ée en 2000, Prodégustation est le premier acteur de la formation à la dégustation pour le grand public. Présent dans 13 villes de France auprès de 66 000 clients, Prodégustation rencontre un réel succès depuis dix ans. Si la croissance s'est interrompue en 2009, elle est de retour en 2010, signe d'un intérêt renouvelé du consommateur et présage d'une reprise imminente pour l'ensemble de la filière ?
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Nous recrutons des ingénieurs agro et/ou des œnologues. Prodégustation se targue d’un réel sérieux dans un domaine où il est trop facile de s'improviser dégustateur. Nous recherchons donc des gens qui ont une réelle compétence technique et une connaissance terrain éprouvée. C’est le cas de ces ingénieurs et œnologues, qui sont – ou ont été – le plus souvent consultants dans différents domaines. Il leur faut aussi une fibre pédagogique… Nous l’évaluons dès les premiers entretiens et nos formateurs passent eux-mêmes par une phase de formation à la prise de parole en public à visée pédagogique, compétence indispensable pour mener un cours de dégustation ! Ces formations sont dispensées le week-end et on passe ensuite par une étape de tutorat, où le formateur débutant co-anime les dégustations avec un formateur confirmé. L’idée est qu’un formateur puisse être opérationnel et autonome au bout de cinq à sept semaines selon les cas.
Y a-t-il une demande pour des séminaires de dégustation en tant qu'outil de gestion des ressources humaines ?Il y a eu de la demande pendant un temps mais cela s’est un peu essoufflé, notamment à cause de la loi Evin de la mauvaise image du vin qui en découle, trop directement reliée et limitée à l’alcool. On constate actuellement un retour de la demande en la matière, peut-être une meilleure perception de tout ce que le vin a de fédérateur et de culturel à offrir, au-delà du danger de l’alcool sur le lieu de travail ! Deux personnes chez nous ont bien développé ça, on est presque plus sur le terrain de l’animation que de la formation d’ailleurs… Et dans les régions vinicoles, nous avons également des demandes de domaines, qui souhaitent que tous les salariés connaissent leur gamme, ainsi que le vocabulaire du vin pour la décrire.
Quel est le profil des élèves de vos formations ?Nous dispensons une formation indépendante avec une approche grand public. Nous avons donc des jeunes et des moins jeunes qui viennent là par intérêt pour le vin. A contrario, certains de nos élèves font financer leur participation à nos ateliers au titre du Droit Individuel à la Formation (DIF) pour se repositionner professionnellement par la suite sur un métier passion et entrer dans le monde du vin en devenant caviste, par exemple. Dernier cas de figure : nos cours peuvent susciter des vocations. Nous avons d’ailleurs un bel exemple au sein de Prodégustation, celui d’une élève qui a passé son diplôme d’Etat en œnologie après avoir assisté à l’un de nos cours et qui est à présent formatrice chez nous.
Pensez-vous que la formation à la dégustation renforce l'élitisme que l'on reproche au vin ?Au contraire. Le vin n’est pas inné, c’est un fait. La formation est donc le maître-mot pour l’approcher sans complexes. En tout cas il n’y a pas d’essoufflement du marché. Nous existons depuis 2000 et, cette année, nous avons vu le nombre de clients potentiels doubler. Des marchés nouveaux s’ouvrent et notamment, bien sûr, le marché chinois. Nous avons récemment dispensé des formations en Chine à des importateurs et à des grossistes. Notre offre de formation correspond exactement à leur demande car il n’y a là-bas ni filière, ni pédagogie, ni formation d’aucune sorte. Personne ne sait seulement quelles sont les conditions requises pour stocker convenablement un vin. Et tous veulent le savoir, ainsi que parler de vin, qui n’est pas une bière, ni un alcool fort, qui ne se rapproche de rien de connu en Chine pour ce qui est des boissons alcoolisées. Il y a cependant une boisson qui se rapproche de l’approche de dégustation du vin et où l’analyse organoleptique est importante, c’est le thé, pour qui présente des similitudes avec le vin car la notion de terroir (sol, drainage, altitude, climat…), de variété de plante, est bâtie sur la même philosophie. Au demeurant, à plus d’un titre, pour aborder des marchés neufs aussi, la formation est indispensable. Au demeurant, si le vin ne change pas, la façon d’en parler, elle, a beaucoup changé. Par le passé, il fallait prétendre avoir un certain niveau de connaissance pour parler de vin, ce n’est plus le cas et cela réduit le déficit de communication du vin par rapport à la bière et aux alcools forts. Nous le constatons tous les jours, notamment sur les réseaux sociaux comme Facebook, où nous sommes très présents et où nous suivons les interactions entre nos clients qui parlent de vin.
Parle-t-on de la même façon de vin à tout le grand public ?Notre première tâche est de défaire les préjugés du vin, comme le fait qu’on ne carafe pas les vins vieux mais au contraire les vins jeunes et les vins très tanniques. Les anciens comme les plus jeunes connaissent ces on-dit et notre message reste le même sur le fond : l’apprentissage de la dégustation pour moins boire idiot et mettre des mots sur ses perceptions du vin. Avec les plus jeunes, les langues peuvent davantage se délier mais c’est vraiment la seule différence. De toute façon nos classes sont le plus souvent hétérogènes et composées de jeunes et de moins jeunes. Notre pédagogie s’appuie sur ce constat et sur le volonté de décomplexer l’approche du vin en mêlant connaissance livresque et implications pratiques dans des activités et des jeux qui s’adressent à tous. Oui nous allons parler de service du vin, de la température de service des vins blancs et des vins rouges, de détecter le souffre au nez et en bouche, mais nous allons mettre des exemples à l’appui. Et ça marche. Ainsi, en ce qui concerne le carafage, nous faisons l’expérience en direct : on débouche et on carafe le matin un vin jeune et tannique que l’on déguste le soir, avec le même vin issu d’une bouteille témoin ouverte deux heures avant. Les élèves constatent qu’à l’évidence la trame tannique s’est affinée et qu’aromatiquement, ça explose. Les gens adorent.
Comment s'organisent vos formations ?L’idée est que chaque module est encapsulé et indépendant : nous dispensons une réelle formation à la dégustation, mais aussi des ateliers (régionaux, thématiques sur les vins bio, les vins de vigneronnes, les accords mets-vins…) et des Editions Limitées, qui sont des dégustations prestigieuses de Bordeaux, Bourgogne, Champagne… mais aussi de vins du monde. Ce dernier module rencontre son public essentiellement à Paris. Nous sommes présents dans 13 villes, dont certaines situées au cœur de grands vignobles et nous découvrons chaque jour à quel point il est difficile, en matière de vins, de sortir d’une région quand on y est, et donc, plus encore, de sortir de France… Pourtant les élèves de ces cours dédiés aux vins étrangers en sortent heureux et très surpris par la qualité des vins dégustés et la progression des vignerons, loin des caricatures de vins alcooleux ou surextraits produits dans les années 90 et que l’on n’a pas regoûtés depuis. A tort, car même dans l’Ancien Monde, pour ainsi dire, il y a de merveilleuses découvertes à faire. Je pense notamment à l’Espagne et pas seulement à la Ribeira del Duero ou à la Rioja, mais aussi au Priorat ou au Penedès, en rouge ou à la Rueda en blanc. Il faut savoir partir déguster les vins d’ailleurs pour apprécier mieux encore les vins de chez soi !