'étude est basée sur les données de gestion recueillies auprès de1215 exploitations viticoles suivies par les CER de la région. «Les chiffres de 2004 sont des données réelles, celles de 2005 et 2006 sont des estimations », précise Vincent Lacanal, directeur régional des CER.
Les CER ( Centre d'économie rurale) du Languedoc-Roussillon ont présenté cette semaine un bilan alarmant de la situation financière (1) des exploitations viticoles de la région. Selon cette étude, menée dans le cadre de l'observatoire de la production viticole régionale, la situation financière des exploitations viticoles de la région s'est fortement dégradée en trois ans.
Fin 2004, déjà 61% des exploitations étaient en situation financière difficile. L'étude révèle une situation toujours plus difficile pour les caves particulières ( 66% en difficultés financières) que pour les viticulteurs en caves coopératives (59% en difficultés financières). « Les vignerons indépendants sont en contact direct avec le marché et ressentent plus directement la crise. Les coopérateurs bénéficient de l'effet tampon de leur cave coopérative. Si leur cave a puisé dans ses réserves ou fait des emprunts à court terme pour rémunérer leurs apports, les effets de la crise sont amortis », explique Vincent Lacanal.
Le pourcentage d'entreprise en difficulté a doublé en deux ansLes prévisions pour fin 2005 et fin 2006 sont basées sur une baisse moyenne de 10% par an du prix de vente du vin. « C'est une moyenne, précise Vincent Lacanal. Pour certains produits, la baisse de prix peut atteindre jusqu'à 25%, pour d'autres elle est inférieure. Ces prévisions sont à adapter en fonction du profil de chaque exploitation. De plus, elles ne tiennent pas compte des apports personnels qu'ont pu faire les exploitants pour améliorer leur trésorerie, mais qui ne changent en rien le résultat net ». Ces estimations permettent de donner une tendance, et le moins que l'on puisse dire est que la tendance n'est pas bonne. Fin décembre 2005, le pourcentage d'exploitations en difficulté financière s'élève à 72% (70% pour les caves coopératives, 77% pour les caves particulières) soit une augmentation de 18%. Les prévisions pour fin 2006 sont encore plus alarmantes puisque 89% des exploitations seraient dans le rouge. «Trois critères sont décisifs dans la capacité d'une exploitation à résister à la crise, commente Vincent Lacanal : 1) son niveau d'endettement. Les plus fragiles sont celles qui se sont endettées récemment pour investir (achat de foncier, installation en cave particulière, renouvellement important des plantations, etc..), 2) la bonne gestion de l'entreprise avec notamment la maîtrise des coûts de production, 3) la capacité à commercialiser directement, ou indirectement par le biais de sa cave coopérative, ses produits. »
L'arrachage diminue la rentabilité à court termeL'étude a également mesuré l'impact de l'arrachage sur la rentabilité des exploitations. Là encore, les résultats ne sont guère encourageants : la diminution de la surface en vigne induit un surcroît de charges sur les vignes restant en exploitation, car certaines charges fixes ne diminuent pas immédiatement. C'est le cas par exemple des salaires, des frais financiers, des impôts et taxes, des assurances ou du fermage. A terme, ces charges peuvent baisser, mais dans un premier temps elles restent identiques. L'arrachage conduit à une baisse de rentabilité à court terme. La décision d'arracher nécessite donc une analyse et une réflexion propres à chaque exploitation. « Ce sont des chiffres douloureux, reconnaît Vincent Lacanal. Mais nous nous devions d'en informer les responsables professionnels et les pouvoirs publics. Il y a maintenant un vrai travail d'analyse et de prospection à réaliser pour adapter et réorienter la production viticole vers des segments de marché où le ratio coût de revient/prix de vente permet de dégager une rentabilité.» (1) la situation financière est quantifiée à partir de deux critères habituellement utilisés par les banques : le résultat net disponible et le ratio dettes à court terme/produit brut