lle l’a dit, elle le fait. La Chine a ouvert lundi son enquête anti-dumping et cela fait les choux gras des medias. La toile a libéré la langue du vin. Surgissent les palmarès des mauvais vins. Wine Tourism in France propose aux internautes « un cahier de vacances de la vigne et du vin ».
Catherine Bernard
C’est le genre de sujet qui saisit la presse grand public. « Chine : début de l’enquête antidumping sur le vin européen importé », titrait cette semaine Le Parisien. Tout comme le Nouvel Obs ou Libération, le quotidien reprend une dépêche de l’AFP : « La Chine a annoncé avoir officiellement ouvert lundi une enquête antidumping sur le vin qu'elle importe de l'Union européenne. Annoncée le 5 juin, au lendemain de la décision de la Commission européenne d'instaurer des taxes provisoires sur les panneaux photovoltaïques chinois, l'enquête portera également sur les subventions au secteur vinicole dans l'UE et leur impact sur la production de vin en Chine ». On n’en connaîtra pas de sitôt les résultats : « Les investigations devraient durer un an et pourraient être, le cas échéant, prolongées de six mois ».
Néanmoins, Vitisphere nous informe que « les exportateurs ont une poignée de jours pour s’enregistrer ». A défaut de quoi, « les entreprises ne se déclarant pas pourraient être « 2 à 8 fois supérieurs aux droits imposés aux parties intéressées ». Toujours selon Vitisphere : « L'Etat français conseille donc à tous les exportateurs de se mettre en contact avec leurs interprofessions respectives, afin de remplir ces bulletins de déclarations (qui précisent les dates, volumes et valeurs d'exportations). La date de remise de ces formulaires aux interprofessions est fixée au 12 juillet 2013 ».
France 24, a de son côté préféré explorer, en direct de la Chine, les conséquences que pourraient avoir la taxe si elle entrait en vigueur. Celle-ci ne fait visiblement pas trembler Bertrand Gimenez, représentant en Chine de la maison de négoce bordelaise Bouey : « Ca peut stabiliser le marché, et éviter que certains importateurs prennent des marges trop importantes ». L’importateur Allan Zhao de Kinglad International Ltd dédramatise aussi les conséquences que pourraient entraîner une taxe de 11,8% : « Nous achèterions le vin de 12 à 14 centimes d’euros plus chers et le prix de vente augmenterait de 60 à 70 centimes d’euros, donc pour les consommateurs cela n’aurait pas une grosse influence ». On apprend surtout que les producteurs chinois vivent mal la concurrence des vins européens, et français en particulier. Chez Gracevineyard, deux millions de bouteilles, « les ventes sont en baisse depuis 18 mois. En cause, la pression sur les prix ». Enfin, Joris Zylberman, le correspondant de la chaîne en Chine estime « hautement improbable une véritable guerre du vin ». « Les hommes d‘affaires fantasment toujours sur le luxe des vins français ».
AntipalmarèsPour le meilleur ou pour le pire, Internet a débridé la langue du vin. A côté des palmarès récompensant les meilleurs vins, fleurissent les anti-palmares. Il semble que l’été soit leur saison. Ainsi, dans Rue 89, Antonin Iomi Amunategui dresse dans son blog No wine is innocent une liste des dix pires vins de l’été qualifiés de « piquette décomplexée ». Il précise d’emblée ne pas les avoir goûtés et dénonce en réalité « de vilains jajas marketés », les tubes saisonniers, cette année, « le vin aromatisé avec un poil de safran », et les « vrais faux » bio ou vins naturels, manifestement tendance. Par égard pour les élus, je vous laisse les découvrir. Jacques Berthomeau s’agace aussi dans l’une de ses chroniques quotidiennes « des rosés à peu près tous semblables, mais pires, tous délocalisables » et publie un courrier d’un producteur de rosé de Provence, Philippe Pouchin, lumineux : « Dans les années 80 avec l'apparition simultanée de l'inox italien moins cher, des groupes de froid (subventionnés : refroidissez, refroidissez disait-on alors aux caves qui ne savaient pas se servir de ces outils, il en restera toujours quelque chose) et des œnologues frais émoulus des z'écoles (deux ans seulement après le bac à l'époque) le rosé entame doucement son évolution vers ce qu'il est devenu aujourd'hui (…) Les techniciens se sont pris au jeu, les fabricants de levure et d'adjuvant aussi, le rosé est devenu : un empilement de technique ». Il conclut en ces termes : « Quand on approche son nez d'un verre de vin la seule question qui vaille est la suivante : « ce que je sens, d'où ça vient ? » si la réponse est « du raisin » alors on se trouve dans un univers d'AOP, si la réponse est : « un peu du raisin, un peu des levures, un peu des enzymes, un peu des collages un peu … » alors on est où ? ».
Devoirs de vacancesLe cahier de vacances de la vigne et du vin que propose le site Wine Tourism in France a le goût de ceux de l’enfance. On n’y est justement pas en vacances. Ce blog, préviennent les rédacteurs, « se veut une étape de vacances pour adultes perfectibles ». Allons-y. Premier jour, géo, on cale sur la question : « Une seule commune en France a deux AOC à son nom, laquelle ? ». Jour 2, français : les règles d’orthographe des noms de vin et de cépage. Indispensables à tout écrivant ou communicant du vin, elles s’avèrent rarement respectées. Jour 4, histoire : « Probus, empereur romain du 3ème siècle de notre ère a permis le développement de la vigne en Gaule (et en Hispanie). Il a en effet supprimé l’édit de l’empereur Domitien qui interdisait - par mesure de protectionnisme - la plantation de nouvelles vignes hors d’Italie. Peu de temps après, il fut massacré par ses troupes auxquelles, pour les occuper en temps de paix, il faisait planter de la vigne (le vignoble serbe de la Fruska Gora) et qui ne le supportèrent pas ». A méditer en Languedoc, premier vignoble des colons romains.




