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Wine Track : les progrès des outils et des méthodes de la traçabilité des vins
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Wine Track : les progrès des outils et des méthodes de la traçabilité des vins

Par Anne Serres Le 23 mars 2015
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Wine Track : les progrès des outils et des méthodes de la traçabilité des vins
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a Société des Experts Chimistes (SECF) a créé le forum Wine Track dont la troisième édition s'est déroulée à Beaune le 13 mars, sous l'égide du BIVB et de son président Claude Chevalier. La journée s'est organisée sous la direction de Jean-Pierre Dal Pont, président de la SECF et Claude Mordini, son vice-président, autour d'une matinée consacrée aux enjeux commerciaux et réglementaires de la traçabilité, conclue par une table ronde entre les différents intervenants. L'après-midi était consacrée aux présentations des dernières avancées sur les outils techniques de la traçabilité des vins et des matières sèches.

 

 

 

Photo : De gauche à droite : Jean-⁠Pierre Del Pont, Claude Mordini, Claude Chevalier et Michèle Guilloux-⁠Benatier

Crédit photo : Anne Serres

Contrefaçon de grands cru : un système très artisanal marqué par le trafic de matières sèches

Pour Aymeric de Clouet, Expert près la Cour d'Appel de Paris, spécialiste de la contrefaçon des vins et spiritueux, il est difficile d'estimer la part de contrefaçons qui circulent dans les ventes aux enchères. Mais « E-bay est une plate-forme où les contrefaçons sont particulièrement courantes. Sur Internet et dans les salles des ventes, on a une palette de contrefaçons qui va du parasitisme commercial, avec des imitations très grossières ; jusqu'à l'atteinte réelle à la notoriété des domaines avec des contrefaçons très bien réalisées. Les domaines y peuvent quelque chose en commençant par marquer leurs bouchons. Je consommais hier une bouteille d'un domaine bourguignon qui produit des vins qui vont de 10 à 120 €, le bouchon était seulement au nom du domaine. Il suffisait d'en changer l'étiquette pour transformer la bouteille à 10€ et la revendre 100. Les bouteilles vides, les bouchons, les étiquettes font l'objet d'un trafic intense, les restaurateurs le savent. A contrario, on entre dans une ère de suspicion qui amène des excès inverses. Récemment un responsable d'une importante maison d'enchères britannique a renvoyé au domaine un flacon qui l'avait déçu et dont il était persuadé qu'il était faux. Le domaine l'a identifié comme étant authentique. Les moyens de détection sont de plus en plus évolués, mais les méthodes de falsification aussi : je m'inquiète notamment du Coravin, qui permet de vider une bouteille sans laisser de trace sur le bouchon, le génie humain devrait permettre d'inverser le système pour lui permettre de vider puis de remplir une bouteille sans même l'ouvrir. La difficulté qui se pose pour poursuivre efficacement les contrefacteurs les plus fins est que ce sont des gens habiles, qui vivent confortablement en contrefaisant de manière artisanale 50 bouteilles de très grand cru par an, des ombres qui ne font jamais de vagues. »

 

 

La croissance des échanges internationaux de vin développe les solutions de traçabilité

« En l’an 2000, 25 % du vin consommé dans le monde était issu d’importations, cette part a dépassé en 2013 la barre des 40 % », rappelle Jean-Claude Ruf (OIV). Dans ce contexte, l'exigence de traçabilité se pose, d'abord pour une question de sécurité alimentaire puis pour des questions de transparence des pratiques commerciales, de respect des réglementations (et notamment des cahiers des charges des appellations) et enfin de respect du consommateur dans la fiabilité des informations fournies par l'étiquetage. Pour les producteurs, la traçabilité est également essentielle pour l'amélioration des processus en interne.

Les solutions de traçabilité doivent satisfaire ces multiples exigences. Christophe Chevré (directeur de l'organisme de formation des Vignerons Indépendants)  a ainsi présenté le système élaboré par les Vignerons Indépendants avec Prooftag et Autajon qui permet une identification des bouteilles et donc un suivi de ces dernières sur leur circuit commercial, en même temps qu'elle fournit au consommateur une information sur le domaine et le vin sur son téléphone mobile, sur flashage du dispositif FiberTag équipé d'un QR Code.

