menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / Languedoc-Roussillon : Mobilisation tous azimuts en faveur de l’irrigation de la vigne
Languedoc-Roussillon : Mobilisation tous azimuts en faveur de l’irrigation de la vigne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Languedoc-Roussillon : Mobilisation tous azimuts en faveur de l’irrigation de la vigne

Par Vitisphere Le 29 septembre 2010
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Languedoc-Roussillon : Mobilisation tous azimuts en faveur de l’irrigation de la vigne
L

a sécheresse estivale, qui a une nouvelle fois touché le vignoble du Languedoc-Roussillon place l'irrigation du vignoble au cœur de l'actualité.

Un consensus entre entreprises et collectivités

Largement utilisée dans les vignobles du Nouveau Monde, cette technique, longtemps controversée en France, fait désormais l’objet d’un quasi-consensus au sein des professionnels de la région. Le Conseil régional s’est également engagé, sous certaines conditions, à défendre le dossier. Mais le Ministère de l’Agriculture tarde à donner son feu vert au possible financement par Bruxelles des travaux pour amener l’eau dans les vignes. « La vigne résiste à la sécheresse, elle a une place de noblesse dans nos terroirs du Languedoc-Roussillon, sur ses coteaux ensoleillés pour des vins de qualité et non pour des productions de masse qui ne feront qu'appauvrir encore plus notre région…. La véritable motivation des partisans de l’irrigation du vignoble est toujours d'augmenter les rendements pour compenser les baisses de prix», s’insurge Nature et Progrès dans un communiqué paru en juillet dernier. Mais au niveau régional, c’est la seule voix discordante sur un dossier sur lequel, une fois n’est pas coutume, l’ensemble des professionnels font front commun avec le soutien des collectivités territoriales.

Une urgence économique

L’évolution sur les 10 dernières années du rendement moyen dans le vignoble héraultais donne la mesure du problème : de plus de 70 hl/ ha en 2000, la productivité moyenne du vignoble est tombée l’an dernier à 53 hl/ha dans l’Hérault. Et celle de cette année risque fort de plafonner au même niveau. « Sur les 10 dernières années, il n’y a qu’en 2004, année plus humide où nous avons dépassé les 70hl/ha », constate Laurent Gourdon, chef du service viticulture à la chambre d’agriculture de l’Hérault. « A Roquebrun, nous avons perdu 30% de notre récolte par rapport aux années 2000, confirme Alain Rogier, directeur de la cave de Roquebrun. Cette année, nous avons des adhérents qui vont faire faillite, alors que nous les rémunérons 150 €/hl ». Si certaines années la pression parasitaire a pu contribuer à cette diminution du rendement, l’évolution climatique reste une cause essentielle. « Depuis plusieurs années, on constate une diminution de la pluviométrie durant les trois mois d’été conjointement à un accroissement de la température moyenne durant cette période estivale. Les températures caniculaires sont de plus en plus fréquentes et les périodes où les températures sont élevées s’allongent. » L’ETP (Evapotranspiration) de la vigne qui traduit les besoins hydriques de la plantes s’accroît du fait de l’élévation des températures alors que l’alimentation en eau est réduite du fait de la raréfaction des précipitations. Ces évolutions aboutissent à des situations de plus en plus fréquentes de stress hydrique dans les zones les plus sensibles à la sécheresse. Cette année, le vignoble a brutalement viré après le 15 août. «Nous avons eu de fortes chaleurs conjuguées à un mistral très desséchant. Les vignes ont soudainement changé d’aspect avec, dans les zones les plus sensibles, des défoliations, des feuilles qui jaunissent, des grains qui se flétrissent ». En situation de forte contrainte hydrique, la vigne fait ses choix et privilégie sa survie au détriment des raisins. Cette sécheresse a occasionné des pertes de récolte de 5 à 20%, estime Laurent Gourdon. Même constat dans l’Aude où la contrainte hydrique, modérée jusqu’au 15 août, s’est brutalement accrue avec pour conséquence une réduction significative des volumes de récolte attendus, notamment dans les Corbières et le Minervois. « Il y a une urgence économique à mettre en place l’irrigation comme technique palliative », affirme Emmanuel Rouchaud.

