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Richard Doughty : « le marché qui progresse le plus pour les vins bio français, c'est la France ! »
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Richard Doughty : « le marché qui progresse le plus pour les vins bio français, c'est la France ! »

Par Alexandre Abellan Le 21 janvier 2015
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Richard Doughty : « le marché qui progresse le plus pour les vins bio français, c'est la France ! »
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 Vingt ans en arrière, j'aurais eu du mal à imaginer que le bio représenterait 8 % du vignoble français » s'exclame Richard Doughty, se rappelant que les vignerons bio étaient alors perçus comme des marginaux. « Ce que nous n'étions pas et ne sommes toujours pas » ajoute-t-il avec sa malice toute britannique. Vigneron à Bergerac depuis 1988 (château Richard), il préside France Vin Bio (fédération interprofessionnelle créée en 2013), la commission viticole de l'Institut Technique de l'Agriculture Biologique (ITAB). Il est surtout un incorrigible optimisme. Avant l'ouverture du salon Millésime Bio (26-28 janvier 2015 à Montpellier), il ne manque pas de superlatifs pour trouver « exceptionnellement positif » que « le marché qui progresse le plus pour les vins bio français, c'est la France ! »

Scrutant les évolutions de la filière et de ses marchés, il dresse pourtant, à l'occasion de cette interview, un portrait tout en nuance de l'avenir des vins bio. Il alterne constats concrets et confiance en l'avenir, que ce soit pour les conversions bio, la révision du cahier des charges de vinification bio et même les drosophiles.

Commercialement, comment se porte le moral des vins bio français ?

D'après les chiffres de l'Agence Bio, le marché qui progresse le plus pour les vins bio français, c'est la France ! Voilà un signe très positif, même exceptionnellement positif ! Depuis que je fais du vin, on voit que les achats diminuent, que les consommateurs vieillissent... Et on se demande si l'on ne fait pas un métier du passé. Avec cette tendance, on peut se projeter dans l'avenir. Et il faut rentrer cette mentalité dans le vignoble. Je pense, je suis même convaincu, que les pertes françaises de parts de marchés sont dues à une attitude décliniste. Il faut remplacer le défaitisme par la confiance et la prise de risque pour investir dans l'avenir.

Dans le cadre de Millésime Bio, notre espoir c'est de voir toujours plus d'acheteurs présents, et qu'ils viennent avec le désir d'acheter. Par le passé il y avait quelques curieux, mais les visiteurs étaient essentiellement des acheteurs spécialisés (pour eux le salon est incontournable). Depuis 10 ans les profils se diversifient, on voit des acheteurs qui cherchent à compléter leur gamme. On le voit dans la carte des restaurants, il y a de plus en plus de vins bio qui sont proposés en complément : c'est un signe de qualité supplémentaire.

Quel est votre état d'esprit alors que vous préparez vos échantillons pour le prochain Millésime Bio ?

Personnellement, le millésime 2014 a été plutôt sympa, les vins que nous allons présenter devraient plaire. Fin août le millésime semblait très difficile, les mois de septembre, beaux et chauds, ont mis un terme aux craintes. Ce millésime s'est bien mieux passé que 2013 (compliqué économiquement), il n'y a pas beaucoup de régions qui peuvent en être mécontentes. Dans le Sud-Est il y a eu des problèmes de pluie, mais après les vendanges. Il y a cependant un bémol à la fête pour les liquoreux, dont les vendanges ont été troublées les drosophiles, peut-être la suzuki. Ce n'est pas spécifique à la bio, mais c'est une inquiétude sanitaire pour l'avenir des raisins ramassés très mûrs. On aimerait bien approfondir le sujet par l'expérimentation. En tout cas, il ne nous semble pas opportun de raccourcir les délais pour le dernier traitement insecticide... Il y a d'autres voies, prophylactiques, mais aussi plus intrigantes, comme la décoction à l'ail qui serait un bon insectifuge.

Pour la filière bio, l'enjeu économique semble désormais être la valorisation de ses volumes. Trop de vins bio tue-t-il la valeur ajoutée du bio ?

D'après les données de France Vin Bio, les rendements en bio sont de l'ordre de 10 à 20 % inférieurs au conventionnel, pour un coût hectare légèrement supérieur. Il faut donc que le prix de vente soit supérieur pour que l'activité soit rentable. Il y a eu des inquiétudes sur les équilibres du marché : elles ne se sont pas matérialisées. Quelque chose de psychologique a dû avoir lieu... Les ventes se sont plutôt bien passées en Languedoc-Roussillon, mais en Aquitaine on ne peut pas dire que la tendance soit à l'euphorie. L'évolution de la bio en France n'a jamais suivi une progression stable. Aujourd'hui, on voit un volume de conversion qui se tasse. Mais, auparavant, il avait doublé en 3 ans ! On est passé d'un enthousiasme à une frilosité. Il y a un ralentissement de la progression, ce n'est pas un recul, mais une baisse de l'expansion. Là, on se trouve sur un palier, mais l'autre marche est pour bientôt !

Avec le développement du vignoble bio, on entend beaucoup de critiques sur ceux « n'étant pas assez bio ». Comment percevez-vous ces accusations d'opportunisme ?

Je l'entends depuis 25 ans cette rengaine des nouvelles générations considérées comme des « chasseurs de primes » par des « purs et durs ». Sur la question de ces critiques, il n'y a pas d'évolution ! Mais je rappelle que celui qui n'a aucune conviction dans la démarche, il arrête plus tôt que prévu en général.

D'autres considérent que la démarche bio s'est fourvoyée et veulent faire plus bio que bio : avec la biodynamie, les vins natures...

Je suis un partisan du pluralisme. Depuis 15 ans je produis des vins sans sulfites, et je ne dis pas pour autant que mes vins sont plus bio que ceux utilisant des sulfites. A part la tentation du clivage marketing, je ne pense pas que la diversité dans les approches des vins bio soit un handicap. Les médisances existent, mais le jeu collectif doit primer sur l'individuel.

Justement, vous êtes le président de France Vin Bio, l'interprofession française des vins bio. Comment ce nouvel outil unitaire réagit-il à la révision du cahier des charges des vins bio ?

France Vin Bio nous permet d'avoir une notion de fédération, de famille. Nous sommes conscients que les approches sont aussi différentes que les régions. Dire d'un produit « je ne l'utiliserai jamais » n'est pas la seule manière de l'évaluer. Pour le cahier des charges de vinification [NDLR : adopté en 2012], les débats avaient été compliqués... Quelque part, faire du vin bio : c'est très concret. Il est parfois très difficile d'imaginer comment on fait des vins en Crète, en Moselle... Et même en France d'ailleurs ! Je me rappelle de débats sur les sulfites. Certains souhaitaient faire comme aux Etats-Unis : un chiffre comme limite pour tous. Les producteurs de liquoreux trouvaient ça très injuste, un vigneron ne produisant que du rouge estimait tout simplement que les vins doux ne convenaient pas à la bio... Je pense que l'on a été plus respectueux des individualités en proposant plusieurs niveaux !

Actuellement, je participe activement à la révision du cahier des charges, je pense que le calendrier ne va pas s'accélérer, mais plutôt se retarder. On se rend compte qu'il faut vraiment trouver des textes où il n'y a pas deux interprétations possibles. Comme cela a été le cas avec les enzymes, où la formulation laissait la place à une interprétation psychorigide...

 

 

 

[Photos de Richard Doughty : Château Richard]

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