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Enrichissement des vins aux MCR : on fait quoi en attendant 2018 ?
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Enrichissement des vins aux MCR : on fait quoi en attendant 2018 ?

Par Anne Serres Le 19 juin 2014
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Enrichissement des vins aux MCR : on fait quoi en attendant 2018 ?
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ors du congrès de la confédération des Vins IGP de France (VinIGP), son président Michel Servage et Thierry Coste pour le Copa Cogeca étaient réunis pour une conférence consacrée aux enjeux de réglementation européenne pour un parlement européen nouvellement élu, en particulier sur l'enrichissement et la gestion des droits de plantation. A leurs côtés, de gauche à droite sur notre photo :

Eric Andrieu, parlementaire européen nouvellement réélu.

Christine Avelin, conseillère au sein du cabinet du Ministre de l'Agriculture pour la position du gouvernement français sur ces questions,

Jean-Pierre Ruf coordinateur scientifique de l'OIV pour une perspective réglementaire internationale sur ces pratiques,

Marie-Madeleine Caillet (première vice-présidente de l'Union des œnologues de France) et Christophe Marchais (directeur de la commission technique de l'UOEF) pour un éclairage technique,

 

Alors que le Sud de la France, Languedoc-Roussillon en tête, réclame avec insistance la réintroduction de l'aide à l'enrichissement par les MC/MCR, le rétablissement dans le cadre européen est exclu d'ici 2018. Que fait-on en attendant ?

Les arguments du rétablissement de l'aide à l'enrichissement par MCR

Le contexte est tendu : l'Europe est coupée en deux, entre un Nord, autorisé par principe à enrichir ses vins à la saccharose et un Sud* où cette pratique est interdite par principe et ne peut être autorisée que par exception, sur arrêté préfectoral au regard des conditions climatiques. En l'absence d'une telle décision, les vignerons des départements concernés peuvent enrichir leurs vins mais avec des MC et MCR, trois à quatre fois plus chers. cette différence de prix était compensée par une prime européenne jusqu'au 31 juillet 2012. Depuis ce n'est plus le cas, comme le prévoyait l'OCM Vin depuis 2008. L'aide à l'enrichissement par les MCR était prévue pour être transitoire. Les professionnels demandent aujourd'hui sa réintroduction pour :

pallier une inégalité de traitement entre le Nord et le Sud à l'origine justifiée par une différence de conditions climatiques. Mais comme le rappelle Michel Servage, l'enrichissement est devenu pour certaines caves du Sud une nécessité technique en dehors de tout problème climatique, lorsqu'il s'agit de produire des vins blancs secs et rosés dont le profil aromatique demande une vendange à sous-maturité, qu'il faut ensuite corriger côté alcool.

Garantir au consommateur que le vin est à 100 % issu de raisin.

Pouvoir utiliser les MCR comme un débouché des excédents viticoles, d'autant plus que les distillations subventionnées ont été supprimées par l'OCM viticole (sur le millésime 2013, entre 3 et 5 Mhl de la grosse vendange espagnole pourrait être écoulés sous forme de MCR).

 

*La chaptalisation est interdite par principe dans les vignobles relevant des Cours d'Appel d'Aix-en-Provence, Nîmes, Montpellier, Toulouse, Agen, Pau, Bordeaux et Bastia

Oui mais : la PAC c'est fait... jusqu'en 2018

Ces bonnes raisons se heurtent à un obstacle : la négociation de la Politique Agricole Commune (PAC) a eu lieu en 2013, elle s'est soldée par le rejet de l'amendement déposée par Eric Andrieu et son collègue italien, grâce auquel le Parlement Européen aurait pu réintroduire l'aide à l'enrichissement par les MCR. Mais la Commission de l'Agriculture ne l'a pas entendu ainsi et a rejeté l'amendement. La filière française se serait présentée trop tardivement et de manière pas assez organisée pour faire valoir ces arguments auprès de la ComAgri.

Et à présent « le coffre est fermé » résume Thierry Coste, et ne sera réouvert qu'en 2018. Même constat pour Eric Andrieu et Christine Avelin, avec la manifestation d'une volonté de travailler avec la filière dès aujourd'hui ou en tous cas sans attendre la fin 2017, pour se concerter et obtenir ce rétablissement.

En attendant 2018, que fait-on ?

Michel Servage rappelle que la demande de la réintroduction de l'aide européenne à l'enrichissement par moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés ne pèse pas sur le budget de l'OCM Vin puisqu'il ne s'agit pas de faire varier les enveloppes allouées aux États membres mais de leur laisser le choix d'utiliser ce type de soutien à une pratique œnologique ou à une autre.

Cet argument aura cours lors de la prochaine négociation européenne. En attendant, en tant que gestionnaire nationale de l'enveloppe viticole nationale, FranceAgriMer est à présent en première ligne. Alors que politiques et professionnels s'engageaient à Marseille à mieux se concerter, à Capendu, Narbonne et Lézignan, ce jeudi 12 juin on découvrait des actes de vandalisme et une inscription directement adressée à Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin France Agrimer : « Despey bouge. MCR ou boum ». Depuis, des messages similaires ont été retrouvés à Montpellier, visant la délégation régionale de FranceAgriMer ainsi que la direction de l’Agriculture mais aussi le syndicat des AOC du Languedoc à Saporta et Coop de France à Maurin. Le ton monte mais les représentants syndicaux appellent au calme et surtout à ne pas se tromper de cible car Jérôme Despey est un ardent défenseur du rétablissement de l'aide à l'enrichissement par les MCR.

Avant d'en arriver là, puisque le cadre européen est épuisé, Michel Servage invite les responsables français à trouver une solution nationale à l'inéquité du régime actuel et se dit prêt à lancer des recours en justice si ces solutions transitoires ne sont pas aménagées pour les vendanges comprises entre 2014 et 2018.

On attend les résultats de la rencontre entre Stéphane Le Fol et Jérôme Despey ce jeudi 19 juin.

Et les techniques soustractives ?

Elles peinent dans le match contre les techniques additives car elles supposent un lourd investissement en matériel et une réelle maîtrise technique tout en ayant pour conséquence logique une perte de volume qui rebute les caves.

Les techniques soustractives d'enrichissement (osmose inverse, évaporation sous-vide ou sous pression atmosphérique) sont coûteuses à mettre en place, malgré les aides européennes qui peuvent financer l'achat de matériel à hauteur de 40 % (pour relire notre article, cliquez ici). De plus elles ne sont pas sans incidence sur la qualité des vins et surtout, induisent une perte de volume de l'ordre de 10 % pour gagner 1° d'alcool. Enfin, elles sont techniquement inadaptées à la production de vins blancs et rosés aromatiques, notamment lorsqu'elles imposent un chauffage de la vendange et c'est notamment le cas de l'évaporation sous pression atmosphérique.

Les techniques additives permettent au contraire de gagner en volume et sont simples à mettre en œuvre. L'enrichissement à la saccharose ou chaptalisation, coûte 1€ pour un gain d'1° sur un hectolitre. L'enrichissement aux Moûts Concentrés Rectifiés (MCR) coûte 3 à 4 fois ce prix, cet écart entre le sucre et le MCR s'est d'ailleurs creusé depuis 2012 car les prix des MCR ont connu une réelle flambée. D'où la tension au vignoble sur la question du rétablissement de l'aide.

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