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Le chenin, de l'Anjou au Cap
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Le chenin, de l'Anjou au Cap

Par Vitisphere Le 02 mai 2011
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Le chenin, de l'Anjou au Cap
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e Malbec en Argentine, la Carménère au Chili,  le Tannat en Uruguay… certains cépages français, même très discrets en France, ont connu une seconde vie par delà les mers. Au point que certaines appellations hexagonales s’associent aujourd’hui à ces nouveaux pays d’accueil. On pense à Cahors et à l’Argentine, célébrant ensemble les vins noirs. Mais il est une autre variété ayant essaimé bien loin de ses terres, et depuis fort longtemps : le chenin. Et le pays en question, c’est l’Afrique qui  Sud.

De Saumur au Cap

Ce sont les Huguenots français qui ont introduit ce cépage dans la colonie du Cap, à partit de 1688.  Bon nombre d’entre eux venaient du Saumurois, et ont apporté leurs plants avec eux. Dès les débuts de la colonisation, la Compagnie des Indes Néerlandaises  a encouragé la culture de la vigne, et l’a confiée aux immigrants qui en avaient une bonne maîtrise: les Français. Ceux-ci se sont surtout installés dans la région de Paarl (et plus précisément, à Franschhoek, « le coin des Français »), mais leurs méthodes de culture et vinification ont rapidement essaimé dans toute la colonie. Le chenin trouvant ici un climat favorable, il  y a connu un développement très important, jusqu’à représenter la moitié de l’encépagement total du pays ! Aujourd’hui, ce chiffre a été ramené à 18%  ce qui en fait tout de même le plus répandu des cépages blancs. S’il a été beaucoup arraché, on le trouve encore à peu près dans toutes les régions viticoles du pays.

Au total, la moitié de la surface plantée en chenin au monde se trouve en Afrique du Sud, les 50% restants se répartissant pour moitié entre la France et les autres pays du monde. Vous avez bien lu ; on compte donc deux fois plus de chenin chez les Springboks que dans l’Hexagone : 19.400 ha contre 9.500.

Un cépage à tout faire

S’il est très courant au Cap, le chenin n’y a pas toujours bonne réputation. La faute aux rendements, principalement (on peut facilement atteindre les 250 hl ha dans les terres les plus fertiles), et au manque de "focus", comme on dit ici. Nous dirions: de définition. Sous le nom de chenin, ou de « steen » (la pierre), pour reprendre une dénomination encore courante en Afrique du Sud, on trouve ici un peu tout et son contraire.

En 2001, un groupement s'est créé, la Chenin Blanc Association of South Africa, qui vise à le réhabiliter, et qui œuvre justement pour que les vignerons retrouvent ce "focus". Ils sont déjà plus de 70 dans tout le pays. Premier succès : ils sont parvenus à convaincre bon nombre de leurs collègues de ne plus arracher leurs vieilles parcelles, comme ce fut trop souvent le cas ces vingt dernières années. Ils ont également tenté de mettre un peu d’ordre dans cette production.

Ecoutons Ken Forrester, le président de l'Association: "Nous avons dans les mains un pur sang, et nous le traitons comme une bête de somme, un cépage à tout faire, du vin de base à bas degré pour le brandy en passant par le vin doux juste bon à produire du sucre. C'est vrai qu'il se prête à beaucoup de types de vinifications, mais le chenin est un superbe cépage, on doit le respecter, trouver son style. Avec le pinotage, en rouge, le chenin est aussi pour nous une sorte d’Unique Selling Proposition ; car les gens de la Loire qui en produisent ne le vendent pas sous le nom de chenin, mais sous celui de leurs appellations".

Du style, de la définition, on en retrouve dans les vins des vignerons de l'association. La palette du chenin d’Afrique du Sud est aussi large que celle des sols (du grès au calcaire en passant par le schistes ou le granite) car le cépage est un excellent révélateur de terroir.  Les modes de culture (vieux bush-vines ou vignes hautes palissées) vinification influencent évidemment le résultat ; sec et sur le fruit, plutôt vif ou plutôt riche, barriqué, doux, botrytisé ou non, on trouve de tout aux Galeries  Springbok.  Pas tellement plus qu’en Loire, bien sûr : De Vouvray à Montlouis, de Savennières à Rochefort, il n’y a parfois qu’un gros jet de pierre, mais bon nombre de styles de vins. Oui, mais en Loire, on l’a vu, le chenin est un outil, pas un nom.

Un futur « international » ?

Toujours est-il qu’au Cap, sans doute parce qu’on a l’esprit plus marketing, on se pose la question  de l’adéquation du nom et du contenu. Pour renforcer l’efficacité de la communication, l’association recommande aujourd’hui à ses membres de s’en tenir à quatre descripteurs : « Fresh & Fruity », « Rich & Ripe – wooded », « Rich & Ripe – unwooded » et « Sweet ».

Cette mise en ordre de bataille préfigure-t-elle une offensive du chenin sur la scène internationale. Sera-t-il demain le concurrent du sauvignon ou du chardonnay ?

Il est trop tôt pour le dire. D’autres cépages sont en lice, comme l’albariño ou le grüner veltliner, qui ont pour eux l’avantage d’avoir toujours été mis en évidence dans leur pays d’origine. Mais l’Afrique du Sud  pourrait trouver plusieurs alliés pour développer l’image du chenin : l’Australie (où sa présence est attestée depuis 1870), l’Argentine, le Chili et la Nouvelle Zélande. Et qui sait, la France ? A condition bien sûr que la Loire décide de développer des alternatives au tout sauvignon sur lequel semble miser une appellation comme la Touraine, par exemple… Peut-être via les IGP. Ou les Ligériens préfèreront-ils laisser le terrain libre aux chenin d’outre mer , laisser d’autres s’exprimer au nom du chenin dont ils sont le berceau?

Par ailleurs, notons que le chenin sud-africain, vinifié sur le fruit, a de quoi séduire les palais les plus divers : il développe là bas d’étonnants nez d’agrumes et de fruits tropicaux, très intenses ; quand ses rendements sont bien maîtrisés, il présente du corps et une bonne acidité, une belle longueur, en un mot, il est très flatteur. Et dans ce style de vin (élevage court, ni barrique ni copeaux), il bénéficie d’un tarif très avantageux.

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