e groupe français de vins et spiritueux est devenu n°2 mondial grâce au rachat d'Allied Domecq. Pernod Ricard a repris pied en Champagne, tout en étoffant son portefeuille de vins étrangers.
Trente ans après la fusion de Pernod et Ricard, le groupe fondé par Paul Ricard et dirigé par son fils Patrick passe du troisième au deuxième rang mondial des vins et spiritueux. Pernod Ricard a bouclé le 26 juillet le rachat de l'ancien n°2, le britannique Allied Domecq. Une opération menée avec l'aide du groupe américain Fortune Brands. Pernod Ricard voit son chiffre d'affaires passer de 3,5 milliards à environ 5,5 milliards d'euros ? loin derrière le n°1 mondial Diageo (12,8 milliards d'euros) ? et prend le contrôle de marques mondiales comme le whisky Ballantine's, le gin Beefeater, la liqueur Malibu et le champagne Mumm. Autrefois centré sur le marché français et le pastis, le groupe s'est internationalisé (environ 85% du chiffre d'affaires est réalisé hors de France) et collectionne désormais les grandes marques de whisky (Ballantine's, Chivas Regal, Clan Campbell, Jameson?).
Retour en champagneLe rachat d'Allied Domecq est l'occasion pour le groupe Pernod Ricard de reprendre pied dans le vignoble champenois, qu'il avait quitté en 1990 en vendant la maison Besserat de Bellefon. Pernod Ricard détient à présent des marques prestigieuses : Mumm (n°3 mondial derrière Moët & Chandon et Veuve Cliquot) et Perrier-Jouët, qui vendent à elles deux plus de 10 millions de caisses par an (dont 72% hors de France). Cette acquisition permet à Pernod Ricard de proposer aux distributeurs un éventail complet de grandes marques, des champagnes aux spiritueux. C'est aussi l'occasion de s'implanter sur un marché en croissance régulière : plus de 300 millions de bouteilles de champagne ont été vendues dans le monde en 2004, un chiffre en augmentation de 2%. Aux Etats-Unis, marché stratégique, les ventes ont progressé de 6,8%.
Une présence renforcée dans le vin? sauf en FranceParadoxe : le porte-drapeau de l'industrie française des alcools n'a aucun vin tranquille de l'hexagone dans son portefeuille. En rachetant Allied Domecq, Pernod Ricard «continue à se développer dans le vin, et passe du 7e au 4e rang mondial sur le marché des vins de qualité», souligne-t-on au sein du groupe. Mais, exception faite du champagne, ce développement se fait exclusivement dans les vignobles étrangers. Pernod Ricard met la main sur trois marques de l'ancienne filiale néo-zélandaise d'Allied Domecq : Stoneleigh, Church Road et Corbans. Celles-ci seront désormais chapeautées par Orlando Wyndham, la branche australienne du groupe français, dont la marque-vedette est Jacob's Creek. Pernod Ricard s'implante également en Espagne, en reprenant les marques de Bodegas Y Bebidas (Campo Viejo, Vina Alcorta, Siglo?) et Marques de Arienzo, une grande bodega de la Rioja. Enfin, le groupe français prend pied en Argentine, en reprenant les wineries Graffigna et Etchart. Investira-t-il un jour en France ? Réponse : «Le marché français du vin est assez difficile, il n'y a pas d'opération prévue à court terme. A long terme, rien n'est exclu?»
Fortune Brands et Diageo font leurs emplettesPernod Ricard n'est pas le seul groupe à bénéficier du rachat. Certaines marques stratégiques d'Allied Domecq vont en effet tomber dans l'escarcelle de l'américain Fortune Brands et du britannique Diageo. Le premier, allié de Pernod Ricard dans l'opération, récupère comme prévu plusieurs grands noms des spiritueux comme la tequila Sauza et le cognac Courvoisier, mais aussi des vins californiens dont Clos du Bois, William Hill et Buena Vista, qui représentent une production totale de plus de deux millions de caisses par an. «En ajoutant ces marques à nos wineries Geyser Peak et Wild Horse, nous multiplierons par quatre nos volumes et entrerons dans le Top 5 des entreprises américaines de vin haut de gamme», expliquait avant le rachat Norm Wesley, PDG de Fortune Brands. Quant au n°1 mondial, Diageo, il a monnayé son soutien à Pernod Ricard en obtenant une option d'achat exclusive sur les vins Montana, ex-filiale néo-zélandaise d'Allied Domecq pour 469 millions d'euros, ainsi que la reprise du whisky Bushmills (295 millions d'euros).