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Développement durable : les meilleures pratiques des grandes entreprises du vin
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Développement durable : les meilleures pratiques des grandes entreprises du vin

Par Vitisphere Le 05 novembre 2010
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Développement durable : les meilleures pratiques des grandes entreprises du vin
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u 17 au 21 octobre derniers, le « Wine innovation forum » du Salon International de l'Alimentation (SIAL) était consacré à la notion d'éthique et au développement durable. Ce fut l'occasion, pour plusieurs grandes entreprises du vin, d'en dire un peu plus sur leurs actions dans le domaine. Voici un récapitulatif des meilleures pratiques les plus originales de chacune.

E&J Gallo : empreinte carbone et durabilité globale

Edouard Baijot, responsable des ventes France et Bénélux, a exposé quelques unes des initiatives du géant californien (2 millions de bouteilles produites par jour) dans le domaine. La démarche a commencé dès les années 30, quand les fondateurs ont décidé, à chaque fois qu’ils plantaient un hectare de vigne, de préserver un hectare de terre à l’état naturel, soit en Californie actuellement 4000 hectares où se développe l’écosystème pour 4000 hectares de vigne. La réduction de l’empreinte carbone est aussi une préoccupation de l’entreprise, en particulier dans le domaine du verre, une production très consommatrice en énergie et en eau. Estimant ne pas obtenir de bons tarifs de leurs fournisseurs de bouteilles, les dirigeants de Gallo ont fondé il y a cinquante ans leur propre structure de production de verre (Gallo Glass), dans laquelle ils produisent maintenant 3 millions de bouteilles par jour, en partie vendues à des concurrents. Par cette production, Gallo recycle 30% du verre usagé de Californie, et 20% de sa production est faite à base de verre recyclé. L’entreprise a récemment mis au point une bouteille de 404 grammes, qui permet des économies d’énergie pendant le transport. Les déchets de verre (le silex), autrefois envoyés dans des décharges, sont aujourd’hui utilisés comme combustibles dans des fours qui marchent au gaz naturel et à l’oxygène. Gallo a d’autre part un rôle très actif dans l’alliance californienne pour le développement durable (California sustainable growth alliance), qui a lancé en janvier de cette année un programme de certification. Celle-ci est basée sur un cahier des charges en 230 points, qui va de l’utilisation de l’eau à la gestion des ressources humaines. Gallo a fait partie des pionniers de la mise en place ce cahier des charges, avec les dix autres entreprises aujourd’hui certifiées.

Sopexa : intégrer l'éthique dans la communication

Jocelyne Fouassier, responsable de la communication sensible de la SOPEXA, a décrit les enjeux du concept « éthique et durable » pour la communication du vin. Elle a d’une part mis l’accent sur le rapport étroit qui unit le vin et ces concepts : le public est particulièrement intéressé par la façon dont est produit le vin, une préoccupation qui est au fondement de la notion de commerce équitable ; le discours sur le terroir doit donner lieu à une réflexion sur le développement durable, puisque quand il est question de terroir, il est question d’environnement ; enfin, la sensibilité actuelle de la société à la question de l’alcool doit inciter à la promotion d’une consommation responsable. Du point de vue des thématiques, on constate des différences de sensibilité des consommateurs selon les pays : tandis qu’au Royaume-Uni, en Suisse, en Allemagne, au Japon, en Corée et en Suède, on s’intéresse beaucoup à l’enjeu environnemental et au bilan carbone (une tendance en début en France, avec l’étiquetage carbone expérimenté par Casino et Leclerc). En Belgique, au Canada, aux Etats-Unis, en Italie, en Espagne, on est plus focalisé sur la gestion des déchets et de l’énergie. Du point de vue de la stratégie de communication sur ces sujets, il semble qu’elle soit, surtout en Europe, plus du domaine de la communication d’entreprise, par le biais de rapports sur le développement durable, de sites internet explicatifs, que de la communication par le produit ou de la publicité grand public. Quel que soit le canal choisi, les maîtres mots doivent être la prudence (ne parler que d’actions concrètes et en nombre conséquent), la simplicité, la transparence et l’humilité. Répondant à une question de responsable coopératif, Jocelyne Fouassier a indiqué que, si les coopératives sont convaincues de l’aspect équitable de leur organisation, conçue pour restituer la valeur ajoutée au producteur, il y a encore du travail à faire pour en persuader le grand public, qui n’en connaît pas vraiment le fonctionnement. Ce travail doit consister, au niveau de l’ensemble de la filière coopérative, à identifier ses spécificités, et à faire la preuve de son discours au travers de l’explication du processus et de l’organisation de ces structures.

