es AOC du Languedoc seraient-elles le mauvais élève de la classe ? Les dernières statistiques publiées par les Douanes et Ubifrance montrent une reprise générale des exportations pour toutes les appellations françaises, à l’exception des AOC du Languedoc-Roussillon, qui sur les 10 premiers mois de 2007 sont en recul de 7,5% en volume et de 3,3% en valeur. Les explications de Philippe Coste, président du CIVL (Comité Interprofessionnel des vins du Languedoc).
Comment expliquez-vous ce recul à l'export dans un contexte de reprise générale des ventes de vins français à l'international ?Tout n’est pas négatif dans ces résultats, car ils indiquent que si nous vendons moins en volume, en revanche nous vendons plus cher. Nous avons perdu des volumes en vrac sur des marchés premier prix dans le hard discount en Allemagne. De même aux Pays-Bas où nos ventes en vrac sont en baisse. Mais sur ces deux marchés, nos ventes en bouteilles progressent et surtout dans nos gammes premium et ultra-premium. Au final, nous perdons des volumes au profit d’autres AOC et vins de pays français et de vins du Nouveau-Monde moins chers que nous, mais nos vins sont mieux valorisés. En fait, on assiste à un repositionnement des AOC du Languedoc à un niveau de prix plus élevé. Cette évolution est confirmée par le cours des vins en vrac : les Corbières ont pris 5€/hl sur les 5 premiers mois de la campagne, les Coteaux du Languedoc 7 à 8 €.
Ces pertes de volume ne témoignent-elles pas quand même d'un manque d'engouement des opérateurs régionaux pour les AOC du Languedoc ?L’exportation des AOC régionales est le fait d’une multitude d’entreprises régionales qui sont très dynamiques et réactives, mais n’ont pas toujours les moyens de développer leur activité à l’export. Jusqu’ici les gros opérateurs régionaux ne se sont pas beaucoup investis dans le développement de nos appellations régionales, car nous avions une offre éclatée en de multiples appellations avec des volumes souvent limités. L’appellation régionale Languedoc devrait changer la donne car elle offre aux opérateurs un potentiel de 800 000 hl de vin AOC sous une même appellation Languedoc. Et d’ailleurs 13 entreprises parmi les plus gros opérateurs régionaux nous appuient dans cette démarche et s’apprêtent à lancer de nouvelles marques ou à développer des marques existantes pour cette appellation Languedoc. Le prochain salon Vinisud sera la véritable rampe de lancement de la nouvelle AOC Languedoc et cette implication des metteurs en marché devrait permettre de renverser la courbe du volume de nos exportations sans pour autant perdre en valeur.
L'interprofession n'a-t-elle également pas sa part de responsabilité dans ces mauvais résultats de 2007 ?On peut effectivement toujours faire mieux et nous n’avons pas attendu d’avoir ces chiffres pour revoir notre stratégie de promotion et communication. En novembre dernier, nous avons décidé de réorienter massivement nos budgets de communication sur l’export au détriment du marché français. Désormais, 60% de notre budget est alloué à l’export contre 40% précédemment, ce qui le porte à 3 M€. On peut par ailleurs espérer que le lancement de la marque ombrelle Sud de France, avec l’appui de la région, va conforter ces efforts à l’international. Les AOC du Languedoc représente 10% de la production du vignoble Sud de France et ont pour vocation d’occuper le haut de la pyramide de cette offre régionale.