Newsletters
Magazine
Article réservé aux abonnés 
ne hausse générale moyenne des prix des barriques de l'ordre 5 % est annoncée cette année. Alors que le bruit court que le consommateur demande des vins sur le fruit et moins de bois, la question du coût et du contact au bois se pose avec plus d'acuité. Ainsi que celle de l'arbitrage entre barriques, copeaux et douelles.
La question du contact au bois se pose pour une vaste gamme de vins, des vins de Pays aux Premiers Crus Classés. AU sein de l'Union Européenne, l’autorisation d’utiliser les copeaux et autres alternatifs à la barrique sur les vins de Pays, et, à titre expérimental, sur les vins d’AOC, a décomplexé les producteurs en concurrence avec les vins du Nouveau Monde. Ils se trouvent aujourd’hui face à un certain nombre de possibilités, selon que l’on recherche un effet d’aromatisation pur et simple ou que l’on souhaite associer un effet d’oxygénation du vin par le contact avec l'air à travers le bois. Dans le premier cas, qui est celui des vins destinés à une consommation dans l’année, les alternatifs à la barrique sous forme de copeaux et rouelles s’imposent. Ils ont encore mauvaise réputation en France, où le consommateur est la cible de discours contradictoires sur les effets des alternatifs sur le goût, voire sur la santé. Il est pourtant impossible, même pour des dégustateurs professionnels, de faire la différence entre des vins élevés sous bois ou sous inox avec copeaux ou douelles, dégustés à l’aveugle. Cette question a fait l’objet d’une dégustation à la Revue du Vin de France en 2005, dont les résultats sont éloquents : le vin choisi comme présentant le boisé le plus finement amené, et donc certainement élevé en barrique, s’est révélé être en réalité un vin élevé sous inox, avec des copeaux. Cette dégustation a confirmé que la vinification sous inox avec copeaux ou douelles permet de doser l’apport gustatif du bois avec beaucoup plus d’exactitude que la vinification en barriques, où le vin entretient une communication avec son contenant qui échappe au contrôle total du vinificateur. L'effet de la vinification en barriques qui les distingue des copeaux et douelles est l'oxygénation qui résulte de la respiration du bois et qui prédispose le vin à une garde longue.
Jean-Marie et Frédéric ROUSSEAU ( Tonnelleries ROUSSEAU ) : "Accompagner économiquement le vigneron"Pour les tonneliers, il y a d’autres cartes à jouer avant de s’engager dans la voie des alternatifs. « Notre credo c’est d’accompagner économiquement le vigneron avec des solutions adaptées aux vins et aux conditions économiques », expliquent Jean-Marie et Frédéric ROUSSEAU, père et fils, qui dirigent les tonnelleries ROUSSEAU.
Parmi ces conditions, le coût croissant des matières sèches qui justifie la hausse des tarifs des barriques. « La solution n’est pas de chercher des matériaux moins chers car la courbe des prix des bois des pays de l’Est va rattraper à terme celle du chêne français. Nous avons augmenté nos prix de 5 % en 2007 mais entre 2002 et 2006 nos prix n'avaient pas bougé. Nous croyons à la conjonction d’un élevage de masse et d’un montage financier. Aussi, nous fabriquons des grands contenants et, pour les rendre abordables, nous proposons une formule de location avec un bail de 3, 4 ou 5 ans, à l’issue duquel le vigneron a le choix entre acheter le foudre pour une valeur résiduelle d’un euro et reconduire le bail avec un produit neuf. »
L'effet du bois recherché dans l'élevage en grands contenants, cuve fût ou foudre, n'est pas l'effet d'aromatisation du vin par le bois au vin, du moins pas autant qu'il peut l'être dans la vinification en barrique. En effet, dans un plus petit contenant, comme la barrique, la surface de contact entre le bois et le vin rapportée au volume de vin contenu est plus importante; les échanges avec l'air qui découlent de la porosité du bois le sont également..
Eric BARTHE, des Tonnelleries BOUTES : "Une croissance de l'ordre de 5 %"Eric BARTHE, qui dirige avec son frère et son père les tonnelleries Boutes, a lui aussi fait le choix des grands contenants pour la diversification de sa gamme ; il n’exclue pas, à terme, de proposer des alternatifs à ses clients, mais pas dans l’immédiat et sous un nom commercial différent.
« Le marché de la tonnellerie va bien, nous sommes sur un sentier de croissance annuelle de l’ordre de 5 % avec des marchés qui ont été un peu flottants ces dernières années et qui se sont bien repris comme les marchés californiens ou chiliens. Le nouveau monde va bien, en général. En Europe, l’Italie est stable et l’Espagne en légère croissance. La France n’affiche pas un bilan si positif, hélas. Mais en ce qui nous concerne nous sommes passés d’une situation dans laquelle nous craignions pour nos équilibres financiers de court terme, à une situation qui nous permet de regarder plus loin devant nous dans le moyen et long terme. »
