Revue de presse n°14 : Le Rouge, Le Rosé et Le Blanc

'actualité de cette semaine a quelque chose d'un rituel enfantin : quelle main ? La bonne ou la mauvaise ? Je commence par la mauvaise : le recul des vins français au Royaume Uni. Je termine par la bonne : la revue le Rouge et le Blanc fête, avec son numéro d'hiver, ses 25 ans, tandis qu'à l'autre bout de l'échiquier du vin, « Wine spec » , pour les intimes, dépasse les 2,58 millions de lecteurs. Entre les deux, il y a deux initiatives à rebrousser les poils en France. Catherine BERNARD

Au Royaume Uni, les vins américains dament le pion aux Français

Par quel bout prendre l'information ? Doit-on regretter le recul des vins Français au Royaume Uni, marché test, ou bien se réjouir de la progression des vins américains, l'un se faisant au détriment de l'autre ? La presse internationale a tranché, et cela sonne comme un air de revanche. « Le vin américain supplante le Français dans le coeur des amateurs britanniques », titre le Daily Telegraph. « Le vin US supplante le Français pour la première fois aux Etats-Unis », titre aussi le Vif en Belgique. Plus radical encore Decanter annnonce « L'Amérique supplante la France au Royaume Uni ». Ce n'est plus une histoire de vin, mais de pays. La claque, donc. On notera qu'aucun journal grand public français n'a repris l'information. Que lire ? (Harry Wallop résume vite et bien les explications à ce changement de podium : « La publicité à la télévision, les grandes marques et le rosé pas cher sont les principales clés du succès des Américains face à nos voisins d'Outre-Manche ». Et il enfonce le clou : « Personne il y a 20 ans n'aurait parié que l'Amérique dépasse la France ». Pour Decanter , le recul des vins français n'est pas une surprise : « Decanter avait annoncé en janvier 2003 : « la Californie est prête à supplanter la France au Royaume Uni ». Le rosé est le cheval de Troie de cette tendance structurelle. « Le rosé californien fait un malheur chez les femmes britanniques. Les ventes ont progressé de 17% en 2008. Les ventes de rosé français ont chuté de 7% en volume et 5% en valeur ». Comme une litanie, la revue anglo-saxonne répète : « les Californiens font très bien ce que les Français ne font pas très bien, du vin au goût des consommateurs ». Ainsi donc va le vin français, à l'étranger, une identité mise à mal.

Du vin dans les cinémas et les épiceries

Y aura-t-il une place pour les vins français dans les cinémas de Toronto et les épiceries de New York ? La presse canadienne d'un côté, américaine de l'autre, se font l'écho de deux expériences qui traduisent la progression de la consommation de vin dans ces deux pays. Le site canadien Cyberpresse nous apprend qu'à Toronto, « le cinéma Varsity, au centre-ville, détient un permis d'alcool depuis vendredi, et offre des boissons alcooliques dans quatre de ses salles. » Il s'agit d'un projet pilote. Vitisphère qui reprend l'information, note : « Difficile d'imaginer cela en France ». Dans le même temps, David Paterson, le gouverneur de New York, propose que les 19 000 épiceries et supérettes de l'Etat soient autorisées à vendre du vin. Mitch Franck, le journaliste de Wine Spectator précise que la proposition du gouverneur est motivée par la crise. « Avec la récession et la chute de Wall Street, l'Etat doit faire face à un déficitaire budgétaire colossal. La vente de vin dans les épiceries pourrait apporter 105 millions de taxes à l'Etat.» On dira que cette motivation en vaut une autre. Les Etats-Unis ont tourné la page de la prohibition, ils aiment leur vin et savent le vendre.

Les 25 ans de la revue le Rouge et le Blanc

C'est une revue rare, « menée par des amateurs, au sens étymologique du terme, sans publicité ou autre financement, avec les seules ressources assurées par les abonnés ». Le Rouge et le Blanc fête ses 25 ans, un quart de siècle, fidèle en tous points à la page de couverture de ce numéro 91: sur fond rouge, des feuilles de vigne blanches représentant des cépages, grands et méconnus, et une phrase, « depuis 25 ans nous lisons entres les vignes pour écrire le vin ». Le Rouge et le Blanc est né de la volonté de « défendre les vins de terroir menacés par des pratiques mortifères », pour constater, 25 ans plus tard donc, que « les menaces n'ont fait que grossir et se multiplier ». Le Rouge et le Blanc n'est pas une revue d'amateurs d'étiquettes. Il est inutile aussi d'y chercher un vocabulaire ampoulé et séducteur. Les mots et la langue sont ici exclusivement au service du vin. C'est une revue informée qui informe. Pour son 25ème anniversaire, le Rouge et le Blanc, offre à ses lecteurs un supplément sur les vignobles de Grèce, terre de Dyonisos. Le Rouge et le Blanc nous convie à un voyage dans le temps sur l'île de Santorin plantées de vieilles vignes d'assyrtiko, plusieurs fois centenaires, franches de pied, taillées en ambelia. Joyeux anniversaire et bon Noël.