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Cahors : le vignoble en route vers la hiérarchisation de l'AOC et l'intégration de l'IGP du Lot
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Cahors : le vignoble en route vers la hiérarchisation de l'AOC et l'intégration de l'IGP du Lot

Par Alexandre Abellan Le 18 septembre 2015
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Cahors : le vignoble en route vers la hiérarchisation de l'AOC et l'intégration de l'IGP du Lot
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i l'interprofession cadurcienne était une série, elle ne serait pas avare en surprises pour ponctuer ses saisons. Passée celle de l'été, soit la démission inopinée du négociant Bertrand-Gabriel Vigouroux de la présidence de l'interprofession, c'en est une autre, encore plus étonnante, que l'on trouve à rentrée : au lieu d'être divisée, la filière est unie. Sereine même, dans l'attente des vendanges 2015, qui débuteront en rouge la semaine prochaine. Oubliées les crises brutales et dissensions tenaces qui ont animé le vignoble de Cahors au cœur des années 2000. « Je n'ai jamais vu le vignoble aussi uni. On a beaucoup travaillé et fait notre auto-critique » témoigne le vigneron Maurin Bérenger, le vice-président pour la production de l'Union Interprofessionnelle des Vins de Cahors (UIVC). Une atmosphère apaisée qui a convaincu le vigneron-metteur en marché Pascal Verhaeghe de se présenter à la présidence de l'UIVC pour le négoce (cliquer ici pour en savoir plus).

 

Profitant de cette union, les deux familles souhaitent faire avancer au plus vite deux dossiers prioritaires : la hiérarchisation de l'AOC (pour concrétiser sa montée en gamme) et l'intégration de l'IGP du Lot dans la structure inteprofessionnelles (pour mutualiser la communication autour du cépage malbec). Autre dossier, déjà plus épineux, l'avenir de la convention de partenariat avec l'Interprofession des Vins du Sud-Ouest (IVSO) sera ouvert dès la fin des vendanges. Avec un bilan mitigé, ce galop d'essai devrait déboucher sur des négociations fermes entre les deux parties, l'UIVC faisant de son intégrité une « ligne rouge ».

Rédigée de concert par les deux familles, cette feuille de route cadurcienne est d'autant plus ambitieuse que la campagne 2014-2015 présente des résultats on ne peut plus contrastés pour les vins de Cahors. Les sorties de chai sont en effet tombées au niveau le plus bas de ces quinze dernières années (à 138 000 hectolitres, -12 % par rapport à 2013-2014 et -13 % par rapport à la moyenne décennale). Cette contre-performance s'expliquerait par le contre-coup de la petite récolte 2013 et les effets du repositionnement de l'AOC Cahors, délaissant les premiers prix en grande distribution au profit de la valorisation (notamment à l'export).

Commercialement : les effets encore contrastés du repositionnement

P { margin-bottom: 0.21cm; }

Au sortir de la dernière campagne, le bilan est loin d'être positif pour Cahors : les sorties de chais sont en repli, les stocks augmentent de nouveau (à 266 000 hl, +19 % par rapport à 2013-2014), la commercialisation en grande distribution chute (44 100, -10 %), comme celle en hard-discount (à 3 500 hl et 1,23 millions euros, respectivement -31 et -27 %)... Mais en même temps, le cours du vrac générique n'a jamais été aussi haut (à 135,13 euros/hl, +8 %), tandis que la valorisation en GD se maintient (à 22,6 millions euros) et que le repli du hard-discount répond à la stratégie de l'appellation : renouer avec la valorisation.

« Tout dépend de comment l'on voit les chiffres. En hectolitres, il y a déclin dû à plusieurs facteurs (notamment la petite récolte 2013 et les ruptures d'offres). Mais en valorisation, on sent le repositionnement » commente Pascal Verhaeghe. Ces résultats témoignent en effet de la montée en gamme des prix et du marché en cours à Cahors depuis le milieu des années 2000. Un objectif qui n'est pas encore atteint. « La mutation n'est pas terminée. Après la crise de 2000 à 2006*, on a un tunnel dans les ventes (plafonnant entre 150 et 170 000 hl en sortie de chai). On ne verra un retour des signes de prospérité que lorsque les gains du repositionnement structurel compenseront les pertes » résume Jérémy Arnaud, le directeur marketing de l'UIVC. Son objectif actuel n'en est que plus clair pour lui : « transformer en groupe performant un ensemble d'entreprises aux individualités marquées ».

Cette aspiration à la valorisation est soutenue par la volonté partagée de la production et du négoce de ne plus commercialiser de vins en entrée de gamme. « Il n'y a pas d'issue dans la baisse des prix » tranche Maurin Bérenger. « Il ne faut pas brader le vin, on n'installe des jeunes que si les cours sont supérieurs aux prix de revient. On n'y est pas encore... » Misant à l'export sur la stratégie de "new old world" (soit le malbec de terroir), Cahors doit encore intensifier ses efforts pour la conquête de l'export (en repli l'an dernier : 35 millions hl et 15 millions €, soit -2 et -4 %). Sans oublier la reconquête de la grande distribution nationale, annonce Pascal Verhaeghe, qui se félicite de la présence croissante des vins de Cahors moyen de gamme dans les foires aux vins d'automne.

 

 

* : Les volumes sortis de chais sont passés de 250 000 hl en 1998-1999 à moins de 150 000 hl en 2005-2006.

