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Henri Bour : « l’AOP Grignan-Les-Adhémar ne pourrait pas être aussi ambitieuse sans l'incident du Tricastin »
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Henri Bour : « l’AOP Grignan-Les-Adhémar ne pourrait pas être aussi ambitieuse sans l'incident du Tricastin »

Par Alexandre Abellan Le 24 mai 2012
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Henri Bour : «  l’AOP Grignan-Les-Adhémar ne pourrait pas être aussi ambitieuse sans l'incident du Tricastin »
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’Appellation d’Origine Protégée Grignan-les-Adhémar existe depuis 1973 sous le nom de Coteaux du Tricastin. Elle a été rebaptisée en 2010, suite à divers incidents qui ont fait davantage connaître la centrale de Tricastin que les vins de ses coteaux.

L’appellation la plus au nord des Côtes du Rhône Sud compte profiter de cette opportunité pour relancer sa réputation. Renouvelée et accrue par l’épreuve, l’ambition de ces vignerons est portée par un programme audacieux de remembrement des activités du vignoble. Président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) de l’AOP Grignan-les-Adhémar, Henri Bour se confie sur ce projet des 4 prochaines années.

La Région Rhône-Alpes vient d'annoncer qu'elle attribuerait une enveloppe de 350 000 ? pour le programme de développement de l'AOP Grignan-les-Adhémar. Quel est le budget de ce projet ?

Henri Bour : Lors d’un déplacement dans nos vignobles, Jean-Jack Queyranne (président du Conseil Régional Rhône-Alpes) nous a en effet confirmé qu’une telle enveloppe nous serait versée. Il s’y est engagé, mais la nouvelle ne sera officialisée qu’en juillet prochain. Dès que nous aurons eu confirmation, nous pourrons débuter notre plan d’action. Le programme de développement de l’AOP commencera donc cette année.

L’aide de la région représentera 27 % du budget de notre programme, qui est estimé à plus de 1,4 millions d’euros. 60 % du budget sera à la charge de l’ODG. Il est important de préciser que les subventions de la Région n’excluent pas des aides complémentaires. Pour le reste du financement, nous aurons recours  aux Fonds Européens Agricoles pour le Développement Rural et à d’autres intervenants.  

Quelle est la nature de ce programme de développement ?

Ce programme est vaste, son amorce devrait nous occuper pour les 4 prochaines années. Ce projet est orienté sur trois axes. Le plus conséquent est le premier, qui vise à assurer la pérennité de l’appellation Grignan-les-Adhémar. Notre appellation a une forte identité, c'est la plus septentrionale des appellations des Côtes du Rhône méridionales. Cette typicité se voit au niveau de notre encépagement, qui est dominé par la syrah et le viognier. Nous avons même imposé un pourcentage minimum pour ces variétés dans le nouveau décret d'appellation. La syrah et le viognier doivent chacun représenter au moins 30 % du vignoble. Dans le cadre du programme de développement, nous allons renforcer l’encépagement dans cette direction (les vins rouges représentent 70 % des volumes produits, les rosés 20 %).

Nous allons également redélimiter l’aire d’appellation avec l’assistance de l'Institut National des Origines et de la Qualité (INAO). Les réunions de travail sur ce sujet vont d'ailleurs commencer très prochainement. Nous voulons que notre aire d'appellation corresponde à notre positionnement qualitatif actuel. Il y a quelques années, nous avions réalisé une étude préalable de redéfinition du vignoble d'appellation. A l'époque, les surfaces reconnues auraient diminué de 15 à 20 %. La diminution serait moindre maintenant, à cause des arrachages pour raisons économiques de ces dernières années.

Dans cette continuité, nous réaliserons également une étude de terroir sur les deux prochaines campagnes. En partenariat avec l’Université du vin de la cave coopérative de Suze la Rousse (40 % des volumes produits sur l’appellation), nous allons réaliser dès cette été une centaine de fosses pédologiques. Pendant les vendanges 2012 et 2013 nous allons également échantilloner un maximum de raisins provenant de parcelles et de terroirs différents. Cela nous permettra de mettre en place une véritable bibliothèque des terroirs de l’appellation.

