euxième groupe français de vins, les Grands Chais de France ont l'habitude de ne pas commenter l'actualité, préférant communiquer avec une parcimonie toute alsacienne. Président fondateur du groupe, Joseph Helfrich s'est cependant plié à l'exercice de l'interview, répondant aux questions de Vitisphere, suite à la remise de diplômes de Certification de Qualification Professionnelle à des salariés du site d'embouteillage de Landiras (racheté en 1994 à Moët et Chandon). S'il refuse de commenter l'ouverture des enquêtes chinoises anti-dumping et anti-subvention, il nous donne sa vision des vins de marque (entre qualité constante et besoins de volumes), et se penche sur la concurrence à l'export des vins français.
Alors que les premiers chiffres des exportations françaises paraissent, il semble bien que la bataille des volumes ait été perdue...Joseph Helfrich : aucune bataille n'a été perdue ! Le problème, c'est que l'on a peu de volumes disponibles, mais ce n'est pour autant qu'il y a des pertes de part de marché. Dans le monde la consommation de vins ne cesse de croître. Malheureusement, depuis deux ans nous connaissons en France de petites récoltes. Avec une production très inférieure à celle des dix dernières années, il est difficile de maintenir les chiffres à l'export... Ce sont les entrées de gamme et les vins de marque qui perdent le plus actuellement.
Cette conjoncture semble notamment profiter à des nations viticoles concurrentes, comme l'Espagne et l'Italie.Il y a toujours eu de la concurrence. La France fait partie depuis longtemps d'un environnement mondial, mais elle a des avantages à faire peser à l'export. Depuis 4 à 6 ans, nous voyons un fort développement des expéditions, en volume et valeur. Maintenant, il faut surtout espérer que la France produise du vin en volume cette année !
Sur le marché mondial, il y a de la place pour tous. L'Italie ou l'Espagne ne sont pas des concurrents... Ce qui gène vraiment, c'est que pour un marché comme la Chine, il y ait des pays qui profitent d'accord de libre échange. Alors que nos vins sont toujours taxés. Il ne faut pas que les pays européens soient défavorisés à l'export.
A ce sujet, comment jugez-vous l'ouverture des enquêtes anti-dumping et anti-subvention ?Sans commentaire.
Ces enquêtes ont-elles un effet sur l'activité des Grands Chais de France ? Peut-être une réduction des commande à cause d'une crise de confiance...
Il n'y a pas de crise de confiance, non. Le problème, c'est la paperasse. Tout ce temps que l'on passe sur des questions juridiques, on le perd pour les affaires.
La France viticole est souvent critiquée pour son manque de marques fortes. Ayant créé la première marque mondiale de vins, qu'en pensez-vous ?Nous n'avons pas créé que JP Chenet, il y a aussi Grand Sud (plus de 10 millions de cols) et Calvet (14 millions de cols, exclusivement à l'export). Il y a bien un problème des marques en France, mais à l'export il est possible de connaître le succès. Si l'on n'y croyait pas, on n'investirait pas à Landiras dans un second grand stockages des vins finis [NDLR : le stockage actuel est de 20 000 palettes] ! Et ce malgré le peu de vins... On espère une belle récolte en 2014 !
Comment jugez-vous la mode des vins aromatisés ?Cette gamme n'existe pas au niveau international. Elle est exclusivement française. Nous ne misons pas sur elle.