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Le marché mondial du vin : 2010, année des reprises?
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Le marché mondial du vin : 2010, année des reprises?

Par Vitisphere Le 02 mai 2011
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Le marché mondial du vin : 2010, année des reprises?
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n 2010, le marché mondial du vin1 se porte bien, se porte mieux!

Après les années de vaches maigres, l’ombre de la crise semble enfin s’éloigner pour tous. Alors que la consommation de vin mondiale arrête enfin sa chute, les exportations retrouvent de hauts niveaux.

« Embellie momentanée ou reprise durable? » , telle est la question. Quoiqu’il en soit, l’originalité de ces évolutions par rapport aux 15 dernières années, c’est que la reprise est principalement imputable aux pays européens et non pas à ceux du Nouveau Monde.

Les exportations reprennent du volume...

On considère le marché mondial du vin comme étant la somme des exportations de tous les pays, il atteindrait en 2010 92,1 millions d’hectolitres (MhL), soit une augmentation de 6,7% de ces échanges par rapport à 2009. En 2010, 35% de la production mondiale de vin a ainsi été exportée, la crise ayant accru la tendance des échanges de vin sous forme du vrac.

Si l’ensemble des exportations repart, les principaux pays exportateurs avaient deux stratégies durant la crise :

-  réduire le prix de leurs vins, afin d’assurer le maintien de leurs flux au détriment de leurs gains. Cette stratégie a été adoptée par l’Italie, l’Australie et le Chili, et on peut voir sur le graphique ci-dessous que ces pays ont maintenu l’accroissement de leurs volumes exportés malgré la crise ;

-  maintenir leurs prix en risquant de perdre des parts de marché. Cette stratégie adoptée par la France et de l’Espagne a fait chuter leurs volumes exportés pendant la crise, mais maintenant que la reprise du marché s’amorce globalement, les volumes sont à nouveau à la hausse.

... mais la valeur dégagée se répartit inégalement.

La reprise du marché mondial en termes de volumes exportés est incontestable. En valeur, en revanche, le rétablissement du marché en 2010 a vu les bénéfices des stratégies volumes exportés/prix de vente s’inverser.

La stratégie du maintien des prix au détriment des volumes et des parts de marché a payé pour la France, l’augmentation des ventes en valeur dépassant celle des volumes (même si les quantités exportées (13,5 Mhl selon l'OIV) sont encore inférieures de 12% à leur record de 2007). Les résultats sont plus mitigés pour l’Espagne où les exportations ont retrouvé le niveau d’avant la crise financière en volume (16,9 Mhl selon l'OIV) , mais à un niveau de valeur bien inférieur. Les commandes de vins espagnols se sont concentrées sur les vins de faibles prix, alors que dans le cas français, les régions incontournables à forte valeur ajoutée tirent les ventes en valeur vers le haut : Champagne (+22 %), Bordeaux (+17%) et Bourgogne (+16 %) en tête.

L’Italie a quant elle battu son record d’exportation en volume (22 MhL selon Rabobank, 20,6 selon les estimations de l'OIV)  tout en regagnant du terrain en valeur (3,99 milliards d'euros selon Rabobank) à la faveur de la reprise et d'une relative montée des devises du Nouveau Monde par rapport à l'euro.

Le dollar faible a cependant permis aux Etats-Unis d’augmenter leurs exportations de vins à prix élevés et déjà embouteillés. Pour l’Argentine, la croissance des ventes en volume cache une baisse des ventes de vin en vrac compensée par la progression des exportations de vins embouteillés (représentant 75% de la valeur exportée). Le marché américain est la destination de 40 % des exportations argentines.

La décroissance significative (et inquiétante) du marché anglais a eu un impact fort sur les résultats australiens et sud-africains. Par rapport à 2009, les volumes de vins exportés depuis l’Australie vers le Royaume-Uni ont chuté de 56% en volume, pour une diminution de 47,2% en valeur. Dans le cas de l’Afrique du Sud, le marché anglais (qui est son premier marché d’export) a diminué de 15% pour ses volumes de vins importés. Les résultats du Chili sont quant à eux imputables à une diminution de la quantité de vins en vrac disponible (suite à de faibles rendements et à des pertes liées au tremblement de terre de 2010), même si le prix de ce type de vin a augmenté de 25% en moyenne.

Excédents et stocks à surveiller

Face à des récoltes mondiales marquées par de fortes tendances baissières, les campagnes commerciales se raccourcissent : les vins et rosés sont achetés en hâte, les rouges aussi, dans une moindre mesure, et les opérateurs ont tendance à les stocker, ce qui raccourcit les fins de campagne. La pénurie de vin annoncée, notamment en Europe et tout particulièrement en France, se profile. Rien ne permet aujourd'hui de tabler sur un millésime 2011 particulièrement généreux en quantité, au nord comme au sud de l'équateur et la tension sur les cours du vin a toutes les chances de se maintenir.

