ntersud de France, fédération regroupant les quatre interprofessions du Languedoc-Roussillon (CIVL, InterOc, CIVR et la délégation régionale de l'Anivit) est à la peine.
La belle unité affichée en juin 2006 lors de sa création s'est sérieusement fissurée. Les difficultés techniques et juridiques conjuguées aux dissensions internes mettent à mal le projet, annoncé par son président Bernard Devic, de sceller la fusion en janvier 2008.
- le statut particulier de l’Anivit : interprofession nationale des vins de table et vin de pays (hors vin de pays d’oc), l’Anivit est représentée régionalement par sa délégation régionale, mais celle-ci n’a aucun statut juridique. La fusion n’est donc techniquement pas possible. Au-delà de cet aspect juridique, l’attribution d’un budget à la délégation régionale a fait l’objet d’âpres négociations, le négoce national pesant de tout son poids pour conserver à Paris la plus grosse part du butin. Au final, la délégation régionale, qui représente 60% des vins de table et vins de pays gérés par l’Anivit s’est vu attribuer la somme dérisoire de 150 000 € (sur un total de 2,5 M€). Sans statut juridique régional et avec un budget plus dix fois moindre que les trois autres interprofessions, la délégation régionale de l’Anivit peut difficilement faire jeu égal avec ses partenaires au sein d’Intersud. Sur cette question, on peut s’interroger sur la responsabilité de l’Etat, qui s’est fortement impliqué pour la création d’une interprofession de bassin, mais n’a rien fait pour solutionner le cas épineux de l’Anivit. - la difficile gestion d’une communication commune. Si la mise en œuvre au niveau régional d’un service Suivi Aval Qualité unique (SAQ) n’a pas posé aucun problème, tout comme la mise en commun des données économiques pour la gestion de l’offre, il n’en est pas de même pour la question très sensible de la communication. L’idée initiale était la mise en commun des moyens de communication des quatre interprofessions pour bénéficier d’un budget renforcé permettant d’envisager des actions d’envergure notamment sur les grands marchés d’exportation. La présentation en juin dernier à Vinexpo d’un plan stratégique validait cette approche, estimant à 15 M€ le budget annuel à mettre sur la table pour faire exister l’image des vins régionaux sous la marque sud de France sur les grands marchés export. Même si la Région s’est engagée à apporter la moitié de cette somme, le financement des 7,5 M€ restant a commencé à faire tousser. La disparité des prélèvements au sein des trois interprofessions ajoute à la difficulté d’unité : 0,77 €/hl pour les vins des pays d’oc contre 4€/hl pour les AOC du Languedoc, voire même 7,74 €/hl pour les Muscats et Rivesaltes. Ces écarts dans la contribution de chaque interprofession au budget commun sont difficiles à faire avaler, tout comme le serait le nivellement des prélèvements. Autre source de tension au sein d’Intersud, la gestion de la communication par son président Gérard Bertrand, à qui il est reproché d’agir « en solo », sans suffisamment informer les membres du conseil d’administration. La Commission communication a donc été mise en sommeil le temps de préciser les règles du jeu. - une fusion à marche forcée Bernard Devic l’avait annoncé en accédant à la présidence : la fusion des quatre interprofessions doit aboutir d’ici janvier 2008. « La région est en crise, il faut aller vite » plaide-t-il. « Aujourd’hui avec l’éparpillement de nos budgets communication, on fait rire tout le monde. Nous n’avons pas le choix, si nous voulons être lisibles sur la scène internationale, il faut mettre en œuvre une stratégie globale et regrouper nos moyens. Dans la réforme de l’OCM, l’Europe a prévu des aides à la promotion pour les interprofessions. Ce serait dommage d’en être privés du fait de notre désunion. » Pour autant, la fusion dans de si brefs délais apparaît aujourd’hui difficile. « Dans le Val de Loire où le regroupement interprofessionnel vient d’aboutir, cela fait 20 ans qu’ils y travaillent », plaide Jean-Louis Salies, le président du CIVR. Pourtant adopté par le conseil d’administration en mai dernier, le principe de la fusion suscite encore bien des réticences : la disparition de trois postes de président sur quatre n’est sans doute pas la moindre des freins.
Quel avenir pour Intersud ?InterSud est en crise mais n’est pas mort pour autant. Chacun s’accorde à reconnaître l’intérêt d’un tel regroupement, même si sa mise en place s’avère plus laborieuse que prévue. « La présidence du Conseil d’administration n’est pas une tâche facile. J’ai été tenté de démissionner, mais j’ai décidé de poursuivre car c’est la seule chance de survie pour notre viticulture », avoue Bernard Devic. Pour contourner les obstacles qui entravent la fusion à brève échéance, il est envisagé de procéder par étape. Dans un premier temps, les quatre interprofessions fusionneraient leurs services Suivi Aval Qualité (SAQ) ainsi que la gestion économique du bassin : gestion de l’offre, analyse des marchés… La communication serait elle gérée à deux niveaux : chaque interprofession ne verserait qu’une partie de son budget dans un tronc commun pour le financement de la communication de la marque ombrelle sud de France, selon les recommandations du plan stratégique. Chacune conserverait un volant d’action pour mener des actions spécifiques sur des marchés ou des produits qui lui sont propres. Cette orientation n’est pas sans risque. Guy Sarton du Jonchay, représentant des metteurs en marché, saisit cette perche pour réclamer une clarification des missions des interprofessions et de l'usage des cotisations interprofessionnelles ce qui pourrait conduire à leur baisse. « Nous pouvons concentrer les missions d’Intersud à ce qui fait consensus comme SAQ et économie. Pour ce qui est de la communication, attachons nous à la notoriété de nos dénominations et incitons les entreprises à les porter avec leurs produits. Si les actions prévues par l'interprofession sont pertinentes, alors la participation des entreprises pourra se baser sur le volontariat. Les entreprises pourraient alors consacrer leur budget à la communication de leur propre marque, avec des résultats toujours plus efficaces qu’une communication collective. » Le prochain conseil d’administration d’Intersud, qui a lieu le 19 octobre, promet d’être animé.