évisé, le Business Plan a parlé : « Cognac ne sollicite pas d'autorisations de plantation pour l'année 2015 ». Annoncée ce 26 février, au terme du conseil de bassin charentais, cette décision du viticulteur Christophe Forget (nouvellement élu président de la Fédération des Interprofessions du Bassin Viticoles Charentes-Cognac) lève une incertitude, mais se garde bien de dévoiler le secret des dieux. Car si le plan stratégique de filière a orienté cette prudente décision, son détail est encore loin d'être connu ou même finalisé à écouter le Bernard de Larquier (photo), le nouveau président du Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC), qui rappelle que les données nourrissant la révision triennale du Business Plan ne seront finalisées qu'à la fin mars (avec la clôture de la saison de distillation).
Pour les autres débouchés, le Comité Interprofessionnel des Moûts et Vins des Charentes a demandé la plantation de 400 hectares « cloisonnés jusqu'en 2030 » de vignes sans indication géographique, alors que dans le cadre de leurs plans pluriannuels de sauvegarde et de développement, les vins de Pays Charentais (IGP) et Pineau des Charentes (AOC) ont respectivement demandé 130 et 160 hectares.
Cognac : même inachevé, le Business Plan a le dernier motEn théorie, le Business Plan modélise le taux de couverture des marchés par les stocks du vignoble charentais à partir de données de production et de commercialisation. Il fournit ainsi une projection à 15 ans des équilibres entre offre et demande. Ces appréciations l'avaient amené à conclure en 2008 que le vignoble de Cognac était correctement dimensionné, puis à estimer en 2012 qu'il fallait augmenter annuellement sa surface de 1,5 %. Cette orientation avait finalement abouti à une projection (sous conditions) de 8 200 hectares supplémentaires. Un chiffre que s'est bien gardé d'évoquer en conférence de presse le viticulteur Jean-Bernard de Larquier : « ça ne veut pas dire que Cognac va mal. Mais les efforts fournis permettent de répondre aux besoins. On peut attendre un petit peu avant de nouvelles plantations*. »
Cet appel à la patience, autant qu'à la prudence, est partagé par le négoce. Vice-président du BNIC, Philippe Coste (Compagnie de Guyenne) précise également que « cette position n'est pas révélatrice de prévisions négatives. En réalité, les ventes ont baissé et se sont déplacées vers d'autres continents, ce ne sont pas les mêmes cognacs qui sont demandés (e.g. en terme d'âge). » Mais s'il n'y a pas d'urgence à planter, il y en a une à renouveler le vignoble. En Charente, l'équivalent de 8 500 hectares de vignes seraient improductifs à cause des maladies du bois, soit plus de 10 % du vignoble. Le temps que l'accroissement du vignoble vienne, Jean-Bernard de Larquier appelle ainsi les vignerons à renouveler et complanter leurs parcelles, du moins si le prochain conseil de bassin ne décide pas finalement de planter en 2016 : réponse en novembre 2015.
Autres débouchés : ambitieuses, les VSIG vont planter 400 haPrésentant à l'administration de tutelle ses demandes de plantation, le conseil du bassin viticole de Charentes-Cognac était le premier de France à utiliser les contingents de Vins Sans Indication Géographique. Année transitoire pour le régime de plantation (les droits cédant ensuite la place aux autorisations), 2015 marque l'ouverture en France de plantations dédiées aux VSIG. Nouveauté qui prend un enjeu majeur à Cognac, les vignes affectées annuellement à cette production AOC étant classées VSIG.
Représentant les autres débouchés des vignes à Cognac, le Comité Interprofessionnel des Moûts et Vins des Charentes (CIMVC) a demandé l'autorisation de planter 400 hectares de vignes (dont 300 d'ugni blanc et de colombard). Basant sa demande sur un nouveau plan stratégique, Xavier Latreuille (président du CIMVC) a l'ambition de porter à 3 000 hectares le vignoble charentais spécialisé dans les VSIG. Il annonce également travailler à la mise en place de contrats cloisonnant les productions : toute plantation en VSIG s'accompagnerait d'un engagement ferme jusqu'en 2030 (terme annoncé du régime d'autorisation). Estimant que « depuis 10 ans le fédération des mousseux est morte », Xavier Latreuille croit dans « le dynamisme d'un marché historique, alors que les approvisionnements manquent » et prêche pour la création « agronomique d'un vignoble spécialisé, à hauts rendements tout en respectant l'environnement ».
A noter que dans le cadre de leurs plans pluriannuels de développement, les vins de Pays Charentais (IGP) et Pineau des Charentes (AOC) ont respectivement demandé 130 et 160 hectares. Président du syndicat des Pineaux, Patrick Raguenaud rappelle qu'il s'agissait en quatre ans de retrouver le niveau de production du début des années 2000, avant qu'une part significative des surfaces ne gonfle le vignoble dédié aux cognacs.
[Photo : Jean-Bernard de Larquier ce 26 février au siège du BNIC, lors de la conférence de presse de la Fédération des Interprofessions du Bassin Viticoles Charentes-Cognac]
Chiffres clés : les surfaces actuelles du bassin viticoleEn 2014, le vignoble du bassin charentais est exclusivement dédié à la production d'eaux-de-Cognac. Avec 73 487 hectares (+8,3 % en dix ans), cette production représente en effet 98 % de la surface viticole. Avec 1 094 ha (-31,2 % en 10 ans), le vignoble affecté au Pineau représente 0,6 % du bassin viticole (sans compter 1 553 ha nécessaires au mutage). Les autres débouchés comptent pour 1,34 % du vignoble.