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Europe de la vigne et du vin : La Moldavie se bat face à son destin
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Europe de la vigne et du vin : La Moldavie se bat face à son destin

Par Vitisphere Le 28 juillet 2006
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Europe de la vigne et du vin : La Moldavie se bat face à son destin
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ays d'Europe balotté par l'histoire, la Moldavie fait face à la crise du vin suite à l'embargo russe. Les caves ferment et licencient à tour de bras. Contrairement aux vignobles européens, les Moldaves n'ont droit à aucune aide, ni à la distillation, ni à l'arrachage. Aux directeurs de cave et aux employés de trouver des solutions.
La viticulture moldave otage de la Russie...

Un embargo lancé en avril 2006

La situation était confortable. La Moldavie vendait jusqu'ici entre 70 et 90 % de ses vins, selon les sociétés, à l'ex-grand frère soviétique. 280 millions de bouteilles partaient vers la Russie, ainsi que du vrac mis en bouteille sur place. En valeur, l'estimation est de 300 millions de dollars, probablement plus, de l'ordre de 400 millions car « les factures étaient réduites pour payer moins de taxes, un arrangement avec les importateurs russes », raconte un professionnel. Le 27 mars 2006, le gouvernement de Vladimir Poutine a annoncé l'arrêt pur et simple des importations de vins moldaves et géorgiens. L'application du boycott date du 1er avril 2006. Les raisons invoquées : sanitaires, d'abord. L'organisme de contrôle de la qualité au sein du ministère de la Santé russe, s'est mis à analyser les vins moldaves et en a trouvé des non conformes. « Mais l'organisme n'a jamais donné de preuve de non conformité », note Gheorghe Cozub, président de l'Union des producteurs et exportateurs de vins moldaves et propriétaire de plusieurs des plus grosses caves du pays. Ne s'agit-il pas plutôt du retard pris par les Russes et l'incroyable imbroglio sur son propre marché qui serait aussi à l'origine du boycott ? Un retard dû au manque de coordination entre le service fédéral des impôts et celui des douanes, le ministère du développement économique et du commerce, et l'entreprise qui a conçu le système informatique Egais. Pour éradiquer les contrefaçons, la Russie a préféré arrêter ses importations. La troisième raison est d'ordre géopolitique avec les problèmes liés à la Transnistrie, région séparatiste située entre le Dniestr et l'Ukraine.

L'industrie viticole doit se remettre en cause

Le marché était confortable mais risqué. Le pays envoyait des vins médiocres, à peine contrôlés, pour lesquels les producteurs faisaient appel à toutes les pratiques possibles, comme l'avoue lui-même Gheorghe Cozub : « Plutôt que de se mettre au niveau des vins de cépages chiliens et argentins, les Moldaves ont continué à produire du jaja coloré, aromatisé, allongé avec de l'eau, voire des produits dangeureux... ».L'ensemble de l'industrie est donc à revoir. « Les Géorgiens ont été plus radicaux : ils sont passés de 150 à 25 caves et ont jeté le vin au caniveau, explique Gheorghe Arpentin, un technicien moldave qui vend des machines d'analyse des composés du vin dans les pays alentours. Ils ont décidé de tout changer. Ici, en Moldavie, c'est beaucoup plus politique, on se cherche, on tourne en rond. Il y a bien des lois, mais tout le monde ferme les yeux. » De 200 000 hectares au temps de l'Union soviétique, le vignoble a été réduit à environ 80 000 hectares dont 30 % de manquants et 20 000 hectares d'hybrides. Les coûts de production sont élevés à cause des petits rendements. On compte 70 % de cépages blancs (riesling, traminer, muscat...) et 30 % de rouges pour lesquels il faut trouver des nouveaux marchés, la consommation locale étant très faible, de l'ordre de 5 %. Jusque-là, les autres marchés d'exportations sont l'Ukraine, la Pologne, la Roumanie, l'Allemagne, les Pays Baltes, le Kazakhstan...

Les caves cherchent d'autres marchés

Acorex Wine a produit l'année dernière 14 millions de bouteilles dont 70 % sont parties en Russie. La société exploite pas moins de 3 500 hectares en propriété et en location à long terme. « Cette entreprise s'est toujours attachée à faire de la qualité, explique Ruth Fizgerald, une Irlandaise embauchée début 2006 pour développer les marchés de l'ouest. On a besoin de nouvelles marques. Pour l'instant nous vendons au Royaume Uni à Direct Wines, sous des marques de distributeurs Legenda et Albastrele, avec en sous-titre « le vin des tsars ». A la tête de trois caves en Moldavie et une en Roumanie, Victor Bostan faisait partir 12 millions de bouteilles vers la Russie, soit lui aussi 70 % des volumes produits. Il compte sur la réouverture du marché russe, mais « cela ne suffira pas ». Feodosie Bors, 48 ans, est directeur et actionnaire avec sa femme de ses quatre caves. Ils ont 200 employés, produisent 40 000 hl, vendent au Royaume Uni, en Biélorussie, aux Pays Baltes, et en Allemagne sous l'étiquette « Tsarskoie », pour les émigrés russes. Il vendait 3 millions de bouteilles en Russie à 80 cts de dollar la bouteille fob via sa propre filiale mais aussi par des distributeurs. « Le plus grave c'est de devoir retirer les vins du jour au lendemain des linéaires : 600 000 bouteilles qu'il faut rapatrier. » Il a laissé 2 millions de US$ sur place qu'il tente de récupérer. En Ukraine, en Roumanie, il cherche de nouveaux débouchés.