Torres : réchauffement climatique et énergies renouvelables

Xavier Sort, directeur Viticulture au sein du groupe espagnol Torres (60 millions de bouteilles par an), a fait la critique du concept d’agriculture biologique, qui pour lui a le défaut de ne pas comporter de préoccupations quant à l’utilisation de l’énergie, et surtout de l’eau, qui est la question la plus importante pour le futur de la production espagnole, en raison du changement climatique. C’est la raison pour laquelle la société a déplacé ses nouvelles plantations de vigne vers des altitudes supérieures à l’habitude, dans les Pyrénées catalanes, entre 950 et 1200 mètres. La société a d’autre part constitué un conservatoire des 57 variétés catalanes préphylloxériques qui est le plus diversifié de la région. Parmi ces « nouveaux anciens » cépages, six présentent des qualités très intéressantes pour la production, et sont déjà utilisés. Du point de vue des énergies renouvelables, Torres a installé 12 000 m2 de panneaux photovoltaïques dans son site du Penedès, qui couvrent 10% des besoins en électricité (965 000 Kwh/an). Les panneaux installés dans le Priorat couvrent pour leur part 12% des besoins de cette autre implantation. Un champ d’éoliennes produit également 2 800 kilowatts par heure pendant 2 000 heures par an, soit 5,6 millions de Kwh par an. La société mène de nombreux projets de recherche, en matière de stockage du CO2 par des végétaux, de carbonisation des pieds de vigne pour la réutilisation en combustible, ou de culture des vignes dans des conditions climatiques très variables (projet gouvernemental espagnol Cenit-Demeter).

Dourthe : agriculture raisonnée et politique sociale

Patrick Jestin, PDG des vins et vignobles Dourthe (13 millions de bouteilles par an) en Bordelais, a tout d’abord insisté sur les résultats tangibles qu’une approche sérieuse de la viticulture raisonnée peut engendrer : en dix ans, dans les vignobles dont la société est propriétaire, les consommations d’engrais et de pesticides ont diminué de 87%, et les herbicides de 80%. Le PDG a d’autre part insisté sur les bienfaits d’une politique sociale innovante, dans le domaine de la réduction des tâches pénibles et du temps de travail. Pour la manipulation des bouteilles tirées-bouchées, l’investissement dans un robot qui prend les bouteille dans des palettes de stockage de 600 unités, les pose sur les chaînes de conditionnement, les reprend et les repose dans des palettes, s’il a eu un coût de 500 000 euros, a évité à quatre salariés de souffrir de maladies du dos. D’autre part, l’entreprise a décidé dès 1998 de passer aux 32 heures de travail hebdomadaire : le compte de 35 heures ne semblait pas pratique à gérer, alors qu’une organisation en quatre jours, sur les chaînes d’embouteillage comme dans l’administration, a semblé plus bénéfique au personnel. La partie embouteillage et expéditions est fermée le vendredi, ce qui permet de faire la maintenance des chaînes, qui sont bien mieux entretenues qu’avant. Autres avantages, le changement a incité à une amélioration du travail en équipe, pour que le travail se déroule normalement même quand une personne est absente ; la ligne d’embouteillage est plus efficace, et plus flexible ; les horaires des assistantes commerciales ont été adaptées aux pays avec lesquels elles sont en contact (plus tôt le matin ou plus tard le soir) ; la qualité de vie et la motivation au travail se sont améliorées ; enfin, des personnes dont les postes de manutention ont été remplacés par des machines ont pu être affectées à des travaux plus intéressants.

