es enjeux de la concentration est une question qui revient de façon incessante au gré des actions de restructurations opérées depuis quelques années dans un contexte de mondialisation du marché du vin.
A ce sujet, des avis s'élèvent régulièrement sur la structure singulière du marché du vin en France, qui à l'image des principales régions vinicoles, demeure extrêmement fragmenté. Ce phénomène de concentration est-il réel ? Quels sont les modes opératoires les plus souvent appliqués ?
Retrouvez tous les mois sur Vitisphere.com, une tribune rédigée par un professeur de l'équipe de recherche 'Marché des Vins et des Spiritueux' de BEM ? Bordeaux Management School autour d'une problématique professionnelle.
Ce sont ces questions qu'une recherche menée sur le vignoble Aquitain et girondin a permis d'étudier. On y apprend plusieurs choses. Tout d'abord qu'au regard de la gamme des modalités de concentration adoptées, la fusion semble prévaloir dans les coopératives alors que les maisons de négoce privilégient l'acquisition. Les motifs sont différents selon les acteurs de la filière. Mais à chaque fois, l'impératif final demeure l'adaptation de l'outil de production et commercial aux exigences d'un contexte mondial qui se transforme. Monde coopératif et monde du négoce (près d'une trentaine de grands décideurs interrogés) se rejoignent sur ce point : la mutation du paysage international implique une réorganisation de la filière et des organisations.
Défendre avant tout un intérêt commercialEnsuite, ce n'est pas une surprise, le principal argument en faveur de ces opérations réside dans l'intérêt commercial qui, joint à l’argument financier, stimule dans une première logique court termiste les opportunités de rachat d'actifs mobiliers ou d'actifs marketing. L'élargissement de l'offre, couplé à un accroissement des volumes par effet de croissance externe, sont les deux raisons les plus communément citées. S'il est naturel de l'observer pour le négoce dont l'activité commerciale s'inscrit par définition dans une logique d'entreprise, cette volonté dans le monde des coopératives peut apparaître plus inédite. Cependant des dissemblances d'approche subsistent. L'examen des opérations dans le négoce laisse percevoir des visées plus offensives et individuelles, là où les coopératives semblaient vouloir privilégier, au moins dans un premier temps, des approches plus défensives et intégratrices. Mais ces logiques défensives laissent de plus en plus place à des comportements nettement plus offensifs. Si l'amont et l'aval de la filière s'organisent, au sens stratégique, c'est qu'ils ont parfaitement intégré combien l'investissement commercial demeure l'une des clés du développement futur du secteur. La filière se restructure et les opérations se multiplient en accélérant le rythme depuis les années 2000. Pour la première fois, ce phénomène est observé et commenté à la lumière des derniers rapprochements opérés par les acteurs. Il permet de poser clairement la question du nécessaire équilibre à trouver entre fragmentation excessive et recherche d'une structuration optimum en faveur de la compétitivité. Face aux enjeux, si l'organisation de la filière semble apparaître comme inéluctable, il faudra bien aussi composer en tenant compte de sa structure singulière qui, rappelons-le, a su prouver au fil des décennies le bien-fondé de sa composition.