réée en 2008 par Frédéric Albert, la compagnie CTMV innove en remettant au goût du jour le transport à la voile tel qu'il se pratiquait au XIXe siècle. L'utilisation de vieux gréments, tels le Belem, un trois-mats construit en 1896, vise la réduction des émissions de C02 et propose du transport « propre ». La première marchandise que CTMV a choisi de transporter, dans un premier temps en Europe du Nord, est le vin. C'est-à-dire que la promotion des vins français à l'étranger fait partie de la stratégie de la société.
Dans un avenir proche, l'armateur lancera la construction de voiliers « éco-innovants » et « éco-responsables », afin de répondre à 100% à la philosophie de l'entreprise. Rencontre avec un armateur innovant.
- L’idée d’un transport maritime propre et respectant l’environnement a mis trois ans à se concrétiser. La compagnie fonctionne maintenant depuis un an sur un concept unique. Elle assure le transport de marchandises entre Bordeaux et Dublin, en réalisant 77% d’économie de CO2, d’après le bilan carbone réalisé par l’ADEME. Ce mode de transport est donc 4 fois moins polluant. *
Dès l’année prochaine nous ouvrons de nouvelles lignes vers le Danemark, le Canada et nous sommes en pourparlers avec les Etats-Unis.
Comparativement aux transporteurs traditionnels, nous sommes beaucoup plus réactifs et adaptables, surtout sur des petites quantités. Il nous faut en moyenne 4 jours pour un transport vers l’Irlande, alors qu’ailleurs, le process est beaucoup plus long. Notre capacité va de 30 à 60 palettes. Pour le moment, nous louons en longue durée de vieux gréments tels le Belem, puisque nous n’avons pas encore notre propre flotte. Cette démarche permet aussi de soutenir les propriétaires de ces bateaux et contribue à l'entretien du patrimoine maritime. Cela fait aussi partie de la philosophie de l’entreprise.
* CTMV a demandé le label Ecocert en tant que première flotte européenne de Marine marchande à voile certifiée "Transport Durable".
- Notre projet est bien sûr de construire une flotte avec des voiliers que nous voulons « éco-innovants » et « éco-responsables », pour les matériaux. La construction de notre premier voilier démarre en septembre. Il est conçu avec des matériaux et des process respectueux de l'environnement. Il va nous permettre d’augmenter notre capacité de transport à 200 palettes (environ 90.000 bouteilles) ce qui aura pour conséquence un abaissement de nos coûts. Actuellement, nous assurons le transport de vin, mais nous avons convaincu de nouveaux clients en Irlande. Nous allons donc transporter en retour du whisky (Johnson, Chivas), ainsi que des produits cosmétiques et alimentaires. Nous avons également créé une charte de qualité transport à laquelle adhèrent nos clients. Ils s’engagent de leur côté à respecter certaines contraintes liées à l’environnement.
Avec Fair Wind Wine, votre projet est axé sur le transport du vin. Quelle explication à ce choix ?
- Cela fait partie de notre stratégie, à savoir la promotion des vins français sur le marché étranger. Nous avons aussi une activité d’agents et de metteur en marché. Actuellement, nous travaillons avec 50 producteurs du Languedoc Roussillon, dont des caves coopératives, et avec 30 grands crus bordelais. Nous allons étendre notre activité à la Champagne, puis à la Bourogne. Les producteurs qui travaillent avec nous s’engagent également dans une démarche respectueuse de l’environnement, même s’ils ne sont pas tous labellisés « Bio ».
Lorsque nous organisons des actions de promotion des vins sur les bateaux, à quai, et que nous invitons les gens à venir déguster, cela crée une grosse attraction. Lors de notre dernier passage à Londres, 6500 personnes sont montés à bord durant 4 jours.
Enfin, je suis moi-même issu d’une famille de vignerons depuis plusieurs générations et le transport durable qui utilise les éléments et la nature est en juste prolongement du travail patient de la terre et de la vigne nécessaires à l’obtention de grands crus.