mais surtout, j'ai pu observer des symptômes en coup de fusil, c'est-à-dire des feuilles criblées de taches. Ce qui veut dire que l'attaque est très forte », indique-t-elle. Dès lors, elle a préconisé des traitements antimildiou et antioïdium homologués contre le black-rot. Reste à surveiller l'évolution de l'épidémie comme le lait sur le feu.
« Nous observons nos parcelles très régulièrement. On guette l'éventuelle apparition de nouvelles taches car notre objectif, c'est de protéger à tout prix les grappes », confie-t-elle.
UN RETOUR ANNUEL DEPUIS 2013
À Lussac, Hugues Jaume, cogérant du Clos Les Hauts Martins, AOC Lussac Saint-Émilion, connaît bien la maladie. Cette propriété de huit hectares est en conversion bio. Elle a déjà été confrontée au black-rot. En 2013, sur une parcelle de 15 à 20 ares, l'attaque a été violente. « Toutes les grappes ont été atteintes. J'ai perdu un tiers de la récolte sur cette parcelle », se souvient Hugues Jaume.
L'hiver, il a brûlé de façon minutieuse les grappes et les bois touchés. Cela n'a pas empêché le black-rot de revenir en 2014. Cette fois, les grappes n'ont pas été touchées, seulement les feuilles, et toujours sur cette parcelle sensible qui a été drainée car elle est humide, un facteur déclenchant de la maladie.
INTENSIFIER LES TAITEMENTS PRÉVENTIFS
Rebelote cette année. Fin avril, Hugues Jaume a dû se rendre à l'évidence : le black-rot avait encore frappé. Cette fois, c'est presque tout son vignoble qui est contaminé. « On voit plusieurs taches sur la même feuille. Cela veut dire que l'attaque est très forte. Les parcelles de merlot et cabernet franc sont touchées. Seul le cabernet-sauvignon est épargné car son cycle végétal démarre plus tard », explique-t-il.
Dès le 30 avril, il a augmenté les doses de cuivre, passant de 200 à 250 g/ha et par traitement, en y associant 8 kg/ha de soufre. Il est intervenu deux fois en l'espace d'une semaine. Il ne s'inquiète pas outre mesure. Il préfère « rester zen », selon son expression. « Il faudra intensifier les traitements préventifs », indique-t-il. En ce moment, c'est l'épamprage que le viticulteur pratique. Du coup, Hugues Jaume est aux premières loges pour surveiller l'évolution du black-rot sur les feuilles.