Gilles Louvet Vignobles : la bio en partenariat

Gilles Louvet, directeur général de la société éponyme, qui ne produit que des vins biologiques principalement dans le Languedoc (6 millions de bouteilles par an, 115 ha en propriété et 700 ha sous contrats), a insisté sur l’importance des partenariats avec les viticulteurs, au nombre de 300 en l’espèce. Nombre de ces viticulteurs n’étaient au départ pas en agriculture biologique, et leur conversion a été accompagnée par l’entreprise, à la fois pour les démarches administratives, et pour la partie technique, avec deux ingénieurs employés à plein temps, mais aussi trois œnologues pour aider les producteurs en vue de la satisfaction des demandes du marché. Les contrats avec les producteurs stipulent que la société s’engage à acheter 100% de la récolte, mais avec la possibilité de trier et de distribuer les différentes qualités dans les différentes gammes commercialisées. Les contrats durent cinq ans, pendant lesquels l’écoulement de la production est assurée. A l’origine, le prix avait été indexé sur celui des mercuriales des vins conventionnels, augmenté de 30 à 40%. Comme les prix des vins conventionnels ont par la suite beaucoup baissé, et que les vins bio ont augmenté (par exemple, le Côtes du Rhône bio valait entre 80 et 120 €/hl en 2007 ; en 2010, il oscille entre 220 et 230 €/hl!), le prix est maintenant calculé en accordant 5 à 10% de progression chaque année sur le prix payé l’année antérieure. En contrepartie de ces augmentations régulières, et alors que la demande de vins bio est supérieure à l’offre, la société demande aux viticulteurs de ne pas présenter de hausses de prix ou de production trop fortes d’une année sur l’autre. Les hausses annuelles sont décidées pendant l’été, quand la récolte commence à être évaluable, mais ces prix peuvent être revus en cas d’accident climatique ou de difficulté particulière. Cette démarche partenariale n’est pas toujours comprise par les nouveaux entrants dans l’agriculture biologique, parfois plus motivés par l’aspect financier qu’environnemental, qui ont tendance à vouloir profiter des années plus favorables. La société demande enfin aux producteurs, en plus des contraintes de l’agriculture biologique, de respecter des normes d’enherbement ou de plantation d’arbres à proximité des vignes. D’autre part, la société de Gilles Louvet a choisi, fait rare dans la filière française, de communiquer sur ses pratiques environnementale par le produit, et non pas seulement par la communication d’entreprise. C’est la marque « Elément Terre », développée en partenariat avec le WWF puis le FSC (protection des forêts, en particulier de chêne liège), et commercialisée aux Etats-Unis, en Asie et en Allemagne. La commercialisation en France est en démarrage.

Jaillance : la bio durable

Virginie de Marles, directrice du marketing de la cave Jaillance dans le Diois (8 millions de bouteilles annuelles) a insisté sur la forte présence de l’agriculture biologique dans la production de la coopérative, puisque 125 hectares, soit 12% de la surface, sont actuellement certifiés, et que ce pourcentage devrait monter à 25% ou 30% dans 3 à 5 ans. Fait intéressant, les pratiques bio inspirent les autres viticulteurs, puisque le pourcentage d’exploitations employant des produits anti-pourriture, acaricides ou insecticides est en baisse constante (moins de 1% pour les deux premiers, 3,4% pour les insecticides en 2009.) Mais le durable ne se fait pas qu’à la vigne, et l’ensemble des actions entreprises par la cave ont abouti à ce qu’aujourd’hui, tout projet nouveau est passé au filtre des principes de la soutenabilité économique, sociale et environnementale, mais toujours avec la rémunération du viticulteur comme objectif : en dix ans, alors que le chiffre d’affaires a augmenté de 24%, le prix d’achat du muscat a augmenté de 14%. Ces préoccupations expliquent qu’en 2007, quand Jaillance est entrée dans la démarche de certification SD 21 000 (label « vignerons en développement durable » audité par l’Institut Coopératif du Vin), 70% des obligations de ce label étaient déjà remplies par l’entreprise. Aujourd’hui, ce taux est monté à 90%, les derniers efforts devant inciter à ce que les bonnes pratiques de la coopérative se répandent chez tous les viticulteurs coopérants.