A l'échelle nationale, l'attention des Douanes se porte notamment sur les échanges avec la Chine et Mathias Grima, de la Direction Générale des Douanes et des Droits Indirects a présenté les progrès dans la mise en place du dispositif Aubette, un système de déclaration en ligne des bouteilles exportées vers la Chine, auquel ont accès les douaniers chinois depuis le 1er Janvier 2015 pour en vérifier l'authenticité. Pour l'instant, la mise en œuvre s'apparente à une phase de test, car elle est limitée à 17 agents des ports de Shenzen et Shanghai (les deux ports les plus importants du pays) qui peuvent accéder aux déclarations concernant l'identification des lots via le portail Prodouane. Dans un deuxième temps, les déclarations comprendront les informations logistiques sur les lots (objectif : été 2015) et à terme les certifications interprofessionnelles. « Notre philosophie est d'accompagner les exportateurs sur le marché chinois mais surtout pas d'ajouter des formalités ! » conclue Mathias Grima.

 

 

Photo : Jean-Claude Ruf, OIV

Crédits photo : Anne Serres

 

Identification de l'origine des vins : les progrès des outils de détection

Quels sont les outils qui permettent d'identifier contenus et contenant ? En ce qui concerne les vins, Bernard Medina a rappelé et mis en évidence l'intérêt des analyses isotopiques par spectrométrie de masse. La combinaison de plusieurs éléments, et notamment du strontium, du plomb et d'un certain nombre de minéraux permettent d'identifier l'origine des vins et surtout de détecter des intrus dans des groupes censés provenir d'une même région, après préconcentration et minéralisation des échantillons. Les rapports isotopiques permettent en outre d'identifier les millésimes des échantillons, en particulier avec le plomb (davantage que le strontium, donc la variation isotopique est limitée sur le millésime). Le plomb a la particularité de ne pas provenir du sol ou de la plante mais de la pollution atmosphérique. Il est notamment très utile pour détecter les vins chinois, purs ou coupés qui se prétendraient bordelais ou autre, car la pollution atmosphérique au plomb est beaucoup présente en Chine qu'en Europe, où l'essence est essentiellement sans plomb.

La résonnance magnétique nucléaire, appliquée au vin, permet quant à elle notamment de détecter les vins chaptalisés et la conformité à un groupe de référence (cépage et/ou région d'origine...). « La RMN étant reproductible, on obtient des résultats très fiables, avec une marge d'erreur inférieure à 3 %, en quinze minutes dans le cadre de protocoles standardisés totalement automatisés ». Les expériences menées sur des vins autrichiens ont permis de démasquer un vin prétendument issu de Blau Portugieser en réalité issu de Zweigelt, jugement confirmé ensuite par analyse chromatographique.

Yves le Fur a conclu les présentations consacrées à la traçabilité des vins par le compte-rendu d'une expérience menée auprès de collèges de dégustateurs professionnels et amateurs afin d'évaluer la convergence et la divergence de leur perception de l'acceptabilité d'un vin. Les dégustateurs ont du évaluer l'authenticité supposée de Vins du duché d'Uzès, dégustés à l'aveugle entre des Costières de Nîmes et des AOC Languedoc. L'expérience a conclu que les vins jugés les plus conformes à l'idée que les dégustateurs se faisaient des vins du Duché d'Uzès... n'en étaient en réalité pas issus. A l'arrivée, les résultats de la dégustation guident actuellement l'ODG dans sa réflexion sur les vins du Duché.

 

 

Photo : Bernard Medina

Crédit photo : Anne Serres

Un organisme de lutte méconnu : l'OCLAESP

Le capitaine Sébastien Nochez présente l'OCLAESP (Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et la Santé Publique) dont la mision est d'enquêter sur les affaires de contrefaçon, de fausse information sur les étiquettes... à l'échelle internationale avec la possibilité de collaborer avec Europol et Interpol et de gérer des contentieux transnationaux hors de la compétence du juge français. Cet office central est doté d'une unité d'enquête et d'une autre de renseignement. Elle s'est illustrée récemment dans l'affaire des lasagnes à la viande de cheval dont ses compétences transnationales lui ont permis de remonter la filière à travers l'Union Européenne. Les cas concernant le vin sont rares, cependant, constate le Capitaine Nochez : « Nous avons connu une affaire de faux champagne il y a deux ans, mais les atteintes qui concernent la santé publique sont rares ».

 

 

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