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Viticulture : Les bienfaits d’une irrigation bien pilotée
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Viticulture : Les bienfaits d’une irrigation bien pilotée

Par Vitisphere Le 18 août 2006
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Viticulture : Les bienfaits d’une irrigation bien pilotée
A

lors qu'on annonce sa légalisation depuis plus d'un an, l'irrigation de la vigne en période végétative est toujours interdite en France. Un projet de décret, à l'étude depuis plus d'un an, n'a toujours pas abouti, mettant dans l'illégalité tous ceux qui ont déjà recours à cette pratique. Pourtant la fréquence de millésimes exceptionnellement chauds et secs comme 2003 et 2005 s'accroît, le retard se creuse entre la France et les pays du Nouveau Monde, ou même avec l'Espagne où l'irrigation a été autorisée il y a dix ans. Il y aurait urgence à régler cet aspect réglementaire pour développer l'irrigation qui reste une des clés de la compétitivité des vignobles méridionaux dans les années à venir. Un récent colloque, organisé par l'ITV Rhône Méditerranée, a une nouvelle fois démontré que, bien pilotée, l'irrigation a des effets bénéfiques tant sur les rendements que sur la qualité des vins. S'il est acquis qu'une contrainte hydrique est souhaitable pour l'obtention de vins de qualité, il est également démontré qu'un stress hydrique trop prononcé, qui se traduit par des défoliations parfois spectaculaires, a des répercussions directes sur le rendement. En revanche, en l'absence de contrainte hydrique, le risque de dilution est important avec des effets bien pires que pour un fort stress hydrique. D'où l'intérêt d'une irrigation rigoureusement pilotée pour trouver un équilibre entre ces deux extrêmes.
Les étés chaud et sec sont de plus en plus fréquents. Beaucoup de vignerons souhaiteraient pouvoir irriguer, mais la réglementation en vigueur est trés contraignante.

Des gains de production significatifs

Les essais menés sur Syrah et Grenache par les Chambres d'Agriculture du Gard et du Vaucluse démontrent qu'avec des doses d'apport très faibles (1 mm à 2 mm par jour), les gains de production sont significatifs : de l'ordre de +10 à +30%. Dans les zones les plus stressées, des augmentations de rendement pouvant atteindre jusqu'à 50% ont pu être observées, les témoins produisant dans ce cas moins de 1,5 kg par souche. Le suivi durant 5 ans d'une parcelle de Syrah montre qu'il est difficile de prévoir des gains stables et constants d'un millésime sur l'autre, malgré des conditions de pilotage a priori rigoureuses. La variabilité des conditions climatiques estivales reste une contrainte spécifique du vignoble méridional dont il sera difficile de s'affranchir.

Une qualité de raisins maintenue, voire améliorée

Cette augmentation de rendement ne s'accompagne pas d'une baisse de qualité de la vendange. Sur les 5 années de suivi de parcelles irriguées sur Aspères (Gard), les essais ont montré qu'autant sur le plan des anthocyanes que des indices de polyphénols, l'irrigation, dans les conditions de pilotage de l'essai, a permis un maintien du potentiel qualitatif de la parcelle, voire même une amélioration certaines années. Cette amélioration est cependant plus rare sur Grenache. De plus, on observe une meilleure synthèse des sucre, qui peut conduire à des teneurs en alcool au-delà du raisonnable. L'irrigation doit donc être associée à un suivi rigoureux des maturités pour une récolte au degré souhaité en fonction du profil de produit recherché. Au niveau de la dégustation, les vins issus des parcelles irriguées présentent une plus grande régularité de profil olfactif. En bouche, ils ont généralement plus de volume, plus de gras avec des tannins moins secs.

Attention aux excès d'eau

Des apports d'eau excessifs peuvent en revanche avoir des effets désastreux sur la qualité de la vendange. Le Grenache, cépage déjà déficitaire en couleur et à pellicule fine, est particulièrement sensible à la dilution et peut accuser d'importantes baisses d'intensité colorante en cas de mauvaise gestion des apports d'eau. Le Merlot est également un cépage qui supporte mal les excès d'eau et présentera très facilement des profils aromatiques dilués si l'eau est apportée en excès.

Un exemple de pilotage de l'irrigation dans les Corbières

Une expérience de pilotage sectoriel de l'irrigation a été mise en place depuis 2003 dans l'Aude, dans l'aire de production de l'AOC Corbières, une des rares appellations où historiquement l'irrigation est autorisée par dérogation depuis les années 60. Dans ce secteur des terrasses basses de l'Orbieu, la réserve utile est extrêmement faible et s'épuise rapidement en période estivale. L'idée était donc de sélectionner un réseau de parcelles témoins où seraient effectuées les mesures de potentiels foliaires de base. Ces résultats sont ensuite extrapolés à l'ensemble des parcelles de la même UTB (Unité terroir de base) en vue d'éditer un bulletin de conseil pour aider les vignerons à piloter au mieux l'irrigation avec un objectif uniquement qualitatif. Le choix des parcelles témoins a pris en compte plusieurs critères tels que : - le cépage : les 4 cépages majoritaires de l'appellation ont été retenus : Carignan, Grenache, Syrah, Mourvèdre, - le comportement hydrique avec des parcelles plus ou moins sensibles au stress selon l'avis empirique des vignerons, - la possibilité de laisser des témoins non irrigués toute la saison pour faire les mesures nécessaires au pilotage de l'irrigation. Une vingtaine de parcelles ont donc été sélectionnées sur cette base et des mesures de potentiels foliaires de base ont été réalisées tous les 15 jours. Parallèlement, des grilles d'interprétation des mesures ont été établies pour chaque cépage en fonction des profils de vins recherchés. Ces grilles font apparaître 4 grandes zones : 1) sur-alimentation en eau, 2) parcours hydrique optimal pour le produit recherché, 3) parcours hydrique à tendance sèche, 4) sous-alimentation en eau. Les mesures réalisées sur les parcelles témoins étaient ensuite positionnées sur ces grilles d'interprétation, permettant de savoir s'il y avait lieu ou non de déclencher l'irrigation. « En dépit de la lourdeur des mesures des potentiels hydriques de base, la méthode fonctionne et permet de bien raisonner les apports d'eau », conclut Cédric Lecareux, de la Chambre d'agriculture de l'Aude, qui a mené ces essais en partenariat avec le cru Corbières et l'INAO. Une nouvelle année de mesures doit servir cette année à valider un modèle de bilan hydrique qui permettra à l'avenir de s'affranchir des mesures.

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