e Comité Interprofessionnel des Vins du Sud Ouest (CIVSO) est la première interprofession viticole mixte, regroupant AOC et Vin de pays. A l'heure où d'autres régions peinent à construire ou préserver leur unité interprofessionnelle, Paul Fabre, le directeur du CIVSO, explique la stratégie de cette toute récente interprofession qui regroupe une très grande diversité de production.
Nous regroupons effectivement une très grande diversité de terroirs et d’appellations. Certaines dépassent le million d’hl alors que d’autres n’atteignent pas les 100 hl de production annuelle. Si toutes ces appellations ont pourtant trouvé bon de se regrouper sous une même bannière, c’est bien sûr par souci d’efficacité dans leurs actions de promotion et de communication. Mais c’est aussi parce qu’il existe bel et bien un trait commun entre toutes ces régions de production : le sentiment d’appartenance à une même région de forte identité : le sud-ouest. La définition de cette identité a d’ailleurs été la première action engagée par l’interprofession. Nous avons travaillé sur les valeurs qui définissent l’identité sud-ouest. Cette réflexion a aboutit à 4 grands traits de caractère : le sens de l’accueil, le sens de l’équipe, le sens du travail bien fait et le sens de l’avenir. Dès janvier, une campagne de communication interne menée auprès de tous les vignerons et metteurs en marché déclinera ces quatre grands thèmes. Ce travail était la base pour fédérer sous une même bannière la très grande diversité de nos terroirs et dénominations.
Cette bannière commune des vins du sud-ouest ne risque-t-elle pas d'éclipser la communication spécifique à chaque appellation ?Ce n’est pas le choix que nous avons fait. Après avoir défini notre identité commune, nous allons travailler sur la spécificité de chaque appellation. Nous ne sommes pas là pour gommer les appellations d’autant que l’appellation vin du sud-ouest n’existe pas. Chaque appellation communiquera sous son nom mais avec une signature commune : « sud ouest». L’identité de chacune sera respectée mais sous un habillage commun. Et bien sûr l’interprofession négociera globalement l’ensemble des budgets communication de chaque appellation.
La création d'une IGP régionale est également à l'étude ?C’est effectivement un de nos axes de travail. Nous avons déjà une IGP régionale avec Comté Tolosan. Mais la réforme de l’OCM nous conduit à réfléchir à une nouvelle IGP qui couvrirait la totalité de notre territoire. Géographiquement nos vignobles sont situés tout au long d’un axe qui relie le Massif Central aux Pyrénées : ils suivent très exactement le chemin des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Une réflexion est en cours au niveau technique pour définir quel pourrait être le profil produit de cette future IGP. Les contours marketing de cette future IGP sont également en cours de discussion au sein de l’interprofession : quel positionnement, quel volume, quel prix… Le débat est engagé entre production et metteurs en marché.
Concrètement, comment êtes-vous organisé pour couvrir ce vaste territoire et recouvrir des cotisations (CVO) de productions aussi hétérogènes ?Notre très vaste territoire est un handicap en termes de fonctionnement : pour conserver une proximité avec les vignerons et metteurs en marché, nous avons mis en place quatre sections interprofessionnelles : Gaillac, Fronton, Madiran, Saint Mons. Une cinquième est également à l’étude pour les Côtes de Gascogne. Chacune de ces sections dispose d’un bureau sur place et d’un salarié en charge du contact avec le terrain. Cette implantation régionale permet la remontée d’informations terrain vers notre siège toulousain. Concernant les CVO, nous avons différents niveaux de cotisations : 0,5€/hl pour les vins de pays ; pour les AOC, la cotisation de base est de 1€/hl. Elle donne accès à un tronc commun d’actions de promotion et de communication en France comme à l’export. Une cotisation supplémentaire, toujours obligatoire, est mise en place par certaines appellations. Elle sert à financer les actions locales de promotion et des programmes France et export en renforcement des actions prévues dans le tronc commun. Pour 2010, nous partons sur un budget de 4 M€.