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Irrigation de la vigne : des évolutions, en attendant la révolution
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Irrigation de la vigne : des évolutions, en attendant la révolution

Par Vitisphere Le 11 mai 2011
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Irrigation de la vigne : des évolutions, en attendant la révolution
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es laboratoires d'œnologie Dubernet ont organisé le 10 mai 2011 la 8e édition de la journée technique Vino Latino (groupe méditerranéen de compétences au service de la vigne et du vin). Le thème de l'année était : les vrais enjeux de l'irrigation pour la vigne et le vin en région méditerranéenne.

Les mentalités changent à la vitesse du climat

Pour Jean Natoli, président de Vino Latino, « l’irrigation est un sujet résolument et raisonnablement polémique. » Les mentalités changent, les vignerons ne prennent plus l’irrigation pour un gros mot et en font même une thématique prioritaire pour l’avenir de la viticulture (selon l’enquête européenne Winetech). Si la perception de l'irrigation a évolué, c'est que le climat continue à changer sur une lancée accélérée. Si les effets du stress thermique ne sont pas à oublier*, les limitations en eau restent une priorité à gérer. Frédéric Laget (Association Climatique de l'Hérault) rappelle que « si l’offre climatique en eau (la pluviométrie) a toujours été la plus faible quand la demande de la vigne en eau (l’évapotranspiration) était la plus forte, le moment où la demande végétale est nettement supérieure à l'offre, est passé de juillet à juin sur les dernières décennies en Hérault. » Les données climatiques deviennent inquiétantes, et rendent même alarmistes. L’évolution actuelle des températures valide le scénario le plus catastrophique du GIEC, le A2, qui d’après le modèle ARPEGE ferait du Languedoc-Roussillon l’équivalent climatique de l’Andalousie/Maghreb à l’orée de 2080. * : au-delà de 35°C les mécanismes de la photosynthèse se ralentissent et se bloquent après 40°C, d’après les professeurs Deloire et Carbonneau.

L'eau étant une ressource rare, l'irrigation doit se mettre à la précision

Actuellement, 10% de la superficie du vignoble languedocien (25 000 ha) est irriguée, ce qui en fait la première culture irriguée de la région. Après des années de décroissance, ces surfaces augmentent actuellement et l’adéquation entre les ressources en eau et l’usage qui en est fait se pose. Des projets d’augmentation de la ressource en eau irrigable existent, afin de « permettre de gommer les inégalités d’accès à l’eau sur le territoire » selon Etienne Dressayre (BRL inginérie). Le projet Aqua Domitia (encore soumis au débat public) devrait ainsi raccorder la région de Narbonne au  Rhône par le canal Philippe Lamour. Cette initiative devrait rendre moins injuste l’irrigabilité d’un domaine, qui reste soumise au hasard des possibilités de raccordement. Dans le respect de la directive cadre européenne qui vise à garantir le maitien et le bon état des ressources hydriques, le pilotage raisonné de l’irrigation de la vigne devient un objectif majeur. Hernàn Ojeda (INRA Pech Rouge) précise que les « effets de la limitation en eau de la vigne ne sont pas exclusivement négatifs. Tant que cela est modéré, cela a un impact positif sur la qualité et les rendements. Mais si cela devient excessif, il y a alors un stress hydrique qui peut entraîner des dysfonctionnements physiologiques (au niveau de la maturité des raisins), voire des impacts nocifs pour la survie même du cep. » Selon ses objectifs de production, on peut donc déterminer un optimum d’état hydrique de sa vigne durant le cycle végétatif. En complétant ce modèle par des mesures, on peut mettre en place une stratégie d’irrigation véritablement adaptée à son vignoble. De nombreux outils d’aide à la décision ont maintenant été assez expérimentées pour être utilisées. Hernàn Ojeda distingue ainsi les méthodes basées sur l’environnement du vignoble (ETR, ETP, humidité du sol par tensiométres...) et celles effectuées par observation ou mesures sur la plante (symptômes, méthode des apex, potentiel hydrique foliaire...). Cette technicité n’est pas traditionnelle dans le sud de la France et demande une vision globale de son vignoble. Comme le déclare Bruno Bourrié (domaine expérimental de La Tapy) « il faut raisonner sur l’ensemble du cycle végétatif. Y compris après la récolte, la vigne a besoin d’eau pour mettre en place ses réserves glucidiques. Ce qui n’est généralement pas pris en compte...»

Evolutions réglementaires en attente

Alors que les acteurs de la filière affichent leur volonté de dynamisme, la réglementation paraît bien figée. Depuis le décret du 6 décembre 2006, l’arrêt de l’irrigation est toujours imposé au 15 août. Et dans le cadre emblématique des appellations d’origine, obtenir un permis d’irrigation est toujours aussi difficile : il faut que l’Organisme De Gestion de l'appellation prévoit dans ses statuts la possibilité (exceptionnelle) d’irriguer, que la demande soit analysé par l’INAO, que des mesures reconnues aient été effectuées sur des parcelles de références (pluviométrie, déficit hydrique...) et que les rendements finaux ne dépassent pas les rendements fixés par l’appellation. Il est intéressant de se pencher sur la filière cousine du raisin de cuve, celle du raisin de table. Selon Bruno Bourrie, « l’irrigation y est incontournable. Comme le déficit hydrique de nos cultures est systématique, l’irrigation nous permet de rendre compatible productivité, rentabilité et profitabilité. » L’irrigation est effectivement un enjeu économique local clé, d’après Stéphanie Balsan (Chambre Agriculture Languedoc-Roussillon) « la marge brute standard des exploitations viticoles est doublée dés lors qu’il y a accès à l’irrigation. De plus, 10 emplois (dont 6 directs) sont créés dans la région pour 1 000 hectares nouvellement irriguées. » En attendant des évolutions réglementaires, il est bon de rappeler que les vignobles du Nouveau Monde ont 83% de leurs surfaces (580 000 ha) qui sont irriguées , alors que seul 10% du vignoble européen l'est. Et on ne pense même pas encore à mouiller (apport d'eau au moût/vin) comme aux Etats-Unis...

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