A Cahors, la hiérarchisation ne divise plus

P { margin-bottom: 0.21cm; } En 2002, bien malin celui qui aurait ne serait-ce qu'imaginer que le projet de hiérarchisation des crus de Cahors pourrait renaître de ses cendres. Alors porté par Alain-Dominique Perrin, en tant que président de l'UIVC, le projet avait conduit à crise institutionnelle majeure. Et un traumatisme qui reste encore profond, les propositions de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) étant à l'époque le déclassement de l'AOC de parcelles jugées médiocres. Depuis, ces parcelles se sont détournées naturellement de la production d'AOC d'entrée de gamme, optant pour une production IGP, comme s'amuse à le souligner Pascal Verhaeghe. Mais surtout, les relations avec l'INAO se sont renouées et ont permis de remettre le dossier progressivement en route.

A en croire Maurin Bérenger, l'appellation Cahors possédera un jour des grands crus. « Il y a toujours des débats, mais la hiérarchisation est aujourd'hui sur une voie opérationnelle. On va d'abord passer par l'étape intermédiaire de deux mentions de terroirs, dont les dénominations sont toujours en discussion (entre Cahors des terrasses/du plateau/du Causse et Cahors de la vallée/des coteaux) » explique-t-il. Ficelés, les projets de cahiers des charges viennent d'être soumis à l'INAO par les commissions cadurciennes. L'UIVC espère l'ouverture de la procédure d'examen début 2016, pour une validation d'ici la fin 2017 (et une mise en place pour le millésime 2018). Une fois cette première marche passée, la création de crus suivra dans les années suivantes. « Le principe est acquis, si le processus suit son cours normal » affirme, confiant, Maurin Bérenger.

Avec cette classification pyramidale, l'AOC Cahors a l'ambition de concrétiser ses efforts de repositionnement et de faciliter la distinction de ses qualités. Tout l'enjeu sera d'accompagner cette évolution pour qu'elle soit bien perçue par les consommateurs. « Les crus ne vont pas tout faire » avertit Pascal Verhaeghe, « mais pour les acheteurs, cela va affirmer la prise de conscience de notre qualité et permettre de valoriser les cours ».

Unies sous la bannière du malbec, AOP et IGP bientôt réunies dans une interprofession, l'UIVC

P { margin-bottom: 0.21cm; Alors que l'aire d'appellation Cahors affiche une surface viticole potentielle de 4 600 hectares, ce sont aujourd'hui moins de 3 500 ha qui sont effectivement revendiqués. « L'AOC Cahors n'est aussi grosse que l'on pourrait être, mais autant que l'on peut le valoriser » estime Jérémy Arnaud. Ce décalage est en effet le signe d'un transfert de production vers la catégorie de vins à IGP, notamment du Lot (mais également du Comté Tolosan). Une substitution qui s'élèverait ces derniers millésimes à 50 000 hectolitres. « C'est un moyen de diversifier sa gamme de manière intelligente » juge Pascal Verhaeghe, « avec des rendements plus élevés et un cours correct (90 à 95 €/hl), les vignerons s'y retrouvent et peuvent offrir des vins plus techniques en dégageant plus rapidement de la trésorerie ».

Cette possible diversification est vue comme une opportunité pour l'UIVC, les deux catégories étant unies par le recours au cépage malbec, mais restant bien distinctes dans leurs profils et objectifs (contraintes et valorisation pour l'AOP, liberté et rapidité pour l'IGP). De cet état d'esprit vient naturellement l'idée de la création d'un structure unique pour accueillir les deux productions, et renforcer le travail de promotion collective autour de son cépage emblématique. « A Cahors, on a tous profité de la communication interprofessionnelle sur le malbec » reconnaît ainsi Maurin Bérenger. « Les vins de pays sont d'accord, le rapprochement me paraît maintenant obligatoire et pourrait intervenir dès le début 2016 » ajoute Pascal Verhaeghe, qui estime que « les deux doivent se gérer ensemble, ce sont des vins produits par les mêmes vignerons ».

Fin de convention avec l'IVSO, heure du bilan et des premières lignes rouges

P { margin-bottom: 0.21cm; } S'achevant ce 31 décembre, la convention de partenariat entre l'IVSO et l'UIVC laisse au mieux un sentiment d'inachevé dans le vignoble cadurcien. Une déception qui n'est pas améliorée par une ardoise de cotisations encore à rembourser. Si ce galop d'essai a bien permis d'accéder à des subventions européennes, ou de mutualiser certains services (notamment la dématérialisation de la DRM), son manque d'effets commerciaux et d'impact collectif reste criant.

« C'est un échec, cela n'a pas fonctionné » constate Pascal Verhaeghe, qui explique ce rendez-vous manqué par les pressions politiques ayant conduit à un rapprochement à reculons. Mais « je me fiche du match d'hier, maintenant il faut préparer celui de demain » avance-t-il. Pour lui, « il faut tout remettre à plat d'ici janvier », restant convaincu de l'intérêt d'une bannière collective Sud-Ouest, notamment en linéaires.

« Les discussions vont s'ouvrir, d'égal à égal et dans le respect mutuel » confirme Maurin Bérenger, qui précise avoir « une ligne rouge, une ligne rouge écarlate même : l'intégrité de l'UIVC doit être préservée pour conserver sa propre dynamique, de vignoble leader. Les beaux mariages ne sont pas issus de fiançailles forcées... »

 

 

[Photos : Maurin Bérenger sur le point de vendanger à la machine ses rosés (route reliant Grézels à Pescadoires), Pascal Verhaeghe dans les chais du château du Cédre (Viré-sur-Lot), vignes de malbec ce 16 septembre 2015]

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