ur le calendrier, la rentrée scolaire et les vendanges coïncident. Les secondes ont commencé mercredi, à  Rivesaltes dans le Roussillon et à Frontignan dans l'Hérault. Elles ne seront pas fructueuses en volume, à l'image des exportations françaises de vin, la mauvaise nouvelle de la semaine. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, mais visiblement, à lire les commentaires, c'est une idée à laquelle on ne se fait pas. J'ai  surtout lu ceux de la presse étrangère. Le regard des étrangers est toujours intéressant. Il nous en apprend bien davantage sur nous mêmes que le meilleur de nos experts nationaux. Le second sujet est aussi une histoire de déboires. Ceux du Wine Spectator. L'humanité est ainsi faite qu'elle met le même empressement à se trouver des idoles qu'à les brûler. Je livre le troisième à votre imagination.
A votre santé et à la semaine prochaine.
Catherine Bernard
L’information est tombée en début de semaine sur les fils de toutes les grandes agences d'infos. Comme le pouvoir d’achat, -cela va sans doute aussi avec une histoire de moral-, les exportations de vin se portent mal. La hausse en valeur enregistrée au premier semestre 2008 (8,2%), ne compense pas la baisse en volume (8,7%). Il ne s’agit pas d’une embardée. L’AFP reprend l’étude du Credoc réalisée pour le compte des Vignerons indépendants et largement diffusée au début de l’été. En gros et en très résumé, en 2015 la France sera détrônée par l’Espagne du podium de premier producteur mondial de vin et par les Etats-Unis pour ce qui est de la consommation. Le site internet belge Trends titre donc : « Vins français en chute libre : les vraies racines du mal français ». Le journaliste belge Vincent Degrez fait sienne une thèse développée par l’assez célèbre critique et oenophile américain Mike Steinberger de Slate.com . Il s’emploie à démontrer comment, je cite, « les bureaucrates font couler le vin français ». La charge est sévère et argumentée. Pour une fois, les critiques ne s’en prennent pas à la complexité de notre système d’AOC (Appellation d’origine contrôlée), régulièrement pointé du doigt, mais à ceux qui le gèrent. Mike Steinberger prend pour exemple et héraut de sa démonstration Jean-Paul Brun, « vigneron phare » du Beaujolais, dont les vins ont été déclassés. «Il est possible que Brun soit victime d’une erreur banale ou d’une décision abérrante. Cependant, ce genre de chose est récurrente et frappe des vignerons talentueux. (...) Cette tendance curieuse vient au moment où la majorité de l’industrie française du vin est en crise, et que le fossé entre les bons producteurs et les pas si bons devient une abîme ». Steinberger cite son collègue et ami, Tyler Colman, auteur d’un livre sur les politiques du vin –c’est dire combien le vin français fait parler de lui, à défaut d’être moins bu- : « La viticulture est administrée par ses membres eux-mêmes. Cette organisation génère très logiquement des conflits d’intérêts et a d’onéreuses conséquences ». Faut-il alors se réjouir que le goût du vin vienne aux Chinois, seul pays où les ventes progressent ? Pas sûr. Dans le reportage qu’il consacre au sujet –Jeux Olympiques obligent- Le quotidien Le Monde rapporte : "Le vin en Chine ? C'est un mythe, un mensonge !, soupire, accoudé au comptoir d'un bar à vin, un expert français qui demande à ne pas être identifié car il vit de son commerce viticole avec l'empire du Milieu. Les Chinois font semblant d'aimer le vin. Je suis marié avec une Chinoise : elle n'en a jamais bu un verre !" L’austère The Economist apporte aussi un bémol à nos cocoricos. Examinant la « bulle du Bordeaux » et l’envol des prix des primeurs, l’hebdomadaire souligne : « Certains experts pensent que cette surenchère provient des nouveaux consommateurs, plus sensibles à la réputation qu’à la qualité réelle. C’est notamment le cas de Lafite avec les Chinois. Mais cette année, certains négociants ont boycotté les primeurs ». Ceux-là attendent la chute du système.
Les déboires du Wine SpectatorL’affaire fait du buzz. Il s’agit cette fois des déboires d’un Américain, le magazine Wine Spectator, référence mondiale devant laquelle amateurs et professionnels s’inclinent, tendance Robert Parker. En France, c’est Europe 1 qui a sorti l’info : « Wine Spectator grugé par un faux restaurateur ». Chaque année, dans l’esprit d’encourager les restaurants de la planète à soigner leur carte des vins –cela part d’une bonne intention- le magazine décerne des prix d’excellence. Il l’a entre autres attribué cette année à un restaurant fictif. L’Osteria l’Intrepido de Milan, le dit restaurant récompensé, est en réalité tout droit sorti de l’imagination de Robin Goldstein. C’est le très sensible blog de Casavino qui livre dans le détail « la gentille entourloupe ». Son auteur, Robin Goldstein, n’est pas un banal hacker. C’est avant tout un critique de vin , respecté et respectable, réputé pour faire la chasse au snobisme. Il explique lui-même la petite leçon qu’il a voulu donner sur le site qu’il a créé pour l’occasion : Je vous laisse y aller et vous faire votre opinion. Dans Méchant Raisin, une de mes fidèles web lectures, Mathieu Turbide, lui, dit : « Bravo, je lui lève mon verre bien haut ».
Carafe pour déboire ?Dans mes lectures webesques de la semaine, je suis aussi tombée sur les images de ces carafes : . Elles me laissent sans voix. Je me demande : le sculpteur a-t-il jamais bu de vin ?
 
             
          
  
                


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