Une gestion qualitative de la production

Au-delà de l’aspect économique, l’irrigation raisonnée du vignoble peut contribuer à l’amélioration qualitative des vins. Sur des cépages sensibles comme la Syrah, un stress hydrique sévère conduit à des blocages de maturité : les baies se concentrent en sucre et en acidité et surtout la maturité phénolique est difficile à atteindre : les tannins restent verts conduisant à une certaine dureté dans les vins. L’impact qualitatif de l’irrigation a également été démontré sur des cépages blancs comme le Sauvignon dont le potentiel aromatique est affaibli en région méditerranéenne en cas de stress hydrique sévère. « Sur les blancs et les rosés, l’irrigation amène une amélioration qualitative incontestable, affirme Michel Bataille, le président des Vignerons du Pays d’Ensérune. Sur les rouges, c’est moins flagrant. L’irrigation, si elle est nécessaire doit être plus tardive, la vigne doit d’abord subir une contrainte hydrique modérée pour arrêter sa croissance. Dans tous les cas, l’irrigation est un outil de gestion qualitative de notre production. Elle nous permet d’élaborer différents profils de produits. C’est un moyen pour le Languedoc-Roussillon d’être présent sur le segment des entrées de gamme qualitatifs en étant compétitifs par rapport aux pays du Nouveau Monde ». Pour Alain Rogier, la maîtrise de l’eau dans les vignes en coteaux permettrait une qualité plus homogène. C’est également un moyen de régulariser la production d’une année sur l’autre. « Avec cette succession d’années sèches, la vigne est affaiblie, elle pompe sur ces réserves et la sortie de l’année suivante en est affectée ».

Une région mobilisée

Suite à ces trois dernières années de sécheresse, la régulation du stress hydrique par l’irrigation s’est imposée comme une urgence pour la survie du vignoble languedocien. Lors de la dernière assemblée générale d’Inter Sud de France, fédération des interprofessions du Languedoc-Roussillon, la commission technique a classé le dossier en tête de ses priorités. « En nous appuyant sur les chambres d’agriculture et l’IFV, nous allons réaliser un inventaire du vignoble pour définir les zones où il est possible d’irriguer à partir du réseau du Bas-Rhône, des barrages ou de retenues collinaires. Ce travail devrait être bouclé d’ici la fin novembre. Parallèlement, nous travaillons sur les cépages résistants au stress hydrique, qui pourraient constituer une alternative dans les zones où il ne sera pas possible d’irriguer. Des cépages comme le Cinsault ou le Carignan, qui ont été beaucoup arrachés ces dernières années, présentent une résistance au stress beaucoup plus importante que la Syrah », explique René Moréno, président de commission technique d’Inter Sud de France. Convaincue par ces arguments et la forte mobilisation de l’ensemble de la filière viticole régionale, pour une fois unanime, le Conseil régional, longtemps réticent à financer ce type de projet, s’est rallié à cette cause. Depuis l’été 2009, la Région et l’ensemble de la filière viticole ont demandé à l’Etat de faire évoluer les cadres existants pour financer les projets d’irrigation avec les fonds européens FEADER. Suite à cette demande, l’Europe a accepté de financer la création de retenues d’eau ou bassins de stockage individuels. Mais élus et professionnels réclament que les fonds européens puissent aussi être utilisés pour développer de nouveaux réseaux d’irrigation et pour la création de retenues d’eau à usage collectif. Cette demande doit être appuyée par l’Etat français qui, à ce jour, n’a toujours pas donné son feu vert. D’après les compléments d’information demandés par le Ministère, les réticences du gouvernement porteraient sur les craintes de hausses de rendement intempestives, favorisées aujourd’hui par la nouvelle réglementation des vins sans IG. La gestion de la ressource en eau ferait également partie des réserves ministérielles sur ce dossier. La Région a mis de côté un montant de 6 M€ sur les fonds européens, mais l’utilisation de ces fonds pour l’irrigation de la vigne doit être validée par le Ministère. Une demande de rendez-vous avec le Ministre de l'Agriculture a été faite en juillet dernier mais n'a pour l'heure pas abouti. Si le dossier se débloque, ces 6M€ de fonds européens permettraient d’envisager des travaux pour un montant d’environ 20 M€ avec un co-financement de la Région et du Département. « La sélection des projets s’effectuent sur trois critères », précise Marc Barral en charge du dossier au Conseil régional, disponibilité avérée de la ressource en eau, rentabilité économique qui doit s’inscrire dans un projet stratégique d’entreprise, une approche multi-usage des réseaux hydrauliques qui ne se cantonne pas à l’irrigation de la vigne mais doit également répondre aux besoins liés à la croissance démographique ou au développement du tourisme ».

