e marché des vins sans IG avec mention de cépage connaît un début de campagne timide. Les opérateurs sont notamment dans l'expectative sur une série de précisions sur les modalités d'application du nouveau régime des vins européens, notamment en ce qui concerne l'export à destination des Etats-Unis.
L'AREV (Assemblée des Régions viticoles européennes) réagit au refus des Etats Unis de la mention du millésime sur les vins sans indication géographique et rappelle que la législation américaine est conforme en la matière à la réglementation de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), contrairement à la segmentation des vins issue de la nouvelle OCM européenne.
« Faisant fi des règlements fondamentaux consignés dans le « Code de l’Etiquetage » de l’OIV, les eurocrates ont ainsi autorisé la mention du cépage et du millésime sur les vins de table redéfinis en « vins sans indication géographique », ont déclaré Jean-Paul Angers et Dominique Janin, Secrétaires Généraux de l'AREV, dans un récent communiqué. « Ce faisant, ils ont mis la nouvelle réglementation européenne en contravention avec la « Norme Internationale pour l’Etiquetage des Vins » dudit Code de l’OIV : → L’article 3.1.4, traitant du « Nom de la variété » stipule en effet : « Il ne peut être indiqué que si […] le vin bénéficie d’une appellation d’origine reconnue ou d’une indication géographique reconnue. » → L’article 3.1.5, traitant du « Millésime ou année de récolte » stipule : « Cette mention est réservée aux vins bénéficiant d’une appellation d’origine reconnue ou d’une indication géographique reconnue. » Pour l’OIV, la raison profonde en est que la condition essentielle de l’attribution de ces mentions valorisantes réside dans la traçabilité, condition qui n’est pas réunie par les vins de masse que sont les vins de table. Outre qu’il est un gage d’authenticité, le rapport cépage/origine permet d’identifier les meilleures conditions d’exploitation des terroirs. Et cette exigence était aussi inscrite dans le droit américain. »
La confusion à tous les niveauxAu moment des discussions préalables à l’adoption de la réforme de l’OCM, l’Arev avait manifesté son inquiétude sur plusieurs points dont celui des vins sans indication géographique avec mention de cépages. Aujourd’hui l’Arev s’inquiète également du projet européen réforme de la politique de qualité des produits agricoles, qui tend vers une simplification des signes officiels de qualité. « Parmi les propositions retenues, la Commission envisage la fusion des deux catégories AOP et IGP pour ne retenir que le concept d’indication géographique (IG). Ce faisant, elle nie de nouveau les différences profondes qui existent entre ces deux systèmes et qui reposent non seulement sur l’origine, mais encore sur les conditions de production et les rendements », dénonce l’Arev. L’organe de défense des régions viticoles européennes craint « la sape » du système d’appellations européen. « Le brouillage pernicieux de la hiérarchisation au niveau de l’étiquette va immanquablement mettre en concurrence frontale les vins de bas de gamme et les vins d’appellations au détriment de ces derniers : c’est la production basique « canada dry », déjà en perte de vitesse auprès du consommateur, qui va être relancée, puisqu’elle va pouvoir se parer de plumes de paon, et qui va perturber l’offre qualitative sans avoir à en remplir le cahier des charges ».
Un chassé-croisé à contretemps« Le plus affligeant », constate Dominique Janin, secrétaire général de l’AREV, « c’est que la Commissaire Fischer Boel ait engagé la viticulture européenne dans cette voie précisément au moment où, après avoir constaté les limites de leur propre système dérégulé (les pertes subies par de nombreuses entreprises australiennes sont très importantes et ont conduit récemment à des arrachages massifs), les pays tiers sont en passe de se convertir au « terroir » et à ses mentions d’origine. Comme si les vignobles du Nouveau Monde, en accédant à plus de maturité, découvraient toute l’importance de l’introduction des paramètres naturels et humains. C’est en effet la seule conception qui s’inscrive dans la durée, parce que c’est la véritable « lecture » du milieu naturel par les hommes.»




