ors des derniers Entretiens Vigne Vin Languedoc-Roussillon le 17 février dernier à Narbonne, Anne Sophie Spilmont et Marion Claverie de l'IFV ont fait le point sur les dernières avancées de la recherche sur le dépérissement de la Syrah, phénomène très préoccupant pour ce cépage phare de la Vallée du Rhône et du Languedoc-Roussillon. Un effet clone a clairement été mis en évidence. La lutte contre la sécheresse est l'autre piste à creuser pour retarder la mort des ceps.
Dossier par Michèle Tastavy
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Observé depuis les années 90 dans les vignobles du Gard et de l’Hérault, le dépérissement de la Syrah touche actuellement l’ensemble de l’aire d’implantation de ce cépage y compris les Côtes du Rhône septentrionales, berceau de la Syrah. Mais ce syndrome est également observé hors de nos frontières : il est signalé dans la quasi-totalité des pays où il existe de la Syrah greffée : Argentine, Espagne, Afrique du Sud, Etats-Unis (Californie), Italie et Chili. La découverte en Argentine, courant 2008, puis au Chili, début 2009 de symptômes similaires sur franc-de-pied a beaucoup interpelé les chercheurs.
Ces symptômes apparaissent dans une zone bien précise au niveau où le plant est taillé les premières années. L'hypothèse formulée est donc qu’ils sont consécutifs à une blessure et la réorganisation cellulaire qui s'ensuit, cette blessure pouvant résulter de la greffe. En Australie où la Syrah est bien implantée mais avec un faible pourcentage de Syrah greffée, le dépérissement n’est pas clairement établi. «Les informations que nous avons recueillies sont contradictoires. Il semblerait que les symptômes signalés soient différents. A cette date, nous n’avons pas de confirmation de l’existence du dépérissement dans ce pays », précise Anne-Sophie Spilmont.
Les symptômes@font-face { font-family: 'Arial'; }@font-face { font-family: 'Cambria Math'; }@font-face { font-family: 'Calibri'; }@font-face { font-family: 'Consolas'; }@font-face { font-family: 'NewAster'; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }
Ce dépérissement se caractérise par un rougissement du feuillage en fin d’été ou à l’automne, un point de greffe gonflé et crevassé et une mortalité prématurée des ceps. C’est essentiellement la présence de ces crevasses qui caractérise le dépérissement, beaucoup d’autres facteurs pouvant par ailleurs induire un rougissement foliaire. L’apparition des crevasses précède toujours le rougissement du feuillage ; beaucoup de souches crevassées restent vertes et productives pendant de nombreuses années. Le rougissement foliaire est, probablement, une conséquence de la perturbation des trajets de sève par le développement des crevasses et l’absence de formation de nouveaux vaisseaux conducteurs.
Un cep présentant ces deux symptômes risque de mourir à plus ou moins court terme, en ne repartant pas après la taille hivernale. Le porte-greffe peut en revanche rester vivant et il n’est pas rare d’observer des repousses sous le point de greffe. Le pourcentage de ceps atteints et la progression du dépérissement varient de façon importante d’une parcelle à l’autre.
Le mode de greffage n'a pas d'impact@font-face { font-family: 'Arial'; }@font-face { font-family: 'Cambria Math'; }@font-face { font-family: 'Calibri'; }@font-face { font-family: 'NewAster'; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }span.apple-style-span { }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }
Des études ont également été menées sur la possible « incompatibilité » de la Syrah avec certains porte-greffes. Les analyses ont montré que ce cépage présentait effectivement des difficultés de reprise au greffage et notamment l’établissement de jonctions imparfaites entre greffon et porte-greffe. Pour autant, le lien entre ces phénomènes, très précoces, et les problèmes qui se manifestent plusieurs années plus tard au vignoble, n’est pas établi. Les essais de mode de greffage ont cependant donné des renseignements intéressants. Les crevasses sont observées avec toutes les modalités de greffage sur table et ce, quelles que soient les concentrations d’hormones utilisées. On peut donc exclure que la greffe en oméga ou l’hormonage soient à l’origine du syndrome; leur impact à long terme sur les rougissements et la mortalité doit encore être évalué.