Louis Jadot : l'importance de la confiance entre négociant et viticulteurs

Dominique Mounier, directeur général de la maison bourguignonne Louis Jadot (60 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel pour 10 millions de bouteilles vendues), qui a plaidé pour une démarche éthique cohérente (« on ne peut avoir une marque « éthique » dans une entreprise où toutes les autres seraient cyniques ! »), a beaucoup insisté sur le partage de la valeur avec les viticulteurs. La société possède 200 hectares, mais effectue aussi des achats de vins jeunes et de raisins, qui constituent par exemple la moitié de sa production en Beaujolais villages. Pour le dirigeant, la confiance du viticulteur dans le négociant, et ce dès les cuvées d’entrée de gamme, permet à l’acheteur d’obtenir les meilleurs raisins, parce que seul le viticulteur sait sur laquelle de ses parcelles les meilleurs raisins se trouvent, mais elle donne aussi envie aux viticulteurs de s’intéresser au résultat final : quels sont les vins produits, où sont-ils vendus ? Pour gagner cette confiance, un contrat est conclu pour une durée d’un an la première année, pour trois à cinq ans par la suite, par lequel Louis Jadot s’engage à acheter toute la production d’une parcelle déterminée, à un prix indexé sur les cours officiels, et selon un mode de calcul spécifié par le contrat. Le producteur sait combien il va toucher, et à quelle date, ce qui lui permet de planifier ses dépenses. L’avantage pour l’acheteur est la continuité dans l’approvisionnement en raisins, ce qui lui permet de produire des vins à la qualité régulière. Cette politique de contrats a été mise en place en particulier en Beaujolais et à partir de 2006 dans la côte chalonnaise, là où l’entreprise a construit des unités de vinification de large volume. Pour les appellations plus prestigieuses, les contrats sont beaucoup plus longs, parfois sur trente ans, mais ils sont plus difficiles à conclure, les producteurs n’ayant pas de problème pour trouver acheteur.

Gruppo Italiano Vini : moins de précarité, plus de durabilité

Christian Scrinzi, directeur technique du géant italien (90 millions de bouteilles produites annuellement dans 10 régions italiennes), a expliqué que la filière viticole italienne est handicapée par ses problèmes économiques, avec des vins achetés en-dessous des coûts de production (17€ la tonne de raisin de Sicile), des salariés agricoles mal payés, des exploitations qui disparaissent, et la présence de nombreux vignerons non professionnels. Cette précarité menace la durabilité de la filière, parce qu’elle empêche la production de vins de qualité, ce qui met en jeu plus globalement tout le mode de vie italien, parce que le vignoble est présent dans toutes les régions de la péninsule, encore plus qu’en France. De ce constat a découlé le projet, au sein du Gruppo Italiano Vini, de repenser la filière pour ne plus suivre simplement les demandes d’un marché mondial adepte de vins technologiques mais en fait peu rémunérateurs. Cette réflexion, débutée vers 2000, a concerné les différentes composantes de la production, de la vigne au chai, mais elle a été difficile a faire accepter par la filière, en raison du poids des habitudes, comme par le marché, en raison d’un déficit de communication. Dans un deuxième temps, une réflexion et un discours plus globaux ont donc été élaborés, qui envisagent la vigne comme un bassin de biodiversité (pour l’aspect environnemental) et la qualité sous un aspect durable, intégrant à la fois le niveau organoleptique des vins, les obligations de sécurité alimentaire, le souci de l’environnement, et les conditions de travail du personnel. Le tout devant être porté par un effort commercial, pour assurer une valorisation des produits créatrice de valeur pour les producteurs. Le Gruppo Italiano Vini présente enfin l’originalité, à côté de productions de gros volumes de caractère industriel, de mener quelques unes de ses petites unités selon des techniques plus expérimentales, comme la biodynamie ou la vinification sans intrants oenologiques. Dans l’esprit de ses dirigeants, ces unités sont comme des laboratoires de techniques nouvelles, dont certaines pourront être ultérieument appliquées au reste de la production.

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