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Géorgie : montée en puissance d'un pays exportateur de vins
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Géorgie : montée en puissance d'un pays exportateur de vins

Par Alexandre Abellan Le 25 octobre 2013
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Géorgie : montée en puissance d'un pays exportateur de vins
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ors d'une récente visite dans les vignobles de Kakhétie, le ministre de l'Agriculture géorgien, Shalva Pipia, estimait que 2013 resterait dans les annales comme l'un des meilleurs millésimes de Géorgie. Ses services annoncent en effet des vendanges records dans ce vignoble caucasien. Une bonne nouvelle qui s'ajoute à celle du début de l'été : la réouverture des frontières russes aux vins géorgiens, fermées depuis 2006 pour raisons politico-sanitaires. Actuellement, la filière caucasienne n'en est que de plus en plus optimiste !

Les experts d'UbiFrance ne s'y trompent pas, conseillant aux « équipementiers français de la filière à s'intéresser à ce marché très prometteur ». Avec la bonne reprise de ses expéditions vers la Russie, et le dépôt de ses appellations comme marques aux Etats-Unis, la Géorgie mise sur l'export pour connaître un développement similaire à celui des pays du Nouveau Monde Viticole. Avec ses atouts, le pays a toute les chances de se placer petit à petit sur l'échiquier mondial des exportateurs du vin. Passer du potentiel à son accomplissement, tel est l'enjeu du vignoble caucasien qui se targue de plus de 8 000 millésimes.

La réouverture du marché russe : une opportunité momentanée ou un danger durable ?

Confirmé cet été, le retour des vins géorgiens dans le marché russe (leur ancien premier marché export) a tout du feuilleton géopolitique. Si les producteurs géorgiens se battent depuis 2006 pour que leurs vins ne soient plus interdits d'entrée en Russie, cette mesure de rétorsion marquant à l'époque un regain de tension entre les deux pays (ayant conduit à la guerre d'Ossétie du Sud en 2008), le président de la Géorgie, Mikheil Saakashvili, a publiquement jugé dangereuse la réouverture du marché russe aux vins géorgiens. Durant un salon professionnel du vin, il a jugé que « la menace est qu'à long terme le marché russe soit un piège pour les vins géorgiens, où nous n'avons pas de protection de nos marques et où l'on ne demande que des vins à bas prix. »

Cette déclaration, surprenante au vu des efforts de la filière géorgienne pour revenir en Russie, rappelle la jeunesse de l'Etat géorgien. Après des centaines d'années de domination « par les Perses, les Byzantins, les Mongols, les Ottomans et les Soviétiques » la Géorgie n'a en effet accédé à l'indépendance qu'en 1991, « mais l'invasion de la Russie au cours de l'été 2008 a rouvert des plaies anciennes et mal pansées » rappelle Pierre Razoux, dans son ouvrage de référence, Histoire de la Géorgie : la clé du Caucase. Dans ce contexte géopolitique, on comprend mieux les déclarations du président Mikheil Saakashvili, qui disait également compter sur les aides américaines, et non russes, pour aider la filière géorgienne à monter en gamme.

Si les vins géorgiens ne sont plus interdits d'entrée en Russie, ils restent cependant soumis aux sévères contrôles de Rospotrebnadzor, le service d'inspection du Ministère de la Santé Russe. 28 demandes géorgiennes d'exportation ont ainsi été rejetées par Rospotrebnadzor. Le gouvernement géorgien a minimisé ces refus, rappelant qu'ils ne représentaient que 4 % des demandes (633 avaient été déposées jusque là). La tension est toujours présente, alors que la filière géorgienne fait face à un boom de ses exportations. Début octobre, le ministre géorgien de l'Agriculture Shalva Pipia estimait que 9 millions de bouteilles de vins géorgiens avaient été expédiées vers la Russie. Globalement, les exportations géorgiennes d'eaux minérales (également concernées par l'embargo) et de vins ont augmenté de 70 %.

Géorgie : petit acteur viticole deviendra grand

Le bureau d'UbiFrance à Tbilissi le prédit, « acteur encore modeste sur le marché mondial du vin » la Géorgie « a pour objectif d’accroître fortement sa production quantitative et qualitative, surtout à l’exportation ». En 2011, le ministre de l'Agriculture de l'époque se donnait pour objectif de tripler les expéditions géorgiennes pour 2015. Pour se faire, la filière s'inscrit dans une forte politique d'investissements pour une rapide mise à niveau technique. Mais dans son article publié au Journal of Wine Economics, Kym Anderson (chercheuse pour l'Université d'Australie, Adelaide) précise que cette volonté politique ne passe pas que par la technologie. Selon elle, le vignoble géorgien respecte « les trois T chers au monde viticole : Terroir, Tradition et Technologie ». S'inspirant du modèle de développement à l'export des vignobles du Nouveau Monde, la filière géorgienne fait « du terroir et de la tradition les principales influences de ses modes de production », malgré « le développement des technologies et variétés exotiques » depuis 1991.

Alors que la transition rurale s'amorce, l'avenir du vin en Géorgie passera par la place du marché russe dans les exportations géorgiennes (jusqu'à 90 % des volumes exportés dans les années 1990). Selon Kym Anderson, la filière géorgienne « a été lourdement influencée par ses relations commerciales avec la Russie », comme « durant la période soviétique où seuls étaient produits les quantités maximums de vins demi-doux, souvent rouges, de faible qualité ». Avec l'embargo, « la Géorgie a pris plus de liberté », notamment avec le développement de vins plus haut de gamme. Si en 2006 les expéditions de vins géorgiens ont été divisé par deux en volumes, le prix moyen des vins exportés a nettement augmenté (augmentant de plus de 50 % en 2007 par rapport à 2005).

Il est à noter que sur le total de la production géorgienne de raisins de cuve, moins du cinquième sont vinifiés en caves particulières. Car si 30 à 40.000 tonnes de raisins sont récoltés par des producteurs de vins agréés par l'Etat, plus de 100.000 tonnes de raisins ne sont pas agréés. Cette stratégie d'apurement passe par la vinification en caves d'Etat de ces raisins médiocres, ensuite vendus en vrac. La chercheuse australienne souligne que le gouvernement géorgien créé ainsi une filière vin à deux vitesses. Achetés par l'Etat, ils sont vinifiés et vendus en vrac. « Outre les déchets financier d'une telle politique, il a un effet dissuasif pour les producteurs médiocres, qui ne voient pas la nécessité d'élever la qualité de leurs produits à un niveau commercial » juge-t-elle.

 

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[Photos : Agence Nationale du Vin Géorgien]

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