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Interview de Denis Verdier (CCVF) : « Si on supprime à la fois la régulation et le soutien aux démarches entrepreneuriales, alors l’OCM est un marché de dupes »
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Interview de Denis Verdier (CCVF) : « Si on supprime à la fois la régulation et le soutien aux démarches entrepreneuriales, alors l’OCM est un marché de dupes »

Par Vitisphere Le 10 juin 2010
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Interview de Denis Verdier (CCVF) : « Si on supprime à la fois la régulation et le soutien aux démarches entrepreneuriales, alors l’OCM est un marché de dupes »
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enis Verdier est le président des Coopératives Viticoles de France.

La campagne 2009-2010 se termine le 31 juillet prochain, quel bilan en tire-t-on du côté des caves coopératives ?

 La situation du marché est inquiétante. Si l’on sent depuis quelques mois une activité plus soutenue dans les volumes, les prix actuels sont restés à des niveaux faibles. De notre point de vue, la campagne 2009-2010 se terminera sur des stocks minorés qui devraient donc permettre une reprise des cours pour la campagne prochaine. Cette reprise des cours est indispensable pour l’équilibre financier des exploitations. A plus long terme, la crise laisse des traces, en témoignent l’abandon ou de l’arrachage d’un grand nombre d’hectares de vigne. Photo : Denis Verdier, au siège de la CCVF

Ce fut aussi la campagne de l'entrée dans la nouvelle OCM, quelles sont les conclusions de cette transition ?

Après dix-huit mois de mise en œuvre de la nouvelle OCM, nous ressentons déjà les limites catastrophiques pour la production viticole. Si Bruxelles a mis en place la dérégulation, en contrepartie, nous attendions des aides aux investissements structurants pour le marché, des aides aux projets des entreprises, à la promotion des produits. Or nous sentons aujourd’hui les limites de cet exercice. Côté dérégulation, on a supprimé l’aide à la prestation vinique (1€/hl perdu pour le vigneron), supprimé aussi l’aide à l’enrichissement (qui compensait l’écart de prix de revient entre la chaptalisation et l’utilisation des MCR) ; on a bouleversé cet équilibre économique entre les vignobles qui sont autorisés à chaptaliser et ceux qui ne le sont pas. Il faut laisser l’aide à l’enrichissement ou autoriser la chaptalisation à tous. Autre mécanisme de régulation qui a disparu, le financement des stocks pour les vins sans IG et les IGP. Enfin, et c’est le plus grave, l’inscription dans le texte de la suppression des droits de plantation. Le libéralisme a triomphé à Bruxelles.

Vous n'étiez pourtant pas hostile à cette libéralisation a priori ?

Je n’ai pas fait de question de principe. On nous a proposé des contreparties à la dérégulation pour favoriser le développement des entreprises leaders, notamment à l’export, avec des aides à la promotion, à l’investissement dans les entreprises… Mais où sont-elles ? L’enveloppe nationale pour l’investissement sur cinq ans est de 165 millions d’euros, avec une obligation annuelle de dépense (nous avons perdu 17 millions d’euros sur l’ensemble de la campagne première). Du coup, une espèce de folie s’est emparée du processus : pour consommer l’enveloppe, on a encouragé le dépôt des dossiers tous azimuts. Il n’y avait pas de critères sélectifs ni d’orientation budgétaire structurante ; à l’arrivée, on se retrouve aujourd’hui avec un stock de dossiers qui dépasse largement le total de l’enveloppe attribuée pour la durée de l’OCM. La question du financement des aides, promis à hauteur de 40 % des investissements, est aujourd’hui posée. Nous avons demandé une expertise globale pour supprimer les éventuelles aberrations (par exemple, un risque d’enrichissement personnel). Rendez-vous est pris pour juillet afin d’approfondir le sujet. Pour nous, il faut éviter une logique de guichet « premier arrivé, premier servi ». L’essentiel cependant reste de prévoir quel sera le sort réservé après le 30 juillet et jusqu’à fin 2012 aux investissements dans notre filière. On ne peut nous supprimer à la fois la régulation et le soutien aux démarches entrepreneuriales, ou alors, l’OCM est un marché de dupes.

Quelles sont les possibilités pour réintroduire des éléments de régulation du marché ?

Nous avons l’opportunité de compenser la faiblesse de l’OCM par le projet de Loi de Modernisation Agricole actuellement en discussion au Parlement. Ce serait une première qu’un Parlement national vote une loi pour compenser l’ultra-libéralisme de Bruxelles. Cette volonté se traduit également dans le discours sur les droits de plantation : alors que leur suppression est programmée en Europe pour 2015, le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire souhaite les rétablir. Il a d’ailleurs chargé la député Catherine Vautrin de travailler sur le sujet. Sur un plan européen, les représentants de la production sont favorables à ce rétablissement mais ce n’est pas l’avis d’une partie du négoce. Avec la LMA, une contractualisation production-metteur en marché, la mise en place de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, le renforcement des interprofessions et la possibilité pour elles d’émettre des indices de tendance des marchés sont autant d’éléments qui peuvent contribuer à une bonne organisation du marché. La viticulture a intérêt de se saisir de ce dossier. Enfin, nous souhaitons, pour l’après 2013, lancer une réflexion horizontale, avec l’ensemble des familles agricoles. D’un point de vue budgétaire, la filière viticole a intérêt à participer à ce débat (les aides PAC annuelles sont de 9 milliards d’euros, le budget de l’OCM pour 2009 est de 240 millions). Il y a donc nécessité de rééquilibrer. Ceci dit, nous partageons avec Coop de France l’idée que l’aide pour l’aide n’est pas légitime, mais que pour la pérenniser, il faut attribuer l’aide aux filières en fonction d’un certain nombre de critères qui s’intègrent dans les demandes sociétales.

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