Les cours des vins de Bordeaux sont, et restent, insuffisants pour pouvoir dignement vivre de son travail » estime Pierre-Etienne Garzaro le 13 février, à l'occasion de l'assemblée générale de la fédération des Vignerons Indépendants de Gironde qu'il préside. Pour lui, « les marges ne sont pas réparties équitablement, ne permettant pas, ou difficilement, de maintenir les investissements dans nos exploitations et de les rendre attrayantes pour nos jeunes ». Même son de cloche de la part de Daniel Mouty : le président de la Fédération des vignerons indépendants d'Aquitaine voit dans le prix du tonneau de Bordeaux « la gestion la plus catastrophique du vignoble français. Les cours ne deviennent corrects que quand la récolte est toute petite ou pas très bonne, et redégringolent quand elle devient normale et qualitative. Si vous trouvez que c'est logique, pas moi ! » Se défendant de tout discours anti-négoce, il souligne que ce paramètre est une menace à la pérennité du vignoble girondin, le manque de rentabilité étant un repoussoir aux reprises familiales et nouvelles installations.
« Mesdames messieurs les élus des ODG, de l'interprofession, je vous demande : mais où êtes vous, mais que faîtes-vous ? » interroge Pierre-Etienne Garzaro. Souhaitant l'intégration renforcée des vignerons indépendants à la gestion de l'AOC, il demande le reversement « d'une part de nos nombreuses Cotisations Volontaires Obligatoires, qui servent principalement à promouvoir Bordeaux sur des marchés peu accessibles à la plupart d'entre nous ». La critique tient lieu de rengaine, de nombreux vignerons regrettent une aide à sens unique, ne se sentent pas bénéficiaires de la promotion interprofessionnelle. « De gros budgets sont utilisés pour organiser des voyages en Chine, et plus on y va, plus le marché chute. Alors que l'on fait de petits voyages en France, et que l'on développe la consommation et l'image des vins de Bordeaux » souligne Jean-Luc Dartiguenave (le précédent président des vignerons indépendants de Gironde).
[Photo : Pierre-Etienne Garzaro et Daniel Mouty, ce 13 février à la maison des vignerons d'Aquitaine]