Un effet clone démontré@font-face { font-family: 'Arial'; }@font-face { font-family: 'Cambria Math'; }@font-face { font-family: 'Calibri'; }@font-face { font-family: 'NewAster'; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }span.apple-style-span { }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }
En revanche, les chercheurs ont pu mettre en évidence un effet clone marqué. Les 16 clones agréés à ce jour ont été classés en trois catégories de sensibilité : très peu sensibles, sensibles, très sensibles. Les 7 clones les plus sensibles sont actuellement en cours de radiation : 73, 99, 301, 381, 382, 383 et 585. A contrario, seuls les 4 clones les moins sensibles sont conseillés à la plantation : 470, 524, 747 et dans une moindre mesure le 471. Les objectifs sont désormais d’augmenter l’offre en clones très peu sensibles afin de ne pas se limiter aux 4 clones existants.
Un nouveau programme de sélection clonale est en cours en intégrant ce critère sensibilité au dépérissement : une trentaine de clones, ne présentant aucun symptôme de dépérissement, ont été présélectionnés sur différentes parcelles (collection d’étude, conservatoires, vieilles parcelles). En 2008, une nouvelle collection d’étude comprenant 12 clones d’intérêt a été installée sur trois sites (Drôme, Vaucluse et Pyrénées-Orientales) afin notamment de vérifier le comportement des ceps par rapport au dépérissement sur des effectifs plus importants. Ces données doivent être complétées par des observations agronomiques et oenologiques en conditions pédoclimatiques différentes.
Une seconde collection d’étude comprenant 16 autres clones sera installée en 2011. Les premiers clones non dépérissants issus de ces nouvelles collections d’étude devraient être proposés à l’agrément d’ici trois à cinq ans.
La piste génétique reste à creuser@font-face { font-family: 'Cambria Math'; }@font-face { font-family: 'Calibri'; }@font-face { font-family: 'NewAster'; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }
L’identification de cet “effet clone”, associée à la découverte d’un marqueur génétique corrélé au dépérissement, a conduit les chercheurs à formuler l’hypothèse d’une origine génétique au syndrome. La recherche de gènes potentiellement impliqués dans le dépérissement ouvre un nouveau champ d’investigations. Différentes approches (reséquençage du génome, expression des gènes, étude de populations issues de croisements) sont en cours sur trois clones, deux très sensibles et un très peu sensible. L’objectif est d’identifier des gènes d’intérêt qui seront testés sur un plus grand nombre de clones.
Les porte-greffes à éviter@font-face { font-family: 'Arial'; }@font-face { font-family: 'Cambria Math'; }@font-face { font-family: 'Calibri'; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }
Tous les porte-greffes sont concernés puisqu’on observe au moins 30 % de souches crevassées dans les essais suivis (taux moyen). Néanmoins, le 110 R et le 99 R se distinguent par une sensibilité accrue et sont donc déconseillés si un autre choix de porte-greffe est possible. Quand la situation agronomique l’exige (terrain séchant, schistes, sol acide), ils peuvent être utilisés avec les 4 clones peu, ou très peu sensibles, l’effet du clone dominant l’effet du porte-greffe.
Comment retarder la mort des ceps@font-face { font-family: 'Arial'; }@font-face { font-family: 'Cambria Math'; }@font-face { font-family: 'Calibri'; }@font-face { font-family: 'NewAster'; }@font-face { font-family: 'NewAster-Italic'; }p.MsoNormal, li.MsoNormal, div.MsoNormal { margin: 0cm 0cm 10pt; line-height: 115%; font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoChpDefault { font-size: 11pt; font-family: Calibri; }.MsoPapDefault { margin-bottom: 10pt; line-height: 115%; }div.WordSection1 { page: WordSection1; }
Des notations de mortalité faites en 2004 sur des parcelles de vignes-mères ou en expérimentation montrent que, dans de nombreux cas, des parcelles pourtant de même clone, même porte-greffe, même âge peuvent montrer des niveaux de mortalité très différents. Ce constat suggère l’action d’autres facteurs, qui sont appelés “facteurs aggravants”.
Les travaux menés depuis trois ans en collaboration avec les Chambres d’agriculture de l’Hérault, du Vaucluse et l’INRA de Montpellier, font apparaître deux facteurs capables d’aggraver la mortalité des ceps : la charge en raisins et la sécheresse. Sur le premier, il ne sera probablement pas possible d’agir, ou à de très rares exceptions, tant le levier "rendement" offre peu de marge de manœuvre pour la plupart des parcelles méditerranéennes.
Pour la sécheresse, la piste est intéressante et renforcée par des observations suggérant que la mortalité pourrait effectivement être fortement influencée par le régime hydrique subi par la parcelle. Les études se poursuivent pour valider ces premières observations afin de pouvoir aller jusqu’à un conseil pratique pour le vigneron d’ici deux ou trois ans.



