'est le temps des marchés de Noël, du vin chaud, et des courses pour les fêtes. La crise, encore elle, et sans doute pour quelque temps encore, imprime sa marque, de la cuvée anti-crise au petit moral des vignerons. Elle se glisse dans les fêtes, tandis que l'hebdomadaire Télérama nous interroge dans un numéro spécial : avez-vous du goût ? Loin de tous ces doutes, la Pologne ressuscite le vin. A la semaine prochaine.
Catherine BERNARD
La crise s’installe. Les media s’appliquent à en faire le tour, à en mesurer, dans le quotidien des Français, les répercussions. En reportage chez Ma Tante, le crédit municipal de Paris qui a, en 230 années d’existence, vu passer bien d’autres crises, Cordelia Bonal nous informe dans le quotidien Libération l’entrée de deux nouveautés à mettre au clou : le vin et les photos d’art. Ainsi, le vin est devenu un bijou de famille, prenant une dimension monétaire et affective, quand on ne lui en connaissait que de gustative, olfactive et émotionnelle. Dans le quotidien Le Parisien et sur la radio France Info, la crise est un feuilleton. Dans sa série de reportages « comment les Français font face à la crise », le Parisien est donc allé voir Pablo, Pablo Chevrot, 32 ans, vigneron en Bourgogne, à Cheilly-lès-Maranges. « Le moral n’est guère au beau fixe. D’habitude, en cette période, les commandes affluent. Mais cette année, c’est mou, très mou. « Depuis septembre, on en est à moins 10 %. A l’export, c’est dur. Nos clients se tâtent. En France, côté cadeaux d’entreprises, c’est aussi le calme plat », constate Pablo dans ce journal. « 2008 a connu une légère baisse à partir du mois de juillet, mais rien de particulier. Par contre depuis le mois d’octobre on observe de grosses difficultés sur les deux premiers pays importateurs : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis », explique, au micro de Bernard Thomasson, Michel Baladassini, président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne. On peut écouter l’interview sur France Info.
Des remèdes anti-criseLes parades existent-elles ? Dressant un bilan de Vinitech, le salon de la filière vitivinicole qui s'est déroulé à Bordeaux la semaine passée, le site viti-net constate que la crise n'a pas affecté la fréquentation, mais recentre les investissements sur « l'utile et l'économique ». Au rayon des économies, on déplore les copeaux de bois. Retenez ce nom : Bailout. Decanter et Wine business international nous racontent ainsi la naissance d'un nouveau concept marketing : la cuvée Bailout dont le prix est aligné sur celui du Dow Jones. L'inventeur de ce concept est Crushpad, une coopérative californienne qui propose aux particuliers des vins à façon. « L'idée est juste de rire et de montrer aux gens ce qui se passe chez Crushpad ». C'est Michaël Brill, le président, qui le dit à Tim Teichgraeber, le correspondant de Decanter à San Francisco. Plus pragmatique, le blogueur canadien de méchant raisin, Mathieu Turbide, propose dans sa dernière chronique des « vins à moins de 20 dollars pour les fêtes ». Décidément, cette année, ce n'est pas champagne.
Renaissance du vin en PologneL'hebdomadaire Courrier International salue la nouvelle : la renaissance du vin en Pologne. On apprend donc d'un article tiré de Rzeczpospolita que « le Parlement polonais a enfin adopté une nouvelle la loi sur les boissons alcoolisées. C'est ainsi que pour la première fois en Pologne l'existence des petites exploitations produisant du vrai vin [le mot 'vin', en Pologne, pouvant désigner une boisson à base de n'importe quel fruit?] est reconnue, tout autant que le métier de vigneron. Désormais, plus rien ne s'oppose au commerce du vin local. Ce processus législatif est l'aboutissement d'un long chemin accompli par quelques mordus des vignes du pays ». Ainsi la Pologne catholique se réconcilie avec le vin même si cette réconciliation a pour l'instant davantage valeur de symbole. On peut aussi lire la chronique que consacre le site Obiwi à ce sujet.
Avez-vous du goût ?La question que nous pose cette semaine le magazine Télérama n'est pas que provocatrice. L'hebdomadaire consacre un dossier complet et passionnant aux origines du goût, à ses dimensions gustatives, esthétiques, historiques, sociologiques. Emmanuelle Anizon raconte ainsi savoureusement les dessous de la Danette madeleine. Il ne s'agit pas de vin, mais c'est tout comme. Pour ce qui concerne le vin, Telerama donne la parole au cinéaste Jonathan Nossiter (Mondovino). Lisons attentivement : « Le vin terrifie les gens parce qu'il est lié à l'identité de la France. Chaque Français pense qu'il se doit d'avoir un avis, alors que le vin ne fait plus partie du quotidien de beaucoup de gens depuis une trentaine d'années. Les gens ont d'autant plus peur qu'ils n'ont pas de repères et doivent affronter, en plus, snobisme, prétention, imposture... ». Il y a des évidences bonnes à redire.