lors que l'offre oenotouristique française n'a jamais été aussi dynamique, la question se pose de son rayonnement à l'étranger. Entretien avec Jean-Martin Dutour, président de la commission communication d'Interloire, sur cet enjeu dans le vignoble ligérien.
Quel est le challenge de l'offre oentouristique ligérienne à l'international ?La visibilité de l'offre française à l'international est coordonnée par Atout France. Chaque région a ses problématiques. La notre n'est pas tellement d'attirer la clientèle. Le Val de Loire est en en effet la troisième destination pour la clientèle étrangère. Classement Unesco, châteaux réputés mondialement sont autant d'éléments qui dynamise le tourisme ligérien. Notre challenge oenotouristique est donc plutôt d'insérer nos offres dans celle globale. L'oenotourisme est un bon levier pour développer à la fois la durée du séjour d'un touriste et le montant dépensé. Ces deux éléments sont de vrais arguments pour intéresser l'industrie du tourisme. Nous devons les faire valoir en local.
L'offre ligérienne peut paraître confidentielle face à des projets comme la Cité des civilisations du vin. Quelle est son identité ?
Encore une fois, notre problématique n'est pas d'attirer les touristes qui sont déjà présents dans notre région. Nous proposons des expériences à taille humaine, ce qui caractérise la Vallée de la Loire. Un couple d'américain peut facilement se retrouver à partager une andouillette avec un vigneron et sa femme, accompagnée d'un chenin. C'est le vrai intérêt de notre diversité ! Mais il faut que cette offre soit accessible aux touristes. Nous avons pour cela mis en place un label pour mettre en relief l'offre. Parmi les 3000 opérateurs dans le giron d'InterLoire, la moitié ont une vraie démarche de vente au caveau et 20% sont labellisés.
Comment l'oenotourisme renforce-t-il l'action promotionnelle ?L'oenotourisme est un support de communication fondamental. Il permet de communiquer en parlant des gens et non intrinsèquement du produit, ce qui est davantage de force à la promotion. Interloire consacre 190 000 euros pour des actions propres à l'oenotourisme. Vigne Vin et Rando constitue notre action principale. L'événement réunit 10 000 personnes et permet un rayonnement internationale de notre communication.
Au-delà de l'aspect promotionnel, l'oenotourisme est également un élément de structuration de l'offre globale. Nous sommes certains qu'intégrer la vigne et le vin dans l'offre touristique ligérienne est un levier pour valoriser notre filière.
Comment améliorer l'offre ?Le vrai challenge est de rendre l'oenotourisme économiquement viable, ce qui demande professionnalisation. L'oenotourisme change le rapport entre le vigneron et sa clientèle. Aujourd'hui, le visiteur achète en moyenne trois bouteilles, là, où auparavant, ils achetaient un tonneau. Le temps passé à expliquer le travail au vignoble et en cave n'est donc pas rémunérer de la même manière et la visite doit être payante. Ce n'est plus un travail marginal, mais au centre de l'activité. L'oenotourisme implique aussi de tenir des jours et des horaires d'ouverture, ce qui implique qu'une personne doit être présente et elle doit être productive. Ce qui implique également de tarifer les visites. Enfin, devant la multiplicité de l'offre, il faut arriver au niveau individuel à singulariser l'offre et adopter une vraie démarche marketing. Il ne s'agit pas simplement d'une course à celui qui aura les galeries en tuffeau les plus grandes ! Le discours doit être travaillé et en cohérence avec le marketing développé autour du vin.