Trois projets pilotes dans l'Hérault

Pour l’heure, trois projets pilote sont en cours dans l’Hérault : Les vignerons du Pays d'Ensérune, Roquebrun et l'Occitane qui représentent au total 2500 ha irrigables. « Ces projets doivent nous permettre de préciser les coûts et de tester la motivation réelle des viticulteurs », indique Marc Barral. L’expérience montre que convaincre les viticulteurs de mettre la main à la poche pour financer une partie des travaux n’est pas une tâche si aisée en temps de crise. Or l’adhésion du plus grand nombre est primordiale pour répartir des coûts. « Nous sommes fortement pénalisés par l’éparpillement du parcellaire. Nous pourrions irriguer le double des surfaces, mais l’arrachage réduit notre périmètre. C’est dommage parce que cela renchérit les coûts », témoigne Michel Bataille. Dans le projet pilote des Vignerons du pays d’Ensérune, le coût global des travaux pour la mise en place des réseaux secondaires et tertiaires amenant l’eau jusque dans les vignes a été estimé à 6000 € /ha. 75% pourrait être prise en charge par des aides publiques, ce qui ramène le coût à 1500 €/ha pour les viticulteurs. Coût auquel il faut ajouter de l’ordre 1000 à 2000 €/ha pour l’installation du système de goutte à goutte. Pour inciter ses adhérents à s’équiper, le groupement coopératif octroie une avance de 1000 € par hectare.

L'Aude veut devenir site pilote pour l'irrigation

Dans l’Aude, la situation est tout aussi critique notamment dans l’est du département où il est difficile d’envisager l’irrigation à partir du développement de réseaux existants. « Les coûts seraient prohibitifs, estime Emmanuel Rouchaud de la Chambre d’agriculture. L’idée est donc de créer la ressource en eau à partir de retenues collinaires. « Il y a de l’eau partout en sous-sol, affirme Emmanuel Rouchaud. Le trop plein des nappes souterraines est renouvelé en permanence. Il serait envisageable de mettre en place des retenues collinaires, constituant des réservoirs à taille humaine qui pourraient être gérés par des petits collectifs ». Trois projets pilote sont également en cours dans le département. Dans l’ouest du département, une étude est en cours pour l’irrigation d’une partie du vignoble de la Malepère par prélèvement dans un cours d’eau dont le renouvellement est assuré. Dans le Haut Minervois, la communauté de communes a établi un diagnostic des ressources en eau et fait le recensement des besoins. Le dossier est maintenant en phase opérationnelle avec la mise en place des premiers projets individuels. Enfin dans les Hautes Corbières, sur les vignobles de Durban, Tuchan, Mont Tauch, Paziols, l’étude doit démarrer en octobre pour définir au cas par cas les dispositifs à mettre en place : prélèvement pour les communes qui ont l’eau ou retenues collinaires. Lors d’une rencontre avec le préfet la semaine dernière, élus et professionnels ont réclamé le classement de l’Aude comme site pilote pour l’irrigation de la vigne. Actuellement 25000 ha de vigne sont irrigués dans la région soit environ 10% du vignoble. Une surface amenée à progresser, tout comme devront progresser en parallèle les connaissances et la maîtrise des techniques d’irrigation. Vitisphère ne manquera pas d’approfondir ces aspects techniques dans de prochains dossiers.

 

 

Retrouvez le matériel et les services dédiés à la viticulture sur le Salon Virtuel de Vitisphere

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Côte-d'Or - Stage GVB WINE
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé