« On n’avait vraiment pas besoin de ça ». Florent Noguero, qui exploite en Gaec avec son père un vignoble de 40 ha à Portel -des-Corbières, est encore sous le choc. Les intempéries qui ont sévi ce week-end dans le département ont ravagé entre 13 et 15 ha de son vignoble. «C’est un désastre. La Berre, le cours d’eau qui borde mes vignes, est sortie de son lit. Elle est montée de 3 mètres en un quart d’heure. La crue a été si rapide qu’elle a emporté toute la terre. Les racines sont à l’air. Il faut tout arracher ». Ce jeune viticulteur en cave particulière est découragé. « Nous avions déjà été inondés en 1999. Il avait fallu replanter 6 ha. Ce sont ces jeunes vignes qui ont à nouveau été saccagées. Et le phénomène a pris de l’ampleur puisqu’il a impacté 13 à 15 ha cette année. C’est intenable ». En plein désarroi, Florent Noguero réfléchit à une délocalisation de son vignoble. « J’en ai parlé ce matin au président de la Chambre d’Agriculture. Il m’a promis de se battre pour obtenir des aides pour que nous puissions replanter dans des zones plus sûres ». Après la grêle de cet été, le vignoble audois paye un lourd tribut aux intempéries. « Nous avons subi coup sur coup deux épisodes pluvieux d’une rare violence. La semaine dernière, en début de semaine, il est tombé 250 mm en une nuit dans la région de Bizanet . Et ce week-end, un nouveau déluge s’est abattu sur tout l’Est du département. Une quinzaine de communes sont sérieusement touchées. Environ la moitié du vignoble du département est impacté à des degrés divers », estime Emmanuel Rouchaud, chef du service viticulture œnologie de la Chambre d’Agriculture de l’Aude. Vignes arrachées, palissages couchés, ravinement, débris de tous ordres dans les vignes … Une enquête pour calamités agricoles est programmée ce vendredi 5 décembre pour apprécier l’étendue des dégâts. Dans le département voisin des Pyrénées-Orientales, les dégâts semblent tout aussi importants. A la cave coopérative de Cases de Pène, le président Jean-Christophe Bourquin déplore des dégâts sur environ 2 ha de vigne tout cumulé. « Ce sont des bouts de parcelle qui ont été submergés. « L ’Agly est monté de 6 mètres. Il est sorti de son lit et s’est trouvé un nouveau passage au milieu des vignes. Tout le limon est parti, il ne reste que la terre des racines », se désole le viticulteur. Le problème n’est pas nouveau. En janvier 2013, une inondation similaire s’est produite au même endroit. L’incident avait déjà été signalé mais rien n’a été fait. « Depuis 24 ans que je suis installé, l’Agly n’a jamais été nettoyé. Nous avons déjà subi une dizaine d’inondations », poursuit le viticulteur catalan, qui avoue son découragement. Une rencontre est programmée cet après-midi en préfecture avec la chambre d’agriculture. Le ton pourrait monter.
Crédits photo : La Vigne