« Perspectives » par Jean Dubos

De 1991 à 2008, la dynamiques des échanges internationaux a été marquée par une croissance les doublant (passant de 44 MhL en 1991 à 89 MhL en 2008), même si l'on note une faible régression en 2009 (86 MhL). Cet accroissement est principalement dû à :

l’essor du commerce des pays de l'hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande, Chili...), même si cette euphorie semble passer, ces pays ayant dernièrement surestimé l’essor de leurs marchés respectifs;

l’intensification des échanges au sein de l’Union Européenne. L’Europe conserve de plus sa place éminente dans le monde viticole. Son potentiel de production représente 60% du potentiel mondial et les européens consomment 57 % du vin bu dans le monde;

les mutations survenues dans l’Est européen, autant politiques qu’économiques (notamment la frénésie de l’arrache à l'époque post-soviétique...).

 

L’évolution du marché en 2010

 Avec des taux de croissance maintenant en progression dans tous les grands pays du monde et la santé retrouvée des établissements financiers, le marché évolue différemment selon les pays exportateurs.

Pour le début de la «crise», l’Observatoire Espagnol du Marché du Vin  indique, en comparant la période avril 2009-mars 2010 à celle qui la précède d’un an, une progression des exportations de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Australie et surtout du Chili, mais un recul de ces exportations pour d’autres pays (Espagne, France, Portugal, Argentine, Etats-Unis). Il en résulte une faible croissance du marché international (0,8%). Nous disposons de données plus récentes sur nombre de grands marchés. Elles confirment la croissance des exportations dans les pays précités (Italie +7%, Chili +5,7%) et la régression du marché argentin pour les moûts essentiellement. Nous enregistrons aussi la baisse des exportations sud-africaines (-4,8%) et leur progression en Nouvelle-Zélande. En définitive, les résultats de ces dernières années confirment un regain des exportations en volume dans le monde, mais, en contrepartie une baisse des prix moyens des vins exportés pour presque tous les pays (à l’exception du Chili) souvent nette (-5% pour l’Espagne, -13% pour l’Italie).

Cette baisse provient en partie de l’accroissement des expéditions de vin en vrac au détriment des ventes en bouteilles (excepté pour le Chili) mais en partie aussi de la dépréciation du produit. Au total, on peut estimer que les échanges internationaux en 2010 ont progressé (de plus de 1%) en volume mais régressé nettement en valeur. Ainsi la reprise économique s’accompagne-t-elle d’un regain d’activité du marché international qui ne s’inscrit pas dans son bilan financier.

 

« Réflexions sur l’avenir »

La baisse des prix des vins sur le marché international devrait permettre le maintien ou l’accroissement de leur consommation dans les pays -ou certains des pays- importateurs nets. Mais la répartition des revenus des ménages est, dans nombre d’entre eux, de plus en plus inégalitaire, et l’accroissement des prix des biens de première nécessité (alimentation de base en particulier) peut peser sur les budgets de ceux des ménages qui sont peu fortunés, souvent au détriment de leur consommation de vin, même avec des prix en baisse.

 

La baisse des prix à l’exportation, qui a une particulière importance dans les pays qui ont étendu leur viticulture avec pour premier objectif le développement de leurs exportations (principalement Australie, Nouvelle-Zélande, Argentine) affecte les bilans des entreprises viticoles, qui doivent subir une hausse des coûts des facteurs de production, en raison du renchérissement de l’énergie et des matières premières. Cette analyse concerne aussi les grands pays viticoles ouest-européens (Espagne, France, Italie) où la baisse de la consommation interne n’est que partiellement compensée par la régression de la surface viticole, et pour lesquels les exportations sont vitales.

 

Le comportement des institutions financières, à l’origine de la crise a peu évolué. La séparation entre banques d’affaires et banques d’escompte de crédit, souhaitée par le gouvernement américain, ne se dessine pas, les propositions de lutte contre la spéculation  et la taxation des flux financiers présentées par la France n’ont pas été retenues par les membres du G20 et la titrisation (NDLR : transfert sous la forme de titres d'actifs financiers) qui permet la circulation de « produits » financiers composés de créances d’état sanitaire variable sur la planète n’a pas été mis en cause.

 

Par ailleurs, les taux de change des grandes monnaies constituent des instruments stratégiques pour les pays, et des sources de préoccupation pour les entreprises exportatrices et importatrices. Leurs plans sont perturbés par la volatilité de ces monnaies, aggravée par l’insuffisante cohérence des politiques des banques centrales, qui ont le pouvoir de réguler dans un pays ou une union économique, la masse monétaire et le coût du crédit pour les entreprises. Ainsi, dans les pays qui investissent dans la croissance de leurs vignobles pour développer leurs exportations, le calcul économique des entreprises à moyen et long termes est-il aléatoire. Dans ce contexte, il est difficile de se prononcer sur l’évolution du marché international du vin.

Notes

1 : au sens de l’OIV, soit les «produit issu de la fermentation de raisins ou de jus de raisins frais» on ne traitera donc pas des jus et moûts non fermentés, ou des produits obtenus par transformation du vin (eaux-de-vie, vermouths, vinaigres...).

 

2 : ces données 2010 sont issues de l’OIV et sont, actuellement, à prendre avec les pincettes du « provisoire » qui leur est accolé.

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