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Cépages : Plaimont fait le point sur la diversité génétique du vignoble
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Cépages : Plaimont fait le point sur la diversité génétique du vignoble

Par Vitisphere Le 17 septembre 2010
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Cépages : Plaimont fait le point sur la diversité génétique du vignoble
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es 9 et 10 septembre dernier, le groupement coopératif gerso-béarnais Plaimont (appellations Saint-Mont, Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh) a organisé un colloque ayant pour but de présenter à la presse du vin française comme internationale les résultats de travaux menés depuis 25 ans pour la sauvegarde voire le re-développement de cépages locaux oubliés. Les vignerons de Plaimont ont mené à bien cette initiative en partenariat avec plusieurs organismes et chercheurs publics, qui ont présenté un panorama des recherches dans ce domaine.

Les objectifs de la conservation des cépages anciens

Le vignoble français connaît ce que les scientifiques appellent un « avilissement », ou « une érosion génétique », c’est à dire que les plantations se concentrent de plus en plus sur quelques cépages: en 2006, les 20 variétés les plus importantes représentaient 86% du vignoble, contre 53% en 1958. Dans le même temps, des cépages secondaires ont disparu, et 16 variétés ne sont plus recensées depuis une dizaine d’années, au fur et à mesure que les vieilles parcelles sont arrachées. Les buts de la conservation des cépages anciens sont nombreux. Il s’agit en premier lieu de conserver le patrimoine, mais aussi de le valoriser en inscrivant de nouvelles variétés ou de nouveaux clones de variétés déjà connues au catalogue officiel. Elles permettront aux vignerons de jouer sur le côté typique de la production locale, mais aussi de s’adapter au changement climatique, grâce à des clones plus tardifs, moins alcoogènes, ou encore de diminuer les intrants en adoptant des plants plus résistants au botrytis. Enfin, la conservation permet de faire des recherches de parenté, mais aussi d’élargir les possibilités de la création variétale, et de trouver de nouveaux gènes intéressants.

La conservation des cépages en France

6000 cépages sont actuellement connus dans le monde, 500 sont recensés en France (150 dans le Sud-Ouest), dont 325 sont autorisés à la plantation. Laurent Audegain, responsable sélection, recherche et développement à l’Institut Français de la Vigne et du Vin, a présenté les trois niveaux de conservation actuellement existant dans l’hexagone : -Le plus large : la collection internationale des cépages et vitacées du domaine de Vassal à Marseillan, dans l’Hérault, en bordure du littoral, dans des zones de sable, à l’abri des viroses, en particulier du court-noué. On y trouve 2600 cépages, diversifiés en 5000 « accessions » de Vitis vinifera originaires de 38 pays, plus une trentaine d’espèces de Vitis non vinifera (américaines ou asiatiques). -La plus spécialisée : 120 conservatoires consacrés à la diversité interne à une variété de cépage existent actuellement en France (contre moins de 20 en 1984) ; ils ont pour but de conserver les individus les plus différents d’une espèce. -La plus utilisable : la collection de l’Espiguette, au Grau du Roi, également dans des zones de sable, avec 4000 clones conservés, dont 1100 diffusables pour la profession viticole, représentant 300 cépages. La base de données nationale des cépages est consultable en cliquant ici. Une base de données européenne sera disponible sur internet à la fin de l’année à l’adresse http://www.eu-vitis.de .

Génome et identification des cépages

Jean-Michel Boursiquot, maître de conférences à Montpellier-SupAgro, a expliqué de quelle façon l’ampélographie a progressé grâce à la génétique. Le génome des êtres vivants comprend des gènes qui sont des unités d’information transmises à la descendance. Les support des gènes sont les molécules d’ADN, formée d’unités de base de quatre types (adénine, thyamine, cytosine et guanine). Ces quatre composants se succèdent le long de la chaîne de l’ADN, mais avec des différences de longueur des molécules et de séquence des composants, ce qui explique la diversité du vivant, et en particulier de la vigne. Le génome de la vigne contient environ 30 000 gènes ; on pense qu’il a résulté de la fusion des génomes de trois autres plantes antérieures ; on sait également que la majorité des caractères intéressants de la vigne font intervenir plusieurs gènes ; enfin, une même vigne peut avoir un ADN différent selon la partie que l’on observe. En observant les répétitions des codes dans l’ADN d’un cépage, et en les comparant avec celles des autres cépages connus, on arrive, quand ces répétitions sont semblables, à déterminer les liens de parenté entre cépages. C’est de cette manière qu’on a découvert que le Merlot était issu du croisement du Cabernet franc et d’un cépage retrouvé en 1996 en Bretagne, la Magdeleine noire des Charentes, qui a également donné le Cot en croisement avec le Prunelard.

