Revue de presse : Pots au vin

anité des prévisions saisonnières, tubes vinicoles, et emplettes symboliques. L’été est arrivé.

Perrette et le pot au lait

Voici venu le temps des prévisions saisonnières. Selon la traditionnelle note de l’Agreste, reprise par Vitisphere, « les vendanges françaises pourraient s'élever à 46,65 millions d'hectolitres, ce qui serait à peine supérieur à la moyenne des cinq derniers millésimes (+3 %), mais nettement plus important que l'historiquement faible récolte de 2012 (+13 %) ». Pour la première fois cependant, relève Vitisphere, ce pronostic est « qualifié d'incertain par le Service de la Statistique et de la Prospective », «  le potentiel de récolte pâtissant des conditions climatiques « froides et pluvieuses du printemps qui retardent le développement végétatif de l'ensemble du vignoble français ». Défilent dans cette brève conjoncturelle tous les phénomènes climatiques qui ont émaillé ce printemps, parmi eux, « les orages de grêle du 17 juin à Vouvray (…) et le 9 juillet à Crozes. C’était avant l’épisode orageux qui s’est abattu le 23 juillet sur la côte de Beaune, laissant, titre la RVF, « Pommard, Meursault et Volnay dans un état catastrophique ». La RVF a mis en ligne « un diaporama d’images impressionnantes ». Viti-Net dresse, de son côté, un état des lieux vignoble par vignoble et annonce « deux à trois semaines de retard pour l’ensemble des régions ». Enfin, un mois après la grêle, « Vouvray panse ses plaies », rapporte Le Figaro. « Sur les 160 producteurs à Vouvray, une cinquantaine ont vu leur vignoble détruit à plus de 70 % ». Ces derniers ont demandé « un arrêté préfectoral qui permettra l’achat des raisins entre producteurs de l’appellation ».

Saute-frontières

Le Français François Pinault se paie le domaine Araujo de Napa en Californie. « Cela porte à quatre le nombre de propriétés tombées dans l’escarcelle du millionnaire et de son fils François-Henri : Latour à Pauillac, Château Grillet en Rhône nord, Domaine d’Eugenie à Vosne Romanée et maintenant Araujo à Napa », relève Decanter. Bien évidemment, « le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais s’élève au moins à 300 000 $ l’acre (0,46ha), la vente comprenant les 38 acres (15,3ha) d’ Eisele Vineyard, bijou du domaine ». Le groupe français a l’air satisfait de son emplette. « Araujo Estate, et particulièrement Eisele Vineyard, produit de manière constante les meilleurs des vins de Napa Valley », rapporte au Wine Spectator le directeur de Château Latour, Frédéric Engerer. Le domaine avait recours aux services de l’œnologue Michel Rolland. On notera qu’il s’agit du premier investissement de Pinault à l’étranger.

Passée nettement plus inaperçue, relevée par le site de Bettane et Desseauve, l’information porte aussi et tout autant la marque d’une étape : les caves Legrand sont désormais majoritairement détenues par une famille japonaise. « Dirigé par Christian de Chateauvieux et Gérard Sibourd-Baudry, le groupe Everget est spécialisé dans la distribution des grands vins français et possède, notamment, le célèbre caviste parisisen Legrand Filles et Fils ainsi que la société Vins Rares Peter Thustrup. Le groupe était à la recherche d’un partenaire stratégique afin de poursuivre son développement en Asie. C’est désormais chose faite. Un nouvel actionnariat familial japonais, représenté par Amane Nakashima, acquiert une participation majoritaire au capital.

Amane Nakashima est présenté comme « un passionné de vins ». Le quotidien économique Les Echos publie la photo du nouvel attelage. Jean-Francis Pécresse résume le parcours de ce caviste emblématique : « Créée en 1945 par Lucien Legrand dans une échoppe d'épicerie fine 1900 - au décor resté pratiquement intact - située au 1, rue de la Banque, dotée d'une ouverture sur la galerie Vivienne, la cave Legrand Filles et Fils bénéficie d'une grosse notoriété auprès des amateurs japonais de grands vins ». Et précise : « S'il se réjouit de sa « rencontre » avec Amane Nakashima et d'une « opération qui, selon lui, valorise l'attrait du vignoble français », Gérard Sibourd-Baudry relève que toutes les solutions franco-françaises ont échoué, « en raison d'un climat économique et fiscal particulièrement défavorable à l'implication d'investisseurs français ». On notera que les investissements étrangers en aval de la filière sont rares.

Contenants et test d'été

Les marketeurs se sont emparés de la chaleur estivale pour fourguer leurs « tubes ». Le Figaro a sélectionné « 6 contenants nomades pour siroter à l’heure d’été ». On ne s’étonnera pas d’y retrouver le vin en canette Winestar qui a affolé la toile au début du mois. On appréciera le laïus tout droit sorti du communiqué de presse : «  Un marché innovant, qui augmente de 10 à 15% chaque année. Emballage le plus recyclé au monde, la cannette est 100% recyclable et contient 18,7 cl de vin pour une dégustation décomplexée ». Et que dire du «  winy bar », qui sonne comme Teddy bear ? « Pour revisiter le traditionnel bag-in-box, cette fontaine de table fait son show sur la nappe de pique-nique. Ses courbes, inspirées du fût de chêne classique, lui donnent une allure chic et design pour une dégustation au verre en toute simplicité. Pratique, sa double paroi isolante et sa pochette réfrigérante permettent de garder rosé et vin blanc au frais ». Pour changer des tests des magazines féminins que les messieurs piquent au dame, la feuille de vigne ose un test aussi engageant que les photos qui figurent sur les paquets de cigarette : « Etes-vous un super dégustateur ». Pour le savoir, il faut accepter de se livrer à une singulière. Pour cela, se munir : « de bleu de méthylène ou de colorant bleu alimentaire, d’un coton-tige, d’une pince à épiler, d’un oeillet (les petits cercles que l'on utilise pour renforcer les trous du papier perforé), d’une loupe, de mouchoirs ou d’un tissu humide ». La suite de la démystification, sur le site.