’Union des vignerons du Beaujolais (UVB) a dû réunir, en urgence, un conseil d’administration le 30 décembre dernier, suite à l’annonce par le syndicat des crus du Beaujolais de vouloir quitter l’UVB. A cette occasion, l’UVB « a pris acte de la volonté de l’ODG de vouloir quitter l’UVB », annonce François Roth, son directeur. Une réunion de travail a par ailleurs été fixée ce jeudi 8 janvier, afin de discuter des modalités de sortie de celui-ci : quand, comment, combien. L’ODG Beaujolais doit quant à lui se réunir le 15 janvier prochain pour annoncer sa position.
Les deux ODG du Beaujolais et des Crus avaient mis en commun leurs moyens via cette structure, l’UVB, leur « bras armé », composée d'un délégué général, d'un directeur et de ses salariés. Une fois le « divorce » prononcé entre les deux instances, chacune des ODG continuera de fonctionner, mais avec une gestion administrative et financière propre, en plus de la dimension politique. « La fin de la mutualisation va nécessairement entraîner une dilution des moyens, avec donc a priori une moindre efficacité », projette François Roth.
Mais plus que l’aspect purement financier, c’est surtout la brutalité avec laquelle l'annonce de la volonté de quitter l'UVB a été faite, qui a choqué. Personne n'avait eu vent de cette volonté avant le 18 décembre dernier, date de l'officialisation par l’ODG des crus. « Cela a coupé les pattes de tout le monde, reconnaît le directeur. Pour la majorité des viticulteurs, c’est l’incompréhension qui domine. ». Une décision qui restera même, pour celui-ci, synonyme de « rupture profonde et historique » pour le Beaujolais. « C’est l’histoire éternelle du Beaujolais… On perd du temps à se battre entre nous au lieu de se battre contre nos concurrents extérieurs… ».
François Roth voit aussi derrière cette affaire un « coup » politique, avec une « main mise venant d’ailleurs » sur les crus du Beaujolais. « Guillaume de Castelnau, qui appartient à la maison bourguignonne Louis Jadot, siège notamment au conseil d’administration de l’ODG, explique-t-il. S’il a pris une telle décision, c’est que son supérieur a dû le piloter ...». En toile de fond et d’une façon plus générale, celui-ci pointe du doigt la perte de légitimité ces dernières années des conseils d’administration des instances professionnelles viticoles, de plus en plus délaissés des viticulteurs. « Cette décision a été prise par une vingtaine de personnes, toutes seules, sans consultation ni concertation... Des personnes qui ont le pouvoir par défaut, qui n’ont pas forcément une vision globale ni une bonne connaissance du fonctionnement institutionnel, estime le directeur de l'UVB. Nous connaîtrons en viticulture une crise institutionnelle de ce type de plus en plus souvent, et pas seulement dans le Beaujolais ».
Crédit photo: D Gillet, Interbeaujolais