'Héraultais Jérôme Despey, ex-président des Jeunes Agriculteurs et président de la cave coopérative de Saint-Geniès-des-Mourgues a été élu à la présidence du tout nouveau Conseil spécialisé Vins de Viniflhor, élection qui doit maintenant être validée par arrêté par le ministre de l'Agriculture. Il livre son analyse de la situation et ses priorités pour les prochains mois.
L'analyse et les orientations du nouveau Président du Conseil spécialisé Vins de Viniflhor...
C'est une évidence, même si je tiens à préciser que la fusion de trois offices (vins, horticulture, fruits et légumes) ne modifie en rien les attributions de ces offices. Le Conseil spécialisé vin de Viniflhor conserve les mêmes fonctions que l'Onivins, à savoir la gestion du potentiel viticole (plantation, restructuration), la gestion des mesures communautaires (arrachage, distillation), la régulation du marché des vins de pays et vins de table, le contrôle des bois et plants de vigne, l'agrément des vins de pays, la promotion et le suivi de la conjoncture. Je reconnais qu'il y a nécessité de trouver des synergies avec les autres instances pour faire des économies d'échelle et simplifier la gestion de la filière.
Le rapport Pomel préconisait une plus grande transversalité de la gestion de la filière en proposant notamment de confier à l'INAO la gestion de la qualité, toutes catégories de vins confondues, et à Viniflhor les mesures de régulation du marché et de gestion du potentiel viticole, y compris pour les AOC. Souscrivez-vous à ce projet ?Il va falloir tendre vers une organisation de ce type. C'est un travail que nous allons faire dans les prochains mois. A l'époque, j'avais proposé que le Conseil national de la Viticulture, qui est un organe de coordination et d'arbitrage des Comités de bassin, trouve place au sein de Viniflhor pour éviter la multiplication des structures. Il faut arriver à une simplification de notre organisation.
Quelles sont aujourd'hui vos priorités ?La première des priorités, qui est même aujourd'hui une urgence compte tenu du délai, c'est la réussite de la distillation de crise. La France a obtenu de Bruxelles un volume de 1,5 Mhl pour les AOC et 1,5 Mhl pour les vins de table. Certes le prix proposé reste très insuffisant et nous l'avons fait savoir, mais l'Etat français va apporter un complément. Alors il n'y a plus de question à se poser, il faut distiller les stocks qui pèsent sur le marché. On sait que, dans certaines régions d'AOC, il y a des stocks importants de 2001 et 2002, alors il ne faut pas hésiter à s'en débarrasser. Si nous n'atteignons pas les volumes accordés, nous serons totalement discrédités à Bruxelles.
Quels sont les autres dossiers d'actualité ?Nous avons deux autres gros dossiers à l'étude. Le premier concerne la réforme de l'OCM. Au sein de Viniflhor, les avis sont partagés, le commerce ayant plutôt bien accueilli les nouvelles orientations libérales proposées par la Commission, alors que la production s'élève contre la politique d'abandon de notre potentiel viticole. Dans cette proposition de réforme, 60% du budget est consacré soit à l'arrachage soit au départ en retraite des viticulteurs. Quoiqu'il en soit, il y a unanimité au sein du Conseil pour engager un travail de négociation avec la Commission. Nous avons donc programmé un nouveau conseil en septembre pour définir les 4 à 5 points sur lesquels nous voulons nous battre pour obtenir des changements d'orientation. Nous souhaitons notamment une réorientation de crédits vers la modernisation de la filière et la promotion. C'est un combat que nous mènerons en concertation étroite avec le ministère, car dans cette négociation, il faut que la France parle d'une même voix. L'autre gros dossier concerne la segmentation de notre offre. On le sait, il y a eu de multiples rapports sur la question, notre segmentation de marché est beaucoup trop compliquée. Il faut donc sortir de nos carcans, de nos querelles de clochers et définir avec le négoce les nouvelles catégories de vins que réclame le marché. Regrouper vin de pays et une partie des AOC dans une même catégorie, autoriser de nouvelles pratiques œnologiques, libéraliser totalement le vin de table?Tout est ouvert, mais il faut s'atteler très vite à cette nouvelle segmentation. On ne peut pas se contenter d'être empêtré dans cette crise, il faut une meilleure anticipation. Il nous faut des perspectives. Ce dont la filière souffre le plus aujourd'hui, c'est du manque de visibilité.
Vous avez déjà de multiples mandats ( FNSEA, Chambre d'Agriculture, FSASEA, Groupama, coopérative de St Géniès-des-Mourgues?) N'est-ce pas trop pour un seul homme ?Ces mandats ne me demandent pas tous la même implication. A Groupama par exemple, je ne suis qu'administrateur. Je suis par contre très impliqué comme président de cave coopérative et il me semble indispensable de garder ce contact avec la base pour pouvoir exercer des mandats nationaux. Maintenant, je ne vais plus solliciter d'autres responsabilités, mon souci est avant tout d'être efficace. Le cumul des mandats ne m'intéresse pas.