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Revue de presse : Un monde stérile

Par Catherine Bernard Le 03 juillet 2015
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Revue de presse : Un monde stérile
I

l semblerait maintenant que ce soit de la Chine que vienne la reconnaissance de l'origine géographique. Bayer a trouvé le fongicide qui rend les vignes stériles. L'Humanité nous offre cette semaine une nouvelle de l'écrivain Patrick Deville qui a la voix de l'enfance.

La norme de l'obscénité

De Sud-Ouest aux Echos, en passant par la RVF, la presse se félicite cette semaine de cette information délivrée par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll et le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl : « La Chine a reconnu l’indication géographique Bordeaux pour les vins ». L’avancée serait « historique ». On comprend le soulagement perceptible dans Sud Ouest : « Cette décision qui vise à offrir une protection pour les bouteilles françaises victimes de contrefaçon, était en discussion depuis 2011 ». On souscrit aux doutes émis par la RVF : « Les vins de Bordeaux enfin protégés de la contrefaçon en Chine ? ». Rêve-t-on quand on lit dans Les Echos, rubrique Entreprises et Industries : « Li Keqiang a en effet remis mardi à Manuel Valls le certificat de reconnaissance de l'appellation bordeaux ?». Comment doit-on comprendre ce qui suit : « Si 21 indications géographiques étrangères sont reconnues en Chine par l'administration en charge de la qualité et de l'inspection des produits alimentaires (AQSIQ), Bordeaux est seulement la cinquième à en bénéficier pour les vins et spiritueux après le cognac, le whisky écossais, le champagne et la Napa Valley en Californie ». Le temps où l’on se réjouit qu’une reconnaissance géographique, Bordeaux aujourd’hui, une autre demain, vienne de l’extérieur, en l’espèce la Chine, est arrivé. Nous vivons une époque obscène.

 

Le fongicide qui fait crevoter les vignes

L’alerte vient de Suisse. « Un produit fabriqué par le groupe allemand Bayer destiné au traitement des vignes aurait atteint des dizaines d'exploitations en Suisse, ainsi qu'en Autriche et en Allemagne », rapporte la RTS. « Depuis quelques jours, des dizaines de vignerons ont remarqué des malformations sur les feuilles de vigne et un blocage de la floraison. "D’une vie entière de vigneron, on n'a jamais vu de dégâts pareils!" s'exclame Stéphane Sandoz, vigneron au Domaine de La Lance à Concise (VD). Dans sa parcelle de pinot noir, 70% des grains n'ont pas été fécondés et ne donneront par conséquent rien au moment des vendanges », poursuit RTS. Il ne s’agit pas d’un vieux produit, mais au contraire d’une nouveauté : « Sur le banc des accusés, un fongicide de la multinationale Bayer, le Moon Privilege. Le produit est commercialisé depuis 2013 dans plusieurs pays d'Europe, dont la Suisse. En Suisse romande, il a surtout été vendu dans le Chablais vaudois, le Nord vaudois, et le canton de Neuchâtel. Mais aucune région viticole ne serait épargnée ». « Les vignes crevotent, les professionnels accusent », complète La Tribune de Genève. Le journaliste Laurent Aubert précise : « Le vignoble suisse n’est pas le seul à être frappé par le mal mystérieux attribué au fongicide Moon Privilege. Des ravages ont aussi été constatés en Autriche et en Allemagne, où le traitement est commercialisé sous le nom de Luna Privilege ». Le soupçon n’est pas infondé : « Lors de leurs recherches, les scientifiques d’Agroscope ont d’abord privilégié l’hypothèse d’une erreur d’utilisation ou d’une contamination par des traitements sur des parcelles agricoles voisines. Mais la multiplication des cas a permis d’éliminer ces explications et de se concentrer sur un point commun, le fongicide de Bayer ». Vitisphere a aussi mené son enquête : « Ce ne serait de plus pas la première fois que les viticulteurs suisses seraient impactés, utilisant le produit pour la troisième année. Des symptômes similaires avaient déjà été relevés l'an dernier, mais sans qu'ils en comprennent l'origine. « Les symptômes n'apparaissent que l'année suivant le traitement, explique le viticulteur suisse. Ce qui a compliqué les choses pour établir un lien entre le traitement et le symptôme...C'est à force de recouper nos calendriers de traitements que nous avons compris d'où venait le problème », poursuit celui-ci ». Que dit-on chez Bayer ? « L'heure est encore aux enquêtes de terrain et au diagnostic (…)Des « experts » de l'entreprise sont aussi en ce moment même en train de sonder les vignobles français, afin de répertorier d'éventuels dégâts. En France, une surface potentielle de 14.000 hectares est concernée par l'utilisation du fongicide ». Le service communication de l’entreprise brandit le drapeau blanc : « Trop tôt pour évoquer la question d'un éventuel dédommagement ».  Le principe de précaution est avancé. On notera que le produit destiné à lutter contre le bortritys est délicieusement nommé : « Luna privilege ».

Le vin de La Guerche

Au petit matin, tandis que l’odeur du café chatouille les narines, soudain, l’intérêt s’éveille. Noëlle Breham, la voix des lève-tôt sur France Inter lit un extrait d’une nouvelle parue dans L’humanité du jour : « Le vin de la Guerche » de l’écrivain nazairien Patrick Deville. On fait silence : « Longtemps le raisin, comme dans Rimbaud, filait ici à la plage. Les vignes couraient sur le sable au long de la Courance, modeste rivière à la limite du cours d’eau, parallèle à la Loire, cinq kilomètres plus au sud se jetant comme elle dans l’océan Atlantique, situation qui pouvait lui valoir, après tout, le titre présomptueux de fleuve ». On dresse un peu plus l’oreille, car l’histoire a le goût de l’enfance. « La vie y est paisible et lente. En ces années où le paquebot Normandie quitte les chantiers navals de Saint-Nazaire de l’autre côté de l’estuaire, et s’en va remporter le record de vitesse, le Ruban bleu de la traversée transatlantique, quatre jours trois heures et deux minutes de l’Europe à New York, depuis La Guerche chaque semaine un grand tombereau de légumes gagne le marché de Nantes au pas du cheval, une journée de voyage à l’aller et le retour le lendemain. En juin la fenaison, en juillet la moisson et en septembre les vendanges. A neuf ans, l’enfant cueille ses premières grappes. Entre les rangs se dressent les pêchers de vigne comme en Afrique les caféiers, les érythrines. Le long de la Courance l’enfant vendange le gros-Plant. Il emplit les basses de bois que les hommes chargent sur l’épaule. On mène l’attelage vers le pressoir à long fût dans la cour de la Ferme. Au soir les enfants fourbus se jettent en riant dans les vagues chaudes de l’automne ». Les vendanges sont devenus une légende qui a à son tour traversé l’Atlantique et fait chaque année encore rêver et traverser les Américains, des Etats-Unis, du Canada, et du Sud. « A table le muscadet et le gros-Plant. Noah et Baco. Les piquettes en cruchon feront passer les nourritures lourdes de l’hiver, lard et féculents. Le vin aigrelet rince les estomacs. C’est la paix, c’est la vie ». L’histoire se déroule, arrive à aujourd’hui, se finit en boucle, ainsi de la vie : « Il lève son verre et en rit, le vieil homme aux cheveux blancs et courts, au visage brûlé de soleil, aux jambes de marcheur infatigable, aux bras musculeux de gymnaste et de fermier ». 

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