L'audit au service de la performance des propriétés viticoles

’audit est peut-être le métier du consultant par excellence, avant tout parce qu’il requiert un Å“il extérieur pour étudier l’entreprise, cerner ses difficultés et ses atouts et proposer des solutions innovantes en toute indépendance. Venue de l'industrie, la méthodologie de l'audit a conquis la finance mais la culture de la performance peine à s'imposer dans le milieu viticole. Les consultants-auditeurs de la sphère conseil vous en disent plus sur un outil d'amélioration et de développement dont il serait dommage de se priver...

Dessine-moi un audit de propriété viticole

L’audit, c’est quoi ? « Avant tout un état des lieux, explique Bruno Lefortier spécialiste de l'audit et de l'expertise de propriété viticole dans la Sphère Conseil Vitisphere, Ensuite un diagnostic à partir de cet état des lieux. Enfin, un ensemble de solutions préconisées et que l’entreprise peut mettre en œuvre avec ou sans le consultant. On peut procéder à un audit complet de la propriété, qui couvrira toutes ses activités, de la culture à la commercialisation. On peut également choisir de concentrer son attention sur la partie culture, le sol, l’organisation du travail ou la commercialisation ». Photographie, analyse et solutions, tel est le triptique de l’audit, que l’expert inscrit dans différents contextes selon sa spécialité. Pour Bruno Lefortier, spécialiste, entre autres, des questions foncières, donc de l’expertises de valeurs (successions, transmissions de patrimoins, cessions…), l’audit se rapproche parfois du rapport d’expertise foncière (sans préconisations donc) avec des expertises qualitatives (accompagnement d’acheteurs de domaines pour fiabiliser le dossier de cession et limiter les mauvaises surprises au moment de la prise de contrôle du domaine ; c’est admis) et/ou expertises intervenant dans le cadre de recouvrements. Même constat de l’omniprésence de l’expertise foncière dans l’audit de domaine chez Bruno Bernet, expert-auditeur spécialiste de la gestion technico-administrative des domaines viticoles dans la Sphère Conseil, avec une place importante dévolue à l’audit en vue de transaction. « Arriver sur une propriété dans ces conditions est une position privilégiée pour établir une relation durable avec le repreneur. » Autres champs de manœuvre pour l’audit : Bruno Bernet mène également une activité d’enseignant et de responsable d’apprentissage. Il peut être amené à auditer les capacités et les besoins réciproques des entreprises pour l’accueil d’apprentis : « Il s’agit de se demander ce que l’un peut apporter à l’autre pour une période de deux à trois ans ». Bruno Bernet réalise enfin des expertises judiciaires et les audits demandés par France Agrimer dans le cadre de l’octroi d’aides à la restructuration.

Vers une culture de la performance en milieu viticole ?

"L’audit fait parfois peur au milieu viticole, un milieu qui a longtemps vécu de manière assez fermée, avec des méthodes de travail parfois ancestrales, où il faut distinguer traditions et archaïsme. On est dans le contraire de l’industrie, où la culture de la performance fait de l’audit une procédure habituelle » explique Bruno Lefortier  « Certes, on vit une révolution avec la nouvelle réglementation des ODG qui induit un cahier des charges à observer et l’introduction d’une démarche obligatoire d’auto-contrôle. C’est une culture qui entre dans la vigne. En outre, même si l’audit, lui, reste parfaitement libre, ce sont parfois les clients de la production qui l’imposent, et notamment les distributeurs » Fixer des objectifs, améliorer les résultats en fonction d'indicateurs de performance n'est cependant pas encore un réflexe pour la production de vin, précise Bruno Lefortier : « L’audit reste essentiellement un marché de prescripteurs : notaires, avocats, œnologues… C’est sur leur recommandation que les producteurs décident de faire un audit. Le contact direct est plus rare, une fois encore, l’initiative vient rarement des producteurs, alors que bien souvent, un audit leur permettrait de trouver des solutions rapides à mettre en œuvre pour redynamiser l’exploitation…" "Nos clients qui demandent un audit de leur propriété souhaitent le plus souvent revoir leur organisation (process et/ou organisation générale du travail) pour optimiser leurs coûts , revoir leur politique d'achats et réaliser des économies d'échelle... L'audit peut aussi être le moment d'une expertise plus technique, avec des estimations de rendements, des audit de sols et des analyses de pollution de chais qui peuvent être demandées par la filière purement viticole. Ma valeur ajoutée est alors d'activer mon réseau et de faire appel à des experts reconnus de ces questions précises." Retrouvez Bruno Lefortier, Audit et Expertise de domaines viticoles Management de transition dans la Sphère Conseil. 

L'audit comme base de travail et d'échange entre le consultant et le producteur

Source d'économie et d'efficacité dans l'entreprise, l'audit gagne du terrain dans le milieu viticole... mais ce n'est pas encore un réflexe, on l'a dit "L'audit n'est pas mon activité principale, concède Bruno Bernet, mais elle est importante car elle permet de rencontrer des clients : les relations sur la durée commencent souvent par un bon audit. Avec les audits réalisés dans le cadre d'une transaction, qui permettent de rencontrer au plus tôt le repreneur, la relation qui se noue est particulièrement intéressante. Bien sûr ces audits contiennent des préconisations de solutions au problèmes identifiées, préconisation suffisamment détaillées pour que le client puisse les mettre en oeuvre sans moi. Rien d'obligatoire, mais cette première prise de contact est souvent le meilleur des préludes à une relation de long terme." "Les repreneurs de propriétés viticoles viennent parfois de milieux très différents, poursuit Bruno Bernet, industriels ou financiers, familiers de la méthodologie de l'audit et ils ne sont pas rétifs à l'exercice. En outre, le moment de la reprise de propriété est aussi le moment de décider ce que l'on garde et ce que l'on change, de définir le périmètre du changement, en fonction de marchés, existants ou pas, des données de la production que l'on veut faire évoluer, ou pas, d'une gamme de vin qui ont trouvé leurs clients, ou pas... Tout est à étudier et la tentation des repreneurs est souvent de tout changer. C'est là qu'il est important d'avoir à ses côtés un professionnel compétent pour guider le repreneur, éléments objectifs de dépenses et recettes à l'appui, dans l'amélioration de l'existant autant que dans les nouveaux développements." La tendance à l'heure actuelle pour les repreneurs ? "On est souvent face à des repreneurs qui veulent tout changer, "faire bouger les choses". Ils sont prêts à investir beaucoup dans la notoriété. Parfois elle arrive mais rien n'est garanti et encore faut-il qu'elle suffise à compenser le surcoût de ces investissement. Car le prix de vente doit rester accolé à celui du marché. C'est particulièrement le cas en Languedoc, où le client sait qu’on trouve des vins excellents en-dessous de 10 € ; cela complique bien entendu la tâche de ceux qui veulent (ou doivent) vendre au-dessus de 20 €. Je suis particulièrement soucieux de cette cohérence et de ces aspects qui font le lien entre la technique de la vigne et du vin et l'économie du domaine.  Par la suite, la notion d'audit recouvre beaucoup de choses mais on retient que c’est un travail d’expertise dans un but précis avant de proposer des solutions chiffrées et validées : de fait, gestionnaire de propriété viticole, je me place en situation d’audit permanent, avec des points d'étape réguliers tant du côté technique et production que sur le positionnement marketing et les enjeux économiques".   Retrouvez Bruno Bernet (BB Consult), Expert-auditeur, Consultant technique et administratif de domaines viticoles, Spécialiste du Bio et Formateur dans la Sphère Conseil.