Milestii Mici : 2 millions de bouteilles en stock

Milestii Mici est comme la cave de Cricova, propriété d'Etat et a reçu le titre de Patrimoine moldave. Ses 200 kilomètres de galeries sont impressionnantes, labyrinthes de calcaire s'enfonçant à 80 m du sol. Les couloirs larges sont pratiquables en voiture mais les 340 employés se déplacent à vélo. Seuls 55 km sont utilisés pour le stockage des vins. De part et d'autres, 1 200 vieux foudres remplis de vin, sauvignon, merlot, cabernet, codru... Il y a les vins dits « de qualité supérieure » et les « vins de collection » qui vieillissent plus longtemps. La vocation de la cave a toujours été d'acheter des vins finis et de les faire vieillir. Elle les vendait ensuite sur le marché moldave mais essentiellement en Russie où 85 % des vins partaient jusqu'à maintenant. Au coeur de la cave reposent dans de grands casiers les vins de collection. Sur le mur est affiché un petit tableau signé « Guiness World of Records » et indiquant que 1,5 millions de bouteilles sont ici stockées. Fièrement, Marina, qui fait office de guide mais dont le poste officiel est à la vente et au « marketing », insiste et parle de 2 millions de bouteilles au minimum. Que va faire la cave de tout cela ? « Nous continuons de vendre, répond calmement la jeune femme. Au Japon, en Hollande, en Allemagne... et peut-être bientôt en Angleterre où nous attendons une réponse. » Dans l'immense salle de dégustation, une table de touristes déguste et mange au son des violons. Dehors, les travaux du futur restaurant continuent...

Gheorghe Arpentin, le Moldave qui ne baisse jamais les bras

Gheorghe Arpentin, 45 ans, pense que ce boycott est une nouvelle chance pour la Moldavie. L'occasion de revoir entièrement son vignoble et son style de vinification plutôt que de jouer la carte des vins bas de gamme pour un marché monopolistique. Il accuse lui aussi le coup puisque son laboratoire d'analyses oenologiques marche aujourd'hui au ralenti. Il compte toutefois le maintenir pour les programmes à venir, d'autant qu'il est accrédité aux normes internationales. Formé en France, de 1989 à 1993, notamment à l'Inra (recherche sur les polyphénols), cet oenologue globe-trotteur rebondit sans cesse. Il a récemment visité 35 caves en Nouvelle-Zélande. Ses deux sociétés distribuent des appareils d'analyses aux caves mais aussi aux industries agro-alimentaire, pharmaceutique, etc. En 1999, il créait l'Union des oenologues de Moldavie. En 2000, il commençait à planter ses 50 hectares de vignes, moitié cépages rouges au sud-est de Chisinau, moitié cépages blancs au nord. Pour son vin, il a déjà des clients en Suisse, en Allemagne et à Hong Kong. Georghe n'a pas fini de rebondir : il vient d'établir un cahier des charges pour une société russe. Le but : faire une boisson aromatisée à base de vin à moins de 8% vol d'alcool pour attirer les jeunes, une forte demande actuelle. Pour ce produit-là, le vin vient tout droit d'Uruguay et du Brésil, moins cher que les vins moldaves, transport compris.

Dragan Vasili, un Moldave opportuniste

Dragan Vasili, 42 ans, possède deux caves en Moldavie où il produisait jusqu'à maintenant du vin de base pour mousseux qu'il mettait ensuite en bouteille en Russie. Il a fermé ses deux usines de production moldave et a emmené avec lui son personnel car le travail ne manque pas sur son site russe. Il est en effet à la tête d'une grosse société de mise en bouteille et de distribution de mousseux à Saint-Petersbourg, d'une capacité de 100 millions de bouteilles. « Je suis le seul producteur dans cette partie de la Russie, avec 21 millions d'habitants comme acheteurs potentiels ». Il vend son mousseux 1,90 ?, et ses vins tranquilles entre 1,40 et 1,50 ? prix consommateur. Ses vins arrivent en vrac, de la France (ugni blanc pour les mousseux), du Chili, d'Argentine et d'Espagne. Il commercialise 11 millions de bouteilles de cabernet-sauvignon et merlot chiliens et argentins, demi-doux pour 75 % du volume. Il compte cette année doubler ses ventes et atteindre 45 millions de bouteilles.

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