Les profils sensoriels de nos divers vins seront également réalisés, afin de les caractériser dans leur diversité. L'amélioration de la formation est un pan important de cet axe. Nous renforcerons l'aide que nous apportons aux caves qui connaissent des difficultés chroniques à satisfaire les tests internes à l’ODG. L'accompagnement est primordial pour faire le relai entre le savoir et la pratique. En plus de séminaires et de formations, nous accompagnerons les vignerons dans leurs actions d’amélioration qualitative. Nous aiderons également les investissements en cave allant dans ce sens.

Ces mesures sont techniques et qualitatives, mais en quoi ce premier axe du programme assure-t-il la « pérennité » de l'appellation ?

Il faut préciser que cette partie technique est complétée par une réflexion sur le développement durable. En plus d'assurer la qualité de nos vins d’appellation pour permettre sa montée en gamme, il est de notre devoir de veiller aux conséquences de nos pratiques, notamment au vignoble. La Drôme est un département très tourné vers la viticulture biologique. Nous n’allons pas pousser les vignerons à passer à l’AB, là n’est pas la question. Nous allons les accompagner pour ces thématiques particulières, notamment en incitant la lutte raisonnée, la réduction des intrants, etc.

Pour assurer la pérennité de notre appellation, il faut également se pencher sur la transmission des exploitations. Nous avons pour objectif de créer des partenariats avec de nombreux acteurs afin d'aider à trouver des repreneurs aux exploitants en fin d'activité. Je n’ai pas les chiffres, mais j’imagine que la population des vignerons de l'appellation a un âge moyen avoisinant les 45 ans. Il y a en fait deux populations distinctes parmi nos vignerons. La première est âgée et s'approche de la retraite. La seconde est constituée de jeunes exploitants, qui se sont installés durant les 10 dernières années dans le vignoble. Ces exploitations sont plutôt petites pour la région, avec des surfaces de 15 hectares. Mais leur particularité est leur tendance à développer le circuit de vente directe (qui représente 40 % de la commercialisation de l'appellation). Aujourd'hui nous avons 31 caves particulières dans l'appellation, 9 caves coopératives et 2 unions de coopératives.

Quels sont les deux autres volets de votre programme ?

Le deuxième axe concerne la valorisation des vins de l’AOP. C'est un véritable plan d'attaque marketing, adapté à notre vignoble. Nous serons en appui de nos vignerons pour la participation à des salons nationaux (Paris, Dijon...) ou à des concours internationaux. Nous développerons aussi nos relations presses vers le grand public et les professionnels, en créant publicités et outils de communication pour la grande distribution. Nous sommes aussi en pleine réflexion sur la création d’une bouteille qui serait exclusive à notre appellation.

Le troisième volet du programme est le développement de l’action locale. Nous voulons et devons mettre en avant notre AOP dans notre propre territoire. Durant 5 à 6 mois chaque année, nous recevons plus de 180 000 touristes sur notre territoire. Le développement de l’oenotourisme est d'une logique implacable. Nous allons mettre en place des animations estivales dans notre caveau collectif, et embaucher également un animateur local. Nous allons aussi aider à l’aménagement des caves particulières, au balisage routier des caveaux de dégustation, à l'entretien du patrimoine foncier viticole (cabanons, murets...). Bref, nous allons valoriser tout ce qui peut rehausser notre AOP et nous permettre de valoriser notre vin in fine.

Comment une appellation aussi petite a-t-elle pu monter un projet aussi vaste ?

Si ce projet a pu se concrétiser, c'est parce que nous avons réussi à regrouper tous nos vignerons derrière un cahier des charges exigeant et des objectifs audacieux. S’il n’y avait pas eu le changement de nom de l’appellation, il est clair que tout cela n’aurait pas été possible, ni même envisageable ! Après la fuite d’uranium de la centrale nucléaire de Tricastin en juillet 2008, nous étions en véritable dépression. Au sens propre du terme : l n’y avait plus rien sous les coteaux du Tricastin.

Cela nous a poussé à retrouver le moral et la volonté d’agir, quitte à repartir de zéro et prendre le risque d'une nouvelle dénomination. La limitation de notre appellation reste les volumes (62 226 hl en 2011, +28 % par rapport à 2010). La stratégie marketing en découle tout simplement, en se mettant à notre échelle. Mais pour jouer, nous nous donnons les moyens de notre plan d’attaque et nous misons sur nos atouts : notre terroir et l’oenotourisme.

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