Des utilisations de cépages anciens retrouvés

Le travail de conservation donne lieu à des utilisations concrètes, qui se multiplient actuellement. En Champagne, certains producteurs s’intéressent de nouveau au Petit meslier et à l’Arbane ; en Isère, Savoie et Côtes du Rhône, il y a actuellement une démarche pour redévelopper le Mornen, le Chouchillon, la Mècle de Bourgoin ; la Savoie a aussi redéveloppé le Persan et la Mondeuse blanche ; en Charentes, on réutilise le Chauchet pour le Pineau des Charentes ; en Provence, le Mollard ; l’Aspiran en Minervois-La Livinière (rebaptisé Riverenc) ; le Prunelard à Gaillac ; en Jurançon, le Camaralet (pour obtenir des vins de degré inférieur) ; en Ardèche, le Chatus et le Couston (qui vient d’être inscrit au catalogue). A l’étranger, au Chili, la Carmenère, qui avait quasiment disparu en France, a permis de se démarquer du Cabernet-Sauvignon. En Espagne, depuis dix ans, en Catalogne, la société Torres a créé un conservatoire (dans une démarche comparable à celle de Saint-Mont) grâce auquel ont été redéveloppés le Samso et le Garro. En Sicile, le Nero d’Avola connaît une réémergence très forte. En Californie, à côté des cinq cépages les plus répandus, on voit émerger le Tannat et le Cot en rouge, le Pinot gris, la Marsanne et la Roussanne en blanc. Enfin l’Australie voit se développer le Savagnin (au début confondu avec l’Albarino).

Le conservatoire des cépages de Saint-Mont

Alors que le vignoble local connaîssait une importante restructuration dans les années 80, Jean-Paul Houbart, technicien de la cave de Plaimont, a commencé à marquer des vieilles souches et à conserver des variétés comme le Tannat meunier, le Tannat quillard ou encore le Miousap. En 1999, le travail a pris une tournure plus scientifique avec la participation de l’ENTAV, de l’Onivins, de l’INRA et de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Une prospection d’une dizaine de parcelles a été réalisée, en particulier une parcelle préphylloxérique franche de pied. 362 souches ont été marquées, dont 46 variétés non identifiées. Les souches ont été testées aux viroses, puis récoltées et greffées sur des porte-greffes 3309. Pour réaliser ensuite un conservatoire, le plus difficile fut d’obtenir des autorisations de planter des cépages non classés, voire inconnus. La parcelle de vigne utilisée a été achetée par les producteurs Plaimont, qui ont financé la plantation. En juin 2002 ont été plantés 5022 pieds sur 63 ares. Sur les 40 cépages présents, 11 sont utilisés actuellement, 9 sont encore dans la mémoire locale mais presque disparus, 6 sont d’anciens cépages complètement oubliés mais sauvegardés à Vassal, 11 cépages sont inconnus, 1 cépage est à l’état sauvage (lambrusque), et deux sont non identifiés génétiquement. Pour les producteurs Plaimont, l’objectif est plutôt de « trouver des compléments pour complexifier les assemblages », comme le dit Olivier Bourdet-Pees, le directeur technique.

Bientôt un nouveau cépage au catalogue ?

Les cépages du conservatoire font l’objet de mesures sur pied, de vinifications (avec des levures neutres), d’analyses des vins (rendements, polyphénols, acidité, alcool, anthocyanes) puis de dégustations (qualité et quantité des tannins, chaleur, acide, gras, végétal, épice, fruit rouge, intensité aromatique du nez, maturité du fruit, persistance, intensité aromatique de la bouche). Les prochaines étapes seront pour les nouveaux cépages intéressants l’inscription au catalogue des cépages (dans un délai de six ans minimum), ou la sélection d’origines locales de cépages connus (délai de huit ans). Actuellement, se profile déjà un candidat intéressant, le « plant de Dubosc 1 », qui a une petite grappe serrée à petits grains, une maturité tardive, un degré potentiel élevé à maturité, une acidité élevée, mais avec des tanins très fins, moins puissants que le tannat, une belle longueur et un beau volume en bouche. Ne reste plus qu’à lui trouver un nom !

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