e 17 février 2006 naissait l’AOC Vinsobres, cru de la vallée du Rhône, après vingt-sept ans de procédure. Pascal Jaume (vigneron indépendant, Domaine Jaume), vice-président du syndicat des vignerons, et président de la section interprofessionnelle Vinsobres au sein d’Inter Rhône, se montre satisfait des résultats de ce passage en cru. Il insiste cependant sur la nécessité d’un important travail d’image, qui passe aussi bien par la presse que par l’oenotourisme ou la création d’une bouteille syndicale.
Retrouvez les vins d'Aoc Vinsobres dans le Salon des Vins de WineAlley, cliquez ici.
Quand nous étions encore en appellation Villages, il se faisait 25 000 hectolitres, mais on a préféré limiter les volumes pour ancrer l’appellation sur des bons prix. On a aujourd’hui un potentiel de production de 40 000 hl sur 1300 hectares, mais les volumes déclarés en AOC Vinsobres sont de 13 à 14 000 h, avec des ventes de 12 000 hl en vitesse de croisière. Les vins sont issus pour 50% des coopératives (celle de Vinsobres mais aussi Saint Maurice sur Aygues, Nyons et Vaison la Romaine), et 50% de caves particulières. Nous avions un fort pourcentage de vins vendus au négoce, mais la machine est en train de s’inverser, le pourcentage des sorties propriété en bouteilles est de 60%, contre 40% pour le vrac, et notre part d’export se situe autour de 25%. Un domaine comme le mien exporte à 50%, vend à 25% à la clientèle professionnelle et 25% aux particuliers. En termes de prix du vrac, la base était de 178€/hl en 2006, aujourd’hui on est aux alentours de 210-215€/hl. Quant au prix moyen des bouteilles en grande distribution, seon le panel d’Inter Rhône, il est de 5€, contre 4,5€ en 2006. On espère atteindre les 5,5€ dans deux à trois ans. Au caveau, le prix moyen est vers 6,5 à 7€ la bouteille, ce qui correspond à un maintien par rapport à 2006, qui s’explique par le fait que nous avions anticipé les choses depuis 2000, en incitant nos metteurs en marché à augmenter le prix régulièrement, pour éviter, le jour du passage en cru, de l’augmenter du jour au lendemain de 10 à 15%. Il y a aussi quelques cuvées en domaines qui dépassent les 20 € la bouteille, ce sont les fleurons de chaque exploitation, et il y a pas mal de bouteilles dans tous les domaines qui se situent entre 15 et 20 euros.
Etes-vous satisfait de ces résultats ?Nous commençons à bien nous ancrer commercialement, à avoir une reconnaissance du consommateur, mais elle est encore insatisfaisante, il faut encore qu’on bouge pour faire monter la notoriété. On est conscients qu’il faut mettre des budgets conséquents dans la mesure du possible sur la communication et la presse. Au moment du passage en cru, on a eu une bonne communication, dans la presse nationale, les gens ont été curieux, ils sont venus vers nous pour nous rencontrer, déguster… Puis on a créé une section interprofessionnelle à travers Inter Rhône, et on participe aux actions communes de l’interprofession. Nous sommes notamment en train de publier une belle campagne sur les Etats-Unis et le Canada, où on commence à avoir un joli retour. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, on a un budget qui n’est que de de 40 000 euros par an, là on vient de se doter d’une agence de presse qui va être mise en place au mois de février 2011, pour essayer de dynamiser encore plus nos actions.
Comment tirez-vous parti des atouts touristiques de votre région ?On est dans une région touristique, la Drôme provençale, et à Vinsobres il y a beaucoup de gîtes, mais également un complexe qui s’appelle le Sagittaire, un camping haut de gamme qui vient d’être classé 5 étoiles, avec une capacité d’hébergement de 1200 personnes. Au départ dans les années 70, c’était un camping, maintenant c’est un complexe, avec une grosse partie en chalet, roulottes, et l’autre en camping pur. Il commence la saison au mois d’avril et la finit mi-octobre, avec un taux de remplissage de 100% en juin-juillet-août, et de 80% sur les autres mois. Ça nous amène beaucoup de clients, et ça nous permet d’avoir des activités estivales intéressantes. C’est une grosse clientèle belge et néérlandaise en début de saison, ensuite une très belle clientèle française, des habitués de longue date. On travaille ensemble, et le complexe y trouve son intérêt, parce que ça leur fait des manifestations à proposer à leur clientèle. Le camping n’a pas de partenariat avec le syndicat de l’AOC, mais avec des domaines ; bien souvent le camping organise ses pots d’accueil autour du vin, et les domaines proposent des balades à travers le vignoble en semaine. Et tout au long de la période estivale, on organise des « Nuits diviniques » (une en juillet et une en août), et puis on a un « Rallye du goût », associé au ban des vendanges, fin août-début septembre. Il y a encore pas mal de monde à ce moment, ce sont de jolies manifestations qui attirent un public très important.
Pourquoi et comment mettez-vous aujourd'hui en place une bouteille syndicale ?On a créé une bouteille à l’effigie de Vinsobres, dont les premiers exemplaires devraient être mis sur le marché au mois de juin. Le but est d’avoir une uniformisation de l’image de l’appellation. Elle est destinée à tous les gens qui veulent l’utiliser, mais on demande qu’elle ne soit utilisée que pour les Vinsobres haut de gamme. C’est une bourguignonne lourde, dans laquelle est moulé le visuel de Vinsobres, son clocher et ses côteaux. Pour pouvoir l’utiliser sans augmentation du prix de base pour les vignerons, nous avons choisi la verrerie d’Albi (www.voa.fr); nous n’avons pas fait appel aux verriers spécialisés dans les gros volumes, qui n’étaient pas très bien positionnés pour une petite production comme la nôtre (on espère pouvoir en commercialiser 800 000 cols).