rançois Ringenbach, producteur-négociant à Sigolsheim (Haut-Rhin), est le nouveau président du Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace. Pour Vinimarket, il fait le point sur la situation des vins d'Alsace en France et à l'export.
«Plus il y a de Riesling, plus il y a de demande !»
L'objectif principal est d'avoir une cohérence dans le vignoble. Quand tout va bien, on a tendance à être un peu individualiste. Aujourd'hui nous traversons une petite crise, même si celle-ci est moins forte en Alsace (avec des reculs limités à 2 ou 3%) que dans d'autres régions. Nous disons : il faut s'entendre, agir ensemble. Nous poursuivons le travail de communication mené depuis sept ans, avec la campagne autour de la cigogne*. Ce qu'il faut vendre avant tout, c'est l'image de notre région. Notre force, c'est d'avoir une offre organisée autour des cépages. En même temps, nous travaillons sur la hiérarchisation. Nous avons déjà les grands crus, les crémants? Depuis trois ou quatre ans, nous préparons un nouveau niveau de hiérarchisation : les lieux-dits, qui se situeront entre les vins d'Alsace et les grands crus.
La France représente l'essentiel de vos débouchés. Comment se développer à l'étranger ?Nous réalisons 25% de nos ventes à l'exportation. Nous menons continuellement des opérations de promotion, notamment des mini-expos sur les marchés étrangers où les vins d'Alsace ne sont pas encore très présents. C'est le cas actuellement en Russie, Pologne, République Tchèque, Etats-Unis, Canada, Suède, Asie? Il faut aussi être à l'écoute des consommateurs. Aujourd'hui, les gens veulent des Rieslings plus expressifs, sans acidité compromettante. Nous nous remettons en cause en permanence.
Etes-vous inquiet du développement des Rieslings étrangers ?Non : plus il y a de Riesling, plus il y a de demande ! Nous organisons d'ailleurs à Strasbourg un concours des « Rieslings du monde ». Le problème que nous rencontrons dans certains magasins à l'étranger, c'est un amalgame entre les Rieslings alsaciens et allemands. Il y a un petit problème d'identité : les étiquettes, les bouteilles sont similaires et nos Rieslings sont parfois difficiles à repérer dans les linéaires. A nous de convaincre les vendeurs de mettre en avant notre spécificité régionale.
Quelle peut être la stratégie des opérateurs français face au développement des grands groupes anglo-saxons ?Il faut distinguer d'une part les grands groupes et les centrales d'achat qui cherchent des volumes, et d'autre part les consommateurs qui recherchent une authenticité, un produit qu'on ne trouvera pas partout. Il faut jouer sur ces deux créneaux. Les marchés de niche permettent d'écouler les vins haut de gamme, ils se développent dans certains pays comme la Chine, où il y a beaucoup de consommateurs à conquérir. * Le budget communication du CIVA s'élève à 5